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MDCLXXII
Année
1672
Chronique du Saint
Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire
Commencement
de la guerre entre la France et la Hollande. En moins de
trois mois les provinces d'Utrecht, de Gueldre et
d'Overyssel, et plus de 40 villes fortifiées, furent
prisent par les Français et leurs Alliés. Ces
succès qui tenaient du prodige, alarmèrent
toute l'Europe. L'Électeur de Brandebourg,
Frédéric Guillaume, prit la défense de
la République, et la sauva. Il conclut avec elle le 6
mai un traité par lequel il s'engagea à faire
marcher à son secours une armée de 20 000
hommes. Ces troupes s'ébranlaient déjà,
lorsque l'Électeur trouva moyen de détacher
aussi l'Empereur Léopold de son alliance avec la
France. Ils signèrent ensemble le 25 juin un
traité, pour le maintien de ceux de Munster, des
Pyrénées et d'Aix-la-Chapelle. Ce
traité fut suivi d'un autre avec les Hollandais
signé à La Haye le 25 juillet, ou l'Empereur
s'obligeait à joindre une armée de 24 000
hommes aux troupes du Brandebourg. La jonction s'en fit
à Halberstadt; le célèbre Montecucculi
en reçut le commandement.
Assemblée
du Cercle de la Basse Saxe à Brunswick, où
l'Empereur et l'Électeur de Brandebourg
essayèrent d'attirer à leur parti les Princes
qui avaient embrassé la neutralité. Ils
gagnèrent le Roi du Danemark, les ducs de Brunswick
et de Lunebourg, et le Landgrave de Hesse-Cassel, qui
entrèrent le 22 septembre dans la
confédération. Montecucculi se jette sur
l'évêché de Munster. Turenne vole au
secours de l'Évêque, délivre ses
états, et empêche Montecucculi de passer le
Rhin pour pénétrer dans les Pays-Bas. La
France fut bien servie en cette occasion par les quatre
Électeurs du Rhin, qui refusèrent constamment
de livrer à l'armée Alliée les points
qu'ils avaient sur ce fleuve. L'Empereur propose à la
Diète de s'armer pour la défense commune: on
délibéra deux ans avant que de rien
conclure.
Alliance
défensive entre la France et la Suède,
signée à Stockholm le 14 août. Par un
article secret, la Suède promit de faire entrer une
armée de 16 000 hommes dans les terres des Princes de
l'Empire qui se déclaraient contre la France. La
haine des Suédois contre le Danemark eut
peut-être autant de part à cette alliance, que
toutes les autres considérations.
Histoire de l'Empire - Gueudeville
La guerre
que la France déclara aux États des Provinces
Unies en 1672, intéressant l'Empire, porta la plupart
des princes à prendre parti pour cette
république. L'Électeur de Trèves,
à cause de la proximité de ses états,
fut dans la nécessité pour les sauver de
donner passage aux troupes de France. L'Archevêque de
Cologne et l'Évêque de Munster, quoique contre
les intérêts de l'Empire, prirent parti en
faveur de la France. L'Électeur de Brandebourg
demanda des troupes à l'Empereur, pour être en
état de garder ses états de Clèves.
L'armée de France ayant prévenu le secours et
les forces de Brandebourg, ne trouva pas d'opposition pour
passer en Hollande. Une autre armée Française,
entre dans l'Alsace, et s'empare de Colmar, Schlestadt,
Haguenau, Landau, et de quelques autres villes.
Histoire Universelle
Bientôt
Louis XIV parut sur la scène; l'Électeur de
Cologne ouvrit au Français tous les passages de son
pays, et souffrit que ses principales villes leur servissent
de places d'armes. L'armée Française passa le
Rhin; les provinces de Gueldre, d'Utrecht et d'Overijessel
furent envahies: l'Électeur de Cologne et
l'Évêque de Munster s'emparent de Deventer, de
Wol, de Campen, de Swart-Sluis et de plusieurs autres
villes; le dernier assiégea Coevorde, où la
garnison fit la plus belle résistance, quand
réduite à la dernière
extrémité, et manquant à la fois de
munitions de guerre et de bouche, elle demanda à
capituler à des conditions honorables;
l'Évêque le promit et viola sa parole; il fit
désarmer ces braves soldats et par un raffinement de
vengeance odieux, au lieu de les faire conduire à
Harlingue par le chemin le plus court, il leur fit faire un
long détour, sans leur fournir de vivres; la plupart
de ces malheureux expirèrent sur le chemin
exténués de faim et de fatigue. Bernard van
Gallen poursuivant le cours de ses conquêtes,
s'était promis d'entrer triomphant dans Groningue, et
d'y accéder célébrer la messe le jour
de la Saint-Louis; mais Charles de Rabenhaupt qui commandait
la place, se défendit avec tant
d'intrépidité, que le prélat fut
obligé de donner le signal de la retraite: le
siège de Groningue fut une seconde fois
l'époque de la honte; les Hollandais le
chassèrent de tous les postes dont il s'était
emparé dans la province de Groningue et reprirent
Coevorde, qui servait de place d'armes aux
Munstériens.
Louis
XIV, tandis que la République
humiliée implorait sa clémence,
ternissait l'éclat de sa gloire par les
conditions dures, auxquelles il mettait la
paix.
L'Électeur de Brandebourg
n'épargnait rien pour la défense de
la cause qu'il avait embrassée: ce Prince
excitait le Corps Germanique à se
déclarer en faveur des Hollandais, qu'il
était intéressant pour l'Empire
d'affaiblir, mais dangereux de les laisser
accabler: ces motifs agirent puissamment sur
l'esprit de Léopold; il conclut un
traité de ligue offensive et
défensive avec les États
Généraux, il promit d'envoyer au
secours de la République une armée de
25 000 hommes; les troupes Impériales
joignirent celles de l'Électeur sur les
bords du Weser.
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Prise d'Utrecht Juin
1672
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Montecucculi en prit le commandement, et
s'avança vers Cologne;son dessein était de
joindre le Prince d'Orange: le maréchal de Turenne,
passa le Rhin à Wesel, et déconcerta les
projets du général Allemand. L'armée
combinée fit un mouvement pour gagner le Palatinat et
passer le Rhin à Coblentz, mais le maréchal
fit de nouveau échouer ce projet, en venant camper
près de Mulheim et Montecucculi fut forcé de
se retirer à Friedberg: le général
Français profita de l'inaction u il l'avait
réduit, pour punir l'Électeur de Trèves
de l'intelligence qu'il entretenait avec l'Empereur. Les
troupes Françaises mirent cet électorat
à contribution; conduite sévère qui
intimida l'Archevêque de Mayence et l'Électeur
Palatin, jusqu'à refuser passage sur leurs terres aux
Impériaux; l'unique ressource qui restait à
Montecucculi était d'aller passer le Rhin à
Strasbourg, et le Prince de Condé venait de faire
brûler le pont de cette ville.
Le Prince de Condé fait
brûler le pont de Strasbourg
Abrégé de
l'Histoire des Électeurs de
Brandebourg
Atlas historique Gueudeville
La France
ayant déclaré la guerre aux Hollandais en
1672, il envoya du secours à ces derniers, et ses
troupes se joignirent à celles de Montecucculi
général de l'Empereur. Les projets de
l'Électeur furent traversés par ceux du
général de l'Empereur, ce qui empêcha
l'exécution des desseins que l'Électeur avait
formés. Ce qui résulta de leur jonction, fut
de faire diversion aux armes de France, qui fut
obligée d'envoyer le maréchal de Turenne en
Allemagne pour s'opposer aux Impériaux.
Jean-Louis
Vial
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