MDCLXXIII
Année 1673


Chronique du Saint Empire

Abrégé de l'histoire de l'Empire

La diversion que l'Empereur et l'Électeur de Brandebourg avaient faite en faveur des Hollandais, leur donna le temps de respirer et de reprendre des forces. Ils concluent avec l'Empereur et l'Espagne une alliance offensive et défensive contre la France, qui fut signée à La Haye le 30 août.

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Turenne s'oppose à Montecucculi et l'arrête dans la Franconie, tandis que le Duc de Rochefort s'emparait de Trèves pour punir l'Électeur d'avoir reçu garnison impériale dans Hermanstein, et le Duc de la Feuillade soutenait les dix villes impériales de l'Alsace. L'Évêque de Wurtzbourg livre à Montecucculi le pont du Main.

Turenne est obligé de se replier sur le Rhin, et l'armée Impériale se joint à celle des Hollandais: elles forment le siège de Bonn, et la prennent le 12 novembre.

L'Électeur de Brandebourg n'avait point de part à ces exploits. Ses états de Westphalie étaient occupés par les Français et leurs Alliés; l'Électeur trop faible pour les reconquérir, prit la voie de la négociation. Traité de Saint Germain du 10 avril, ratifié le 6 juin au camp de Vossem près de Louvain. Par ce traité la France rendit à l'Electeur de Brandebourg toutes les places fortes du duché de Clèves; hormis Wesel et Rées, que le Roi Très Chrétien ne devait évacuer qu'à la paix générale. D'un autre côté, l'Électeur abandonna l'alliance de la Hollande, et promit de ne plus se mêler de la guerre présente. Il tint parole; ce fut lui principalement qui détourna la Diète de se déclarer cette année contre la France.

Congrès de Cologne pour traiter de la paix générale sous la médiation de la Suède. L'ambassadeur de l'Empereur fut le Comte de Kœnigseg; celui de la France, le Duc de Cheaulnes; celui de l'Espagne, le Comte de Lyra; celui d'Angleterre, Milord Jenkens; celui de Hollande le Pensionnaire Fagel; et celui de Suède, le Comte de Sparre. Les délibérations commencèrent les premiers jours de juin. Les Français étaient trop fiers de leurs victoires et les Hollandais de leur nouvelles alliances, pour que ce congrès pût avoir quelque succès.

 

Histoire de l'Empire - Gueudeville

M. de Turenne fut envoyé l'année suivante dans le Palatinat, où on poussa fort loin les exécutions militaires. Le Duc de Lorraine, qui commandait l'armée de l'Empereur, voulant unir ses forces à celles du Comte de Caprara, en fut empêché par le maréchal de Turenne, ce qui donna lieu à la bataille de Sintzheim.

Le maréchal ayant ensuite retourné désoler le Palatinat, l'Empereur en fut si outré qu'il envoya un cartel de défi au maréchal de Turenne, qui ne voulut point accepter sans un ordre du Roi son maître.. Ces vexations ont porté l'Empereur et les Princes de l'Empire à augmenter leurs forces, Mr. de Turenne fut obligé de se retrancher aux environ de Philipsbourg.

Histoire Universelle

Les Impériaux désespérant alors de joindre leurs alliés, se mirent en marche au milieu du mois de décembre (1672),pour prendre des quartiers d'hiver en Westphalie. Le dessein de l'Électeur de Brandebourg était de se jeter sur les terres de l'Électeur de Cologne et de l'Évêque de Munster; déjà les Impériaux étaient arrivés sur les terres de Bernard van Galen et y vivaient à discrétion;le prélat avait en même temps à combattre et contre les forces réunies de deux puissants ennemis et contre les cris du peuple mutiné, qui lui reprochait d'avoir causé ses malheurs; il était prêt à remettre ses principales villes aux généraux de l'Empereur, lorsqu'on aperçut les enseignes du vicomte, qui avait fait une marche forcée, au milieu de l'hiver, pour secourir ce prélat et changer la face des affaire; il s'empare de tout ce qui appartenait à l'Électeur de Brandebourg dans la Westphalie, poursuit les Impériaux, les harcèle, et les force à repasser le Weser: ils crurent trouver un asile dans l'évêché de Hildesheim, Turenne les en chasse encore et les force à se séparer. Les troupes de Léopold se retirèrent en Franconie et de là passèrent en Bohème: celles de l'Électeur eurent ordre de prendre leurs quartiers d'hiver dans la principauté d'Halberstadt.

Tel fut le terme de cette campagne célèbre, ou Turenne triompha sans combattre et qui fut plus glorieuse pour ce général et plus utile pour la France, que ne l'eussent été plusieurs victoires. Cette suite constante d'échecs et de revers produisit un effet bien différent et sur celui de Léopold et sur celui de l'Électeur de Brandebourg. L'Empereur irrité que les Français aient pénétré jusque dans ses États Héréditaires, publia un mandement Impérial, par lequel il ordonnait aux officiers qui étaient au service de l'Évêque de Munster et de l'Archevêque de Cologne de mettre bas les armes. L'Électeur de Brandebourg, au contraire, abandonnant le parti des Hollandais, et, par le traité conclu à Saint Germain le 18 avril s'engagea à ne prendre aucune part dans la guerre actuelle, pourvu cependant que le Corps Germanique ne déclara point la guerre à la France. Cette puissance rendit à l'Électeur toutes ses places fortes du duché de Clèves, dont elle s'était emparée, et même celles que les Hollandais retenaient depuis longtemps.

Cependant les Hollandais commençaient à respirer après tant de désastres; l'Angleterre occupée de divisions intestines, ne donnait plus à la France que de faibles secours; les princes de l'Empire qui d'abord avaient montré le plus de zèle en faveur de cette puissance, intimidé par les menaces de Léopold ne paraissaient plus disposés à continuer la guerre; le Roi de Suède saisit cette circonstance pour proposer sa médiation: malgré les ressentiments secrets que la République et la Cour de Vienne nourrissaient contre ce prince, la proposition fut acceptée. Cologne fut le lieu indiqué pour le Congrès. Les puissances intéressées y envoyèrent leurs Plénipotentiaires, après avoir exigé de l'Empereur une assurance positive sur la neutralité de cette ville, et de la sûreté des ministres qui y traiteraient de la paix. L'ouverture de la Conférence se fit avec la plus grande pompe: les bals, les fêtes se succédèrent, et l'objet dont on s'occupa le moins fut celui, pour lequel on s'était assemblé.


Prise de Maestricht - 26 juin 1673
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Tandis que les délibérations traînaient en longueur, le Roi de France faisait de nouvelles conquêtes, Maastricht fut emporté; les Hollandais n'eurent plus d'autre ressource que d'inonder leur pays; cette République ne put se sauver qu'en y mettant, ainsi qu'autrefois celle d'Athènes, une immense étendue d'eau entre son vainqueur et elle; sont seul espoir était dans le secours que lui amenait Montecucculi. L'armée Impériale avait été grossie dans sa marche par les troupes des Ducs de Lorraine et de Saxe et montait à près de 40 000 hommes. Le maréchal de Turenne, qui voulut s'opposer à la jonction des Alliés et des Hollandais, ne fut pas aussi heureux que l'année précédente; l'Évêque de Wurtzbourg contre la promesse qu'il avait faite au vicomte, livra aux Impériaux le pont de sa capitale; le général Français trop faible pour s'opposer aux Alliés qui s'emparèrent de Bonn, pénétra dans l'Électorat de Trèves et dans le Palatinat; son dessein était d'intimider les deux Électeurs, dont l'amitié commençait à chanceler, et qu'on accusait d'avoir traité secrètement avec les ennemis de la France. Cette conduite du maréchal de Turenne, produisit un effet contraire à celui que l'on attendait: les deux Électeurs ne dissimulèrent pas leurs sentiments et portèrent leurs plaintes au chef de l'Empire. Léopold saisit cette occasion pour engager la Diète de Ratisbonne à se déclarer contre le Roi de France; il représenta que c Prince, au mépris des promesses les plus solennelles, était entré sur les terres de l'Empire; qu'en fatiguant le Palatinat et en s'emparant de Trèves le Roi de France montrait assez qu'il ne se bornerait pas à la conquête de la Hollande et qu'il était temps de mettre un frein à son ambition, dont l'Empire avait tout à redouter.

 


Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg

Atlas historique Gueudeville

Quelques mécontents de l'Électeur, ou contre les États ou contre l'Empire, le portèrent à faire un traité avec la France en 1673

Jean-Louis Vial