MDCLVIII 

Année 1658


Chronique du Saint Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire  

Interrègne année 1658

L'interrègne continue. L'assemblée électorale à Francfort. Le Roi de France y envoie le maréchal de Grammont et M. de Lionne.

Les Électeurs de Mayence, de Cologne, de Bavière et Palatin, pensèrent d'abord à procurer la couronne impériale au Roi Louis XIV.

Les difficultés qu'ils rencontrèrent de la part de leurs collègues, leur firent proposé l'Électeur de Bavière à qui la France promettait un subside annuel d'un million d'écus. L'Électeur ne refusa l'Empire que sur les vives instances de sa mère, qui était soeur du défunt Empereur et tante de Léopold.

Les Électeurs jetèrent ensuite leurs yeux sur l'archiduc Léopold Guillaume, évêque de Passau et frère de Ferdinand III. Les intrigues de l'Espagne qui espérait tout de Léopold ayant fait échouer ce projet, les mêmes électeurs mirent sur les rangs le comte Palatin de Neubourg; mais ceux de Trèves, de Saxe, de Brandebourg et de Bohème s'y opposèrent vivement, et menacèrent enfin leurs collègues de se retirer de Ratisbone et d'y élire Léopold, fils de Ferdinand III. La crainte de causer un schisme funeste dans l'Empire, vainquit enfin la répugnance que les autres Électeurs avaient eu de mettre Léopold sur le trône. Les ambassadeurs de France se relâchèrent eux mêmes sur les obstacles qu'ils y avaient apportés, et se contentèrent de faire insérer dans la capitulation les conditions les plus dures, que Léopold signa, après avoir été élu unanimement le 18 juillet.

Il fut sacré le 31 du même mois par l'Électeur archevêque de Cologne. Un article essentiel de sa capitulation portait qu'il ne donnerait aucun secours à l'Espagne contre la France, ni de la part de l'Empire, ni en sa qualité d'archiduc d'Autriche.

Les Suédois occupés à la guerre de Pologne et de Danemarck, ne purent parvenir à faire insérer dans la capitulation une disposition semblable en leur faveur; mais les trois Électeurs ecclésiastiques, l'évêque de Munster, le Palatin de Neubourg, les ducs de Brunswick-Lunebourg et le landgrave de Hesse Cassel conclurent avec eux à Francfort le 4 août, une alliance pour leur défense commune et le maintien inviolable de la paix de Westphalie: on convint aussi de lever pour cet effet une armée de 10 000 hommes, dont le commandement fut donné au comte de Salm.

Le Roi de France accéda par un traité séparé du 15 août, à cette alliance, appelée l'Alliance du Rhin; mais l'Électeur de Trèves et l'évêque de Munster s'en retirèrent bientôt, sur les plaintes du Nonce San Felice, qui condamnait absolument toute ligue avec les protestants. L'alliance du Rhin n'avait d'abord été conclue que pour trois ans; mais elle fut prolongée successivement jusqu'en 1666. Elle donna à la France une si grande Influence dans les affaires de l'Empire, que son autorité y surpassa souvent celle de l'Empereur.

Continuation de la guerre de Suède.
Charles Gustave passe le Belt à la faveur d'une grande gelée, et s'empare des îles de Faltern, de Laland et d'une partie de la Zeelande. Ces revers obligèrent le Roi de Danemark à entendre aux propositions de paix: les préliminaires en furent signés à Torstrup le 18 février, et le traité fut conclu à Rotschild le 26 du même mois. Les suédois rendirent leurs conquêtes, et les Danois leur cédèrent en échange les provinces de Scanie, de Halland et de Bleckingen, les iles d'Oesel et de Bornholm, avec les territoires de Bahus et Drontheim en Norvège. La guerre se ralluma dès l'année suivante par les délais que les danois apportèrent à l'exécution du traité.

 

 

Jean-Louis Vial