MDCXCIII
Année 1693
Chronique du Saint Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire 

La campagne sur le Rhin ne fournit pont de grands événements, par la précaution que l'Empire avait prise d'y rassembler de bonne heure une armée considérable.


Levée du siège de Rheinfels et St.Goar le 2 janvier 1693

Le maréchal de Lorges prend Heydelberg qui se relevait à peine de ses cendres: toute la ville fut détruite, et on n'épargna même pas les tombeaux de électeurs.

En Flandre, les Français prennent Furnes, Huy et Charleroi: le maréchal de Luxembourg remporte le 29 juillet une victoire sanglante sur l'armée alliée retranchée près de Nerwinde, sous Tirlemont.

En Italie, le duc de Savoye est défait le 4 octobre à la bataille de La Marsaille par M. de Catinat. Cette victoire sauva pour lors Pignerol, et acheva d'inspirer au duc de Savoye les sentiments pacifiques qui éclatèrent en 1696.

Troubles d'Allemagne au sujet du neuvième électorat. Les princes irrités du peu d'attention que l'Empereur avait fait à leurs représentations, protestèrent contre l'investiture faite au duc de Hanovre, et déclarèrent son élection nulle et non valable.

Union de Ratisbone conclue le 16 janvier et 11 février, entre les évêques de Bamberg, de Wurtzbourg, d'Eichstedt et de Hidelsheim, les ducs de Wolfenbuttel et de Meckelbourg,, le Roi de Danemark comme duc d'Holstein-Glucstadt, le landgrave de Hesse-Cassel, et les margraves de Brandebourg-Culmbach, depuis Bareith, et de Baden-Baden pour s'opposer aux desseins de l'Empereur, et nommément à l'établissement de l'électorat de Hanovre. Ils furent appelés au nom des princes correspondans contre le neuvième électorat. Le Roi de Danemark fait entrer ses troupes dans le duché de Lawenbourg, sous prétexte d'empêcher les Lunebourgeois de fortifier le poste important de Ratzebourg. Cette levée de boucliers et le ressentiment des états aurait peut-être eut de suites funestes, si la France avait été à portée d'appuyer les démarches de princes unis. Le duc Ernest de Hanovre déclare qu'il ne se servira plus des droits ni du titre que l'investiture de 1692 lui donnait, et l'Empereur en suspendit les effets jusqu'à ce qu'elle fut approuvée du Collège de Princes.

Négociations pour rétablir la paix. Le Roi de Suède se porte pour médiateur. Ce prince prévenu contre la France depuis la paix de Sain Germain, approuva les demandes des alliés, tout excessives qu'elles soient. La France les rejeta, et la guerre fut très vive.

Les Impériaux lèvent le siège de Belgrade.

Histoire Universelle

Opposition à la création d'un neuvième électorat. On ne réussit qu'à les animer contre la maison d'Autriche et contre le nouvel Électeur: une ligue particulière se forma pour anéantir cet électorat à peine créé; elle était composée des évêques de Bamberg, de Wurtzbourg, d'Eichstadt, et de Hildesheim, des ducs de Saxe Gotha, de Saxe Cobourg, de Brunswick Wolfenbuttel et de Mecklembourg, du Roi de Danemark en qualité de duc de Holstein-Glucstadt, du Landgrave de Hesse-Cassel, et des margraves de Brandebourg-Culmbach, et de Bade-Bade; tous ces confédérés prirent le titre de Princes correspondans.
La France souriait à ces débats; elle les échauffait par ses émissaires secrets, et se préparait à profiter de la mésintelligence du Corps Germanique. On pressentit à Vienne ces menées dangereuses; et Léopold déclara, qu'il suspendait l'effet de l'investiture, jusqu'à ce qu'elle eut été approuvée par l'Empire; l'Électeur lui même par une abdication volontaire et conditionnelle renonça à sa dignité, jusqu'à ce que cette formalité fut remplie: ainsi la Ligue parut dissipée et le calme rétabli dans l'intérieur de l'Allemagne.

Les Français firent peu de progrès dans cette contrée, parce qu'une armée, avantageusement située, sagement commandée, sans hasarder aucune action, se contenta de leur fermer le passage. Louis XIV offrit la paix, et proposa de s'en rapporter au jugement de la République de Venise sur l'affaire des réunions; mais il ne fut point écouté: le calme régnait dans l'Empire, et tant que le Corps Germanique était en paix avec lui même, il se croyait invincible, peu s'en fallait cependant que ces espérances de succès ne s'évanouissent, et que la mort de Jean Louis d'Elteren, évêque de Liège, et celle de Louis, comte Palatin, duc de Veldenz, ne fissent renaître tous les maux, dont on croyait avoir tari la source.

 


Chronologie pour servir à l'Histoire de Savoye
Atlas historique Gueudeville
 

L'année suivante, le duc alla former le siège de Pignerol, et après avoir employé quelques temps inutilement, on se contenta d'emporter le fort Sainte Brigide, et de bombarder Pignerol.


Bataille de La Marsaille
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M. de Catinat qui avait été comme spectateur depuis quelques temps, ayant reçut du renfort, entra dans la plaine de Turin. Cela obligea à lever le camp de Pignerol pour aller camper à Marsaille, où les deux armées s'étant jointes, il se donna une sanglante bataille, où il demeura près de six mille hommes de la part des alliés. M. de Catinat , qui y perdit aussi beaucoup de monde, eut tout l'honneur de la victoire. Le duc de Schomberg, général des troupes Alliés, fut tué dans cette action, où ce général se distingua par sa bravoure et son courage. Un valet du duc fit une action mémorable, pour tâcher de lui sauver la vie. S'étant jeté sur son corps atterré, il fut tué avec le duc son maître.


Abrégé Chronologique de l'Histoire d'Angleterre
Atlas historique Gueudeville

L'amiral de Tourville fut plus heureux contre la flotte marchande de Smyrne, qu'il ne l'avait été contre celle de l'amiral Russel; il prit divers vaisseaux, et en endommagea plusieurs autres.

Les Français s'emparèrent encore du château de Hui.

Le Roi d'Angleterre profitant de la diversion à quoi les obligeait ce siège, fit forcer leurs lignes du côté de Lille par le duc de Wirtemberg. Le maréchal de Luxembourg se servant à son tour du même avantage, et de la diversion de l'armée du Roi de la Grande Bretagne, et ayant rassemblé avec toute la diligence possible autant de troupes qu'il fut possible, forma le dessein d'attaquer l'armée du Roi. Ce Prince beaucoup inférieur au Duc de Luxembourg au lieu de faire retraite, résolut de se retrancher, autant que le temps le lui pouvait permettre, aux environs de Landen, et d'attendre les ennemis de pied ferme. Les deux armées en étant venues aux mains, il y eut un rude combat, ou la victoire parut longtemps incertaine. S'étant enfin déclarée pour le Duc par la supériorité de sa cavalerie qui força celle de l'armée des Alliés, le Roi fut obligé de faire retraite. Cette victoire donna lieu à la prise de Charleroi, qui en fut le seul fruit. Le Roi retourna en Angleterre au commencement de novembre.

 


Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg
Atlas historique Gueudeville

En 1693, les troupes de ce Prince, qui était dans les Pays-Bas, se distinguèrent à la bataille de Landen, et l'Électeur reçut à ce sujet une lettre de félicitation de la part de Sa Majesté Britannique, par laquelle ce prince lui marquait qu'il ne pouvait s'empêcher de témoigner à Son Altesse avec combien de bravoure ses troupes avaient combattu, et en particulier la vigueur que le Prince Charles de Brandebourg son frère avait témoigné dans cette occasion.

"Il s'est, dit ce prince, tellement signalé, que moi et tous ceux qui ont observé son commandement et sa bonne conduite, en avons été très satisfaits, de même que de la conduite du général Heyden; de sorte qu'on doit attribuer à la protection divine leur conservation,au milieu des dangers, ou ils se sont exposés,dans un si grand feu et qui a duré si longtemps."

L'Électeur de Bavière témoigna à son Altesse à peu près la même chose.

 

Jean-Louis Vial