MDCXCIV
Année 1694

Chronique du Saint Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire

Les armées ennemies également fortes sur le Rhin en Flandre et en Italie, restent sur la défensive.

Troubles dans l'évêché de Liège au sujet de l'élection d'un nouvel évêque.

Vingt quatre chanoines élisent l'Électeur de Cologne de la maison de Bavière, muni d'un bref d'éligibilité; les vingt deux autres donnent leurs suffrages au Grand Maître de l'Ordre Teutonique, Louis Antoine, Palatin de Neubourg et beau-frère de l'Empereur Léopold. Le Pape approuve l'élection du premier, et l'Empereur favorise celle du second. La mort du Palatin, qui arriva peu de temps après, ne termina pas cet espèce de schisme: les vingt-deux chanoines qui lui avaient été attachés, se réunirent en faveur de son frère cadet, alors évêque de Breslau; mais le Saint Siège s'opposa vivement à cette nouvelle division , et l'Empereur cessa de soutenir le parti de son beau-frère, pour ne point mécontenter la maison de Bavière. La paix fut rétablie dans l'Église de Liège, et l'Électeur de Cologne en fut reconnut évêque pour tout l'Empire.

Troubles au sujet de l'évêché de Passau que l'Empereur voulait ériger en archevêché.
Il croyait finir de cette manière les différents qui duraient toujours entre cette église et celle de Saltzbourg sur l'immédiateté ecclésiastique que les évêques de Passau s'attribuaient. Le Banc des Princes Ecclésiastiques s'éleva contre ce dessein: il craignait que l'évêque de Passau, qui n'occupe parmi eux que la treizième place, ne s'arrogeât comme archevêque le rang immédiatement après celui de Saltzbourg.

Mort du dernier comte Palatin de Veldentz: dispute sur sa succession.
L'Électeur Palatin y prétendait comme chef de la maison Palatine; le Roi de Suède comme chef de la branche de Deux-Ponts, d'où la famille de Veldentz était sortie, et le Palatin de Birckenfeld, en vertu des pactes des familles. L'Électeur obtint aisément les terres dépendantes de l'Empire. Il n'en fut pas de même de la seigneurie de la Petite Pierre sise en Alsace. Les prétentions des trois compétiteurs furent discutées au Conseil Souverain d'Alsace, qui décida en 1699 en faveur du Palatin de Birkenfeld.

L'Empereur négocie le rétablissement des Rois de Bohème dans les droits comitiaux. L'Électeur de Saxe y consent par un traité particulier du 26 mars. L'Électeur de Brandebourg suit son exemple et reçoit de l'Empereur cent mille écus avec l'expectative sur la principauté d'Ostfrise, et le comté de Limbourg; il eut aussi le titre de Duc Souverain de la Prusse, que la Cour Impériale lui avait refusé jusqu'alors, et obtint une place de conseiller Aulique pour les calvinistes.

La campagne de Hongrie fut malheureuse.

Les Turc y firent quelques progrès: ils y taillèrent en pièces le corps d'armée du général Veterani, qui couvrait la Transylvanie.



Chronologie pour servir à l'Histoire de Savoye
Atlas historique Gueudeville

On a déjà dit que Casal était bloqué. Le duc de Savoye forma la résolution de la réduire cette année. Ayant pris le château de Saint Georges aux environs de cette place, on la ressera plus étroitement.

Les Vaudois des montagnes firent souffrir aussi divers échecs aux troupes de France, comme on le fait remarquer dans les Annales de Suisse. Ils taillèrent en pièce trois bataillons français dans la vallée de Pragelas, et firent un butin de plus de cent mille florins, poursuivants leurs partis jusqu'aux portes d'Embrun.



Abrégé Chronologique de l'Histoire d'Angleterre
Atlas historique Gueudeville

Le 16 mai, l'amiral Russel s'étant mis en mer avec la flotte Anglaise ou Hollandaise, pour chercher celle de France, il apprit que 50 vaisseaux marchands étaient dans la rade de Bertaume; il en détruisit 35, et Milord Bercklay avec une autre escadre alla bombarder la ville de Dieppe.

On forma le même dessein sur Dunkerque, mais sans beaucoup de succès.

Les deux armées de terre ne firent rien de fort considérable.

Le Roi d'Angleterre repassa la mer le 18 de novembre, et débarqua à Rochester: la Reine ayant appris son arrivée, fut à sa rencontre.



Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg
Atlas historique Gueudeville

Le mauvais état des affaires du Duc de Savoye, qui avait pris parti en faveur des Alliés, obligea ceux-ci pour le soutenir de faire passer des troupes en Piémont. Celles de Brandebourg y marchèrent sous la conduite du Prince Charles et d'Albert-Frédéric, frères de son Altesse Électorale. Ils arrivèrent à Turin à la fin de mai 1694. Le Duc de Savoye ayant appris l'approche de ces deux Princes, leur fut au devant à deux lieues de Turin avec quelques compagnies de ses Gardes, et les reçut avec toute la distinction due à leur rang. A la fin de la même année son Altesse Électorale renouvela avec l'Électeur de Saxe son alliance entre leurs deux Maisons. Le comte de Metternich, député de l'Électeur à la Diète de Ratisbonne, présenta à cette assemblée un mémoire tendant à être reçu dans le Collège des Princes en qualité de Seigneur de Querfurt.  

 

 

Jean-Louis Vial