MDCC
Année 1700


Chronique du Saint Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire

L'investiture électorale accordée au duc de Hanovre acheva d'irriter les princes de l'Empire: non seulement ils arrêtèrent l'activité de la Diète, mais ils tinrent entr'eux une assemblée nouvelle à Goslar, où ils résolurent le 15 février d'envoyer une députation à la Cour Impériale, pour faire à l'Empereur des représentations, et lui déclarer surtout, que bien que l'établissement d'un nouvel électorat pût être résolu par le seul collège électoral, il ne pouvait se passer légitimement, que du consentement unanime de tous les états, puisque c'était une nouveauté qui préjudiciait aux droits acquis à quelques membres du Corps Germanique; que d'ailleurs la Diète s'était partagée sur la résolution qu'il convenait de prendre; de force qu'il s'y rencontrait deux cas des trois ou la paix de Westphalie défendait de rien conclure à la pluralité des suffrages. Les députés des princes s'acquittèrent de leur commission auprès de Leopold, qui se contenta de les renvoyer à la Diète de Ratisbonne. Cette réponse parut aux princes correspondans un déni de justice. Il s'assemblèrent à Nuremberg, et conclurent une nouvelle ligue signée le 19 juillet, par laquelle, sans se départir de leurs anciennes alliances, ils convinrent d'armer pour leur défense mutuelle et le maintien de leurs droits: en conséquence ils ordonnèrent la levée d'une armée de 24 000 hommes, et demandèrent des secours au Roi de France et de Suède, garants de la paix de Westphalie. Le Roi de Suède occupé alors dans la guerre de Holstein, n'entra que faiblement dans leurs vues; mais le Roi de France fit déclarer à la Diète le 16 septembre, qu'il protestait contre cette innovation; et que si l'Empereur persistait à soutenir le neuvième électorat, la France regarderait cette démarche comme une atteinte donnée à la paix de Westphalie, dont elle était garante.

Le duc de Holstein-Gottorp refuse de raser ses forteresses et de congédier ses troupes. Le Roi de Danemark indigné de ce refus, s'empare des forts situés sur l'Eyder, et assiège Toenningen, qui fut fortement défendu par une garnison suédoise.

Les flottes des Anglais, des Hollandais et des Suédois, tous garants du traité d'Altena de 1689, se rendent maître du Sund, et bombardent Copenhague. Le Roi de Suède fait une descente en Zeelande, et les Hanovriens défont près d'Eisleben un corps de Saxon qui marchait au secours du Roi du Danemark. Tant d'ennemis obligèrent le prince à faire la paix. Elle fut conclue à Travendahl le 18 août. Les anciens traités de Copenhague, Gluckstadt et d'Altena en furent la base. Le duc de Holstein conserva dans ses terres de Schleswig tous les droits de souveraineté, et nommément ceux de lever des troupes et de fortifier des places.

Enfin on confirma le pacte fait avec le Chapitre de Lubeck en 1647 par lequel le chapitre s'engageait de choisir si évêques consécutifs parmi les apanagés de la maison ducale de Holstein.

Second traité de partage signé à Londres le 13 mars et à La Haye le 25 entre la France, l'Angleterre et les Provinces Unies. Il ne diffère du premier qu'en ce que la monarchie d'Espagne y est assignée à l'archiduc Charles, second fils de l'Empereur; les royaumes de Naples et de Sicile, l'état des garnisons, la province de Guispuscoa et la Lorraine sont destinés au Dauphin et le Milanais est cédé au duc de Lorraine pour le dédommager de la perte de son duché. On y ajouta les conditions suivantes, que l'Empereur sera tenu d'accepter dans les trois mois les conventions arrêtées en sa faveur, et que jamais l'Empire et l'Espagne ne pourront être réunis sous un même chef.

Ce traité ne satisfaisait pas encore l'Empereur, qui demanda toute la succession d'Espagne; il acheva d'irriter Charles II assez chagrin de voir des étrangers disposer d'avance de son héritage. Il résolut de faire un second testament; mais balança longtemps sur le choix de son héritier universel. Il ne tarda pas à se décider quand le cardinal Porticarrero et quelques autres ministres lui eurent fait remarquer le ton d'autorité que les ambassadeurs impériaux prenaient déjà en Espagne, et avec lequel il demandaient la succession, tandis que ceux de France tenaient une conduite toute différente. il fut encore plus indisposé contre les Archiducs par les sollicitations continuelles que sa femme faisait en leur faveur: il n'aimait pas beaucoup cette princesse, et elle s'employait en faveur des Archiducs ses neveux avec une ardeur si indiscrète, qu'elle leur nuisit dans l'esprit du Monarque, pour les avoir voulu trop bien servir. Ces circonstances diminuèrent la haine que Charles II avait toujours eut contre la France. Il écouta la voix du sang, et elle lui fit pencher du côté des enfants du Dauphin, ses neveux; il consulta ensuite les Universités d'Espagne, qui décidèrent pour le duc d'Anjou, second fils du Dauphin. Enfin il s'adressa au Pape, et sa sainteté lui conseilla de préférer le petit fils de sa sœur à des collatéraux plus éloignés. Ce ne fut qu'après toutes ces consultations que Charles II signa le 2 octobre un dernier testament, par lequel il déclara héritier universel de toute la monarchie d'Espagne Philippe de France, duc d'Anjou, second fils du Dauphin; à son défaut, soit qu'il mourut sans enfants, ou qu'il montât sur le trône de France, il lui substitue le duc de Berry, troisième fils du Dauphin, aux mêmes conditions; à son défaut il appelle l'archiduc Charles, second fils de l'Empereur Léopold, avec la même réserve de ne pouvoir pas réunir l'Empire et l'Espagne; enfin après tous il institue le duc de Savoye.

Tel fut le fameux testament de Charles II dont l'authenticité a été attaqué par quantité de libelles et de manifestes.

 

Grand Conseil tenu à Versailles le 11 novembre, où le testament est accepté préférablement au traité de partage que l'Empereur Léopold n'avait pas ratifié au terme fixé. Le duc d'Anjou part pour l'Espagne; il est reconnu Roi par tous les états de cette vaste monarchie. Le duc de Savoye et l'électeur de Bavière, Gouverneur général des Pays-Bas, se déclarent pour lui.

Mort de Charles II Roi d'Espagne le premier novembre.

Il fut le dernier mâle de la maison d'Autriche en Espagne: prince aussi faible de corps que d'esprit, il ne tenait de son trisaïeul Charles V que le nom et la couronne: il serait peut-être ignoré dans l'Histoire s'il n'avait point fait un testament.

L'Empereur proteste contre le testament de Charles II et contre la succession du duc d'Anjou; il réclame, non seulement les droits de sa mère, seconde fille du Roi Philippe III mais aussi les pactes faits en 1521 et 1555 entre l'Empereur Charles V et l'Empereur Ferdinand I son frère sur la succession réciproque de deux branches d'Autriche: il appelle au testament de Philippe IV qui substituait à Charles II les enfants de l'Empereur Léopold, et à la renonciation de la Reine Marie Thérèse, femme de Louis XIV, aïeule du duc d'Anjou ....
Mais la France soutenait que l'Impératrice Marie Anne, mère de Léopold, ne pouvait prétendre à la monarchie d'Espagne, qu'au défaut des droits de Marie Thérèse, femme de Louis XIV et fille de Philippe IV et qu'au défaut aussi de ceux d'Anne d'Autriche, fille aînée de Philippe III et femme du Roi Louis XIII: que des pactes des familles ne pouvaient pas déroger à la forme de succession établie dans une monarchie; que les lois d'Espagne appelant les femmes préférablement à un collatéral mâle plus éloigné, on ne pouvait faire valoir les pactes de 1521 et 1555 tant qu'il resterait dans la branche d'Espagne un seul héritier mâle ou femelle: que le testament de Philippe IV avait cessé d'être obligatoire, lorsque son fils avait testé: que Charles II tenait la couronne d'Espagne, non pas en fidéicommis, comme les écrivains d'Allemagne le prétendaient, mais par des doits du sang et les lois du royaume; qu'ainsi il avait eu autant de droit de disposer de la couronne, que son père en avait eu, sans que le testament de celui-ci l'eut pu gêner dans le choix de son héritier; que suppose que la renonciation de la Reine Marie Thérèse eut été préjudiciable à ses enfants, ce qui n'est pas décidé, le testament de Charles II l'annulait; que les mesures prisent pour empêcher la réunion des couronnes de France et d'Espagne sur une même tête s'accordaient avec le dessein de Philippe IV paraissait avoir eu en vue, en stipulant la renonciation de cette princesse; que tout ce que l'on pouvait accorder à l'Empereur, c'est que le testament de Charles II ne pouvait pas être étendu sur les fiefs de l'Empire que l'Espagne possédait en Italie, ni sur les Pays Bas, sans l'aveu du suzerain de ces terres; mais que cette considération ne manquerait pas d'engager enfin le Corps Germanique dans une guerre ruineuse.

L'Empereur propose à la Diète de déclarer la guerre à la France. La plupart des états embrassent le parti de la neutralité: seuls les Cercles de Souabe et de Franconie prévoyant l'orage qui se formait dans leur voisinage, renouvellent à Heidenheim le 23 novembre leur association, en protestant cependant de ne vouloir pas prendre part aux différents au sujet de la succession d'Espagne.

Négociations pour l'érection du duché de Prusse en royaume: les conjonctures étaient uniques pour les favoriser. L'Empereur qui avait refusé en 1595 de reconnaître la Prusse pour un duché séculier, ne fit aucune difficulté de la reconnaître pour un royaume, lorsque l'Électeur de Brandebourg lui eut promit du secours. L'Angleterre et la Hollande furent gagnées par le même motif. Les différents entre la Suède et le Roi de Pologne Électeur de Saxe, assurèrent au nouveau Roi le consentement de ces deux couronnes, qui avaient un intérêt égal à le ménager. Les états d'Allemagne suivirent cet exemple; il n'y eut que la France, le Pape, et l'Ordre Teutonique qui s'y opposèrent; la première, par des raisons de politique; le second, par un zèle de religion, et par une prétention assez mal fondée, que le Pape seul à le droit de fonder de nouveaux royaumes; et le troisième, par le souvenir de l'usurpation qui avait donné lieu à l'établissement du duché de Prusse.



Chronologie pour servir à l'Histoire de Savoye
Atlas historique Gueudeville

La situation des affaires d'Espagne porta le duc de Savoye, qui semblait disposé à réformer une partie de ses troupes, a prendre au contraire le parti de les augmenter de beaucoup. La rébellion des habitants de Mondovi continuait. Son Altesse d'ailleurs ne paraissait pas contente du Saint Siège, non plus que du partage de la succession d'Espagne. Et Mr. de la Tour fut encore envoyé auprès de Leurs Hautes Puissances. Son Altesse, dans cette conjecture, trouva à propos de faire une augmentation de Troupes, et fit la visite des places de ses états. La maladie et la mort du Roi d'Espagne intrigua fort la Cour de Turin.



Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg

Atlas historique Gueudeville

Il y eut l'année suivante (en 1700) à Oranjebourg une entrevue entre le Roi et la Reine de Pologne, et leurs Altesses Électorales. Les affaires qui brouillèrent la Suède et le Danemark cette année, portèrent les deux Roi, chacun de leur côté, à tâcher de gagner l'Électeur: mais ce prince voulut observer une exacte neutralité, et on employa tous ses soins pour terminer amiablement leurs différents. L'Union et l'intérêt commun des Maisons de Brandebourg et de Hesse les portèrent à former encore une alliance entre le Prince Héréditaire de Hesse et la Princesse Électorale. Ce mariage fut célébré le 31 mai et suivi de grands divertissements.

Peu après son Altesse Électorale voulant porter le Czar de Moscovie à un accommodement avec la Suède, envoya Mr. Printzen offrir sa médiation au Czar; mais ce fut sans succès.



Abrégé Chronologique de l'Histoire d'Angleterre

Atlas historique Gueudeville

Plusieurs ont voulu que la paix de Ryswick fut avancée par la Politique de la France, et que l'état chancelant où était la santé du Roi d'Espagne fut une des raisons, qui porta cette puissance à hâter la conclusion de la Paix, afin de se désunir de la Ligue, et d'être en état de soutenir ses droits sur la Monarchie d'Espagne par la force des armes. En effet cette puissance, qui aurait dû casser une partie de ses nombreuses armées, retint presque tout sur pied. Le Roi d'Angleterre et les États Généraux des Provinces Unies, dans la vue de ne pas retomber dans une nouvelle guerre, donnèrent les mains au partage de la Monarchie d'Espagne, et la France sut même si l'on en croit l'Histoire, se servir par Politique du traité de partage dont elle avait fait les premières démarches, pour se bien mettre avec la Cour d'Espagne, en faisant retomber sur l'Angleterre et la Hollande ce qu'elle-même avait adroitement projeté pour parvenir à ses fins. Quoiqu'il en soit, la suite de l'évènement donna lieu à en tirer les conséquences. Le Roi d'Angleterre et les États Généraux s'employèrent même auprès de sa Majesté Impériale, dans la vue de le faire entrer dans ce traité, sans qu'il y voulut donner les mains, comme étant contraire à ses intérêts et à ses prétentions sur toute la Monarchie d'Espagne.

Ce partage surpris toute l'Europe, et d'abord chacun eut peine à croire que l'Angleterre et la Hollande y auraient donnés les mains. Cependant en réfléchissant sur la situation des affaires, et la chose étant enfin rendue publique, chacun comprit les raisons qui y avait porté ces deux États.

D'ailleurs la Cour de Madrid en ayant été informée, les mouvements qu'elle se donna à cet égard firent qu'on n'en fut plus en doute. Ce traité porta le Roi d'Espagne à faire un testament en faveur de Philippe duc d'Anjou, fils de Louis Dauphin de France. Et ainsi que le Roi d'Angleterre et les États Généraux des Provinces unies avaient fait dans la vue d'éviter une guerre, donna lieu au contraire à toutes d'y retomber. Le Roi de France fit en même temps notifier à Sa Majesté Britannique par le comte de Tallard, les raisons qu'elle avait eut d'accepter le testament de Charles II. Les Écossais dans la vue de Faire fleurir le commerce en Écosse, font un armement naval, et passent dans les Indes Occidentales pour y faire quelque établissement: ils fondent assez heureusement leur colonie à Darien; mais étant traversez par les Espagnols, ou mal soutenu, par une secrète jalousie de commerce de leurs voisins, ils sont obligés de l'abandonner ce qui cause quelques murmures parmi les Écossais.



Histoire du Danemark
Journal Historique du Dannemarc

Janvier
Le 6 janvier, le Duc de Wirtemberg, généralissime de l'armée du Roi, part de Hambourg pour aller faire la revue des troupes Danoises qui sont encore à Altena et dans le comté de Pinnenberg.

Sa Majesté établit trois magasins dans le duché de Holstein; l'un à Altena, l'autre à Itzehoë, et le troisième à Oldensloë. Le sieur Menken, envoyé de Sa Majesté auprès du duc de Wolfenbuttel, arrive du voyage qu'il était allé faire à Cassel.

Le 12 janvier, le lieutenant général Pleiss, accusé de quelques malversations par les habitants de l'île de Muen, dont il est gouverneur, est arrêté dans sa maison, et gardé par un lieutenant avec douze soldats.

Le 13 janvier, les ministre d'Angleterre, de Hollande et de Zell offrent à ceux de Sa Majesté que le Roi de Suède et le Duc de Holstein-Gottorp renverront les troupes Suédoises qui sont entrées il y a cinq mois dans les états du Duc, pourvu seulement que Sa Majesté veuille donner sa parole aux médiateurs de n'entreprendre rien contre les nouveaux forts; mais les ministres du Roi refusèrent d'accepter cette proposition, et ils persistent à demander que les forts soient démolis, et les choses remises en leur premier état.

Le Duc de Wirtemberg fait la revue des troupes qui sont du côté de Rensbourg, et donne ordre de marquer un camp pour dix ou douze mille hommes près de Kiel. Comme ces mouvements ont causé une nouvelle alarme aux peuples de la campagne et aux marchand qui devaient aller à la foire de Kiel, les ministres du Roi ont assuré que les négociants ni leurs effets ne recevraient aucun dommage.

Un corps de 7000 hommes du Roi de Suède, composé d'infanterie, à la réserve d'un régiment de cavalerie d'environ 4000 homme, s'est mis en marche pour se rendre à Wismar, et y attendre les nouvelles des actes d'hostilité de la part des troupes de Sa Majesté. En ce cas, ils ont ordre de marcher vers le Holstein, et de se joindre aux troupes du Duc de Lunebourg.

Le secours de 8000 hommes que le Roi de Pologne envoie au Roi, à ordre sur le refus que l'Électeur de Brandebourg fait de donner passage par ses états, de marcher vers le duché de Wolfenbuttel pour joindre les troupes du Duc, et empêcher celles des Duc de Zell et de Hanovre de servir le Duc de Holstein-Gottorp.

Le Roi envoie un courrier au Roi de Pologne, pour le prier de faire marcher vers le Holstein le secours des troupes qu'il lui a promis, et continue d'armer par terre et par mer, nonobstant les négociations; pour cela il demande un prêt de cinq cent mille écus à la noblesse de la partie du Duché de Holstein qui lui appartient, et offre pour sûreté du remboursement d'engager une partie du comté de Dythmarse.

Les ministres de l'Empereur et de l'Électeur de Brandebourg continuent de travailler à accommoder à l'amiable les différents touchant le pays d'Holstein, quoique le Roi ait refusé d'accepter les premières propositions qui lui ont été faites. Nonobstant les négociations, le Roi continue à renforcer les frontières de Norvège et la province de Shnone; fait lever des matelots, et augmente les régiments de dix hommes par compagnie. La Reine mère soupe en public pour la première fois depuis la mort de Christian V avec le Roi et la Reine régnante, et après le repas, elle va demeurer au palais que le comte Guldenlew lui à vendu. Le sieur Viereck, conseiller privé et envoyé extraordinaire de l'Électeur de Brandebourg, a audience du Roi, et lui déclare que son maître consent à livrer passage aux troupes que le Roi de Pologne envoie à Sa Majesté, si le Roi de Suède fait passer de nouvelles troupes en Allemagne.

Conférence des ministres du Roi d'Espagne avec ceux de l'Empereur, de Saxe, d'Angleterre, de Hollande et de Holstein-Gottorp sans aucune conclusion.

Le sieur Tramp, général Major, est envoyé de la part du Roi, vers le Roi de Pologne.

Le vice-amiral Paulsen, envoie à Copenhague huit cent matelots levés à Hambourg.

Le 18 février, Audience donnée au comte de Chamilli, ambassadeur de France.

Mars
Les médiateurs font une nouvelle proposition, savoir, de mettre les nouveaux forts en séquestre entre quelques princes neutre.

Le 20 février, deux régiments d'infanterie Danois, deux de cavalerie et un de dragons entrent dans les bailliages de Rienbeck, de Trittaw, de Steinhart et de Trembuttel, appartenant au Duc de Holstein. Ce mouvement pouvant être pris pour une hostilité, les sieurs Lenthe et Bloom, envoyés du Danemark, vont trouver les envoyés des médiateurs, et leur déclarent que le Roi leur maître a des avis certains que le Duc de Zell a dessein de faire passer l'Elbe à ses troupes, et qu'il est obligé de faire occuper tous les postes ou elles peuvent débarquer.

Le Duc Charles de Wirtemberg se loge dans le château de Reinbeck avec deux cent hommes, et fait fortifier le château de Trittaw, où il met garnison.

Le sieur de Cormaillon, major général de l'Infanterie, entre dans le Schleswig, et se saisit de la ville de même nom et du château où il met garnison.

Avril
Le Roi fait publier dans les duchés de Schleswig et de Holstein une Déclaration adressée aux états de ce pays, par laquelle il se plaint que leur tranquillité a été troublée par ceux qui la devaient maintenir en y envoyant des troupes étrangères, et que tout cela s'est fait au préjudice de l'accommodement auquel les médiateurs travaillent, ce qui oblige de se mettre en état de défendre par terre et par mer.

Par cette déclaration, il exige que les habitants du duché de Holstein soient tenus de lui payer par mois six écus par charrue, et ceux du duché de Schleswig cinq, à peine d'exécution.

Le Duc de Wirtemberg part de Rensbourg avec douze mille hommes, et tous les préparatifs nécessaire pour attaquer les forts que le Duc de Holstein-Gottorp a fait construire l'année dernière; il se rend maître de la plupart de ces forts, qui sont abandonnés.

Il s'empare de la ville et du château de Husum, et marche vers la ville de Fridericstadt, dont il somme le gouverneur de la rendre, et sur le refus qu'il en fait, l'attaque, et l'emporte d'assaut, et taxe les habitants à donner quatre mille écus pour s'exempter du pillage.

Le 16 avril, le brigadier Hachstaufen arrive devant le fort de Schwabstede, le fait attaquer et le prend.

Le 22 avril, le général Fuchs investit la ville de Tonningen, , et le Duc de Wirtemberg en fait le siège dans les formes. Le Roi va l'y rejoindre, et après avoir visité les travaux, et avoir conféré avec lui, s'en va à Fredericstadt, d'où il revient au siège, tourné en blocus.

Le colonel Balagni est envoyé pour attaquer le château de Gottorp, et somme le gouverneur de le lui rendre, à peine d'être traité sans quartiers: le gouverneur se rend à discrétion.

L'amiral Juel meurt âgé de soixante et onze ans

La flotte du Danemark, commandée par le comte de Guldenlew, part de Copenhague.

Juin
Le Comte de Chamilli, ambassadeur de France, va trouver le Roi au camp devant Tonningen, lui offre la médiation du Roi Très Chrétien, pour terminer à l'amiable ses différents avec le Duc de Holstein-Gottorp, et lui propose de lever le siège de cette place, lui promettant qu'en ce cas l'armée des alliés ne passera pas la rivière de Stoëur. Le Roi accepte la médiation de Sa Majesté Très Chrétienne, consent à la levée du siège de Tonningen, et revient à Rensbourg, où les ministres d'Angleterre, de Suède et de Hollande arrivent, et ne peuvent avoir audience du Roi, à cause de quelques difficultés touchant le cérémonial. Ils ont cependant une conférence avec le Comte de Retenlaw et les autres conseillers d'état de Sa Majesté, à laquelle l'envoyé de la Suède n'assiste pas. Ils déclarent que leurs maîtres garants du traité d'Altena, ont cru être obligés d'envoyer des vaisseaux et des troupes en faveur du Duc de Holstein-Gottorp; mais que si le Roi veut consentir à un accommodement, ils s'abstiendront de toute hostilité: on leur répond que Sa Majesté est prête à entrer en conférence pour parvenir à une bonne paix.

Le sieur Buchs, envoyé de Brandebourg, déclare aux Duc de Zell, de Hanovre et de Holstein, que l'Électeur son maître a donné ordre à 11 bataillons et à un pareil nombre d'escadrons de s'avancer jusqu'à Lenzen sur l'Elbe, afin d'empêcher que le Roi son allié ne soit opprimé.

Le 17 juin, l'envoyé du Landgrave de Hesse Cassel et le sieur Steinberg, envoyé du Duc de Wolfenbuttel, vont à l'armée des Alliés pour leur déclarer que leurs maîtres en vertu des traités qu'ils ont conclu avec le Roi, conjointement avec l'Électeur de Brandebourg et l'évêque de Munster, sont obligés d'envoyer dix huit mille hommes à son secours, en cas que les Alliés refusent de retirer leurs troupes du Holstein Danois.

Un détachement de mille chevaux Danois va enlever beaucoup de bestiaux dans le bailliage de Trembuttel, et d'autres partis pillent divers villages dans celui de Rhinbeck.

Les Alliés font proposer au Roi par les médiateurs une suspension d'armes; cette proposition es rejetée.

Le 21 juin, le comte de Chamilli porte un projet d'accommodement à Sa Majesté.

La Reine arrive à Strasbourg, escortée par un régiment de cavalerie.

Les ministres médiateurs se rendent à Regensbourg.

Le Gouverneur du château de Cronenbourg envoie dire aux escadres d'Angleterre et de Hollande de ne point passer le Sundt, sinon il fera feu sur eux, et les vice-amiraux Rook et Alemonde se retirent.

Juillet
Le Roi presse les villes du Holstein ducal de payer les contributions qu'il leur a imposées.

Le comte de Chamilli, ambassadeur de France, va à Gluckstadt proposer au Roi un nouveau projet de suspension d'armes.

La flotte Anglaise bombarde celle du Danemark.

Août
Le 10 août, mort de Guillaume, oncle du Roi, Duc de Gloucester, chevalier de la Jarretière, né le 3 août 1689.

Le 18 août, traité de paix signé à Trawendal entre le Roi et le Duc de Holstein.

Ce traité porte que:

- le Roi et le Duc de Holstein peuvent bâtir des forteresses sur leurs terre, pourvu qu'elles soient éloignées de deux lieues de celles qu'ils ont déjà, à une lieue des frontières de l'un et de l'autre, et qu'elles ne soient pas construites sur les grands chemins qui conduisent à Flensbourg, Rensbourg, à Itzehoë, à Gluckstadt et à Hambourg;

- que le fort de Schrewenhof sera démoli;

- que ceux de Hitler et de Christianpreis qui appartiennent au Roi seront conservés;

- qu'ils ne pourront avoir chacun plus de six mille hommes dans les duchés de Holstein et de Schleswig sans une nécessité évidente, et que si le Duc n'en n'a que la moitié sur pied, il pourra en prendre des Princes du Cercle de Basse Saxe, trois mille autres à son service, à condition qu'ils lui prêteront serment, et qu'ils seront à sa solde;

- que les anciennes unions entre les deux maisons subsisteront; que le Duc de Holstein jouira de la souveraineté, conformément aux traité de Rosehild et de Copenhague;

- que pour le dédommager des pertes qu'il a souffert pendant la présente guerre, le Roi lui fera payer le 6 janvier prochain dans la ville de Kiel la somme de deux cent soixante mille écus;

- que Sa Majesté abolira le péage établi à Listern;

- que les troupes de Sa Majesté et celles du Duc ne passeront pas sans permission sur les terres de l'un et de l'autre;

- que la maison de Holstein ne sera point troublée dans ses prétentions sur l'évêché de Lubeck, et que les villes de Hambourg et de Lubeck seront comprises dans le traité;

- que le Duc de Holstein fera en sorte que le Roi de Suède retire les troupes qu'il a fait descendre dans l'île de Zeland;

qu'à l'égard de l'armée du Danemark et de celle des Alliés elles demeureront dans les postes qu'elle occupent jusqu'après l'échange des ratifications; mais que cependant elles ne lèveront point de contributions, et n'exerceront aucune hostilité.

Les ratifications de ce traité ont été échangées au même lieu de Trawendal.

Fortifications faites à Copenhague, pour mettre à couvert du bombardement de la ville et de la flotte. Retour des troupes alliées dans leurs pays.

Le 29 août, le Duc de Wirtemberg va à Gluckstadt, pour faire la revue de quatre mille hommes arrivés de Norvège.

Séparation des troupes qui composaient l'armée du Roi.

Sa Majesté fait sortir la garnison qu'il avait dans Gottorp.

Le Roi de Suède approuve le traité de paix fait à Trawendal.

Évacuation de toutes les troupes Suédoises de l'île de Zeland.

Septembre
Le 1er septembre, retour du Roi de Coldingen, ville du Juthland, à Copenhague.

Retour de la Reine en cette même ville.

Le Roi et le Duc de Holstein Gottorp nomment des commissaires qui doivent s'assembler à Hambourg, pour régler quelques légers différents restés indécis au traité de Trawendal.

Le Roi est attaqué de la petite vérole à Jagersbourg, sans aucun accident considérable.

Novembre
Le comte de Cormaillon est fait lieutenant général et gouverneur de la ville de Copenhague, avec pouvoir de régler la police.

Le Sieur Jessen est nommé envoyé extraordinaire du Roi, pour aller à Vienne demander à l'Empereur l'investiture de la partie du duché de Holstein qui appartient à Sa Majesté.

Décembre
Le 15 décembre, arrivée des troupes de Sa Majesté sur les terres de l'Électorat de Saxe. Les ministres du Roi de Pologne font des plaintes de ce qu'elles sont arrivées dans un temps, ou elles ne sont plus nécessaires, et envoient un courrier au Roi pour le prier de les rappeler.

 

 

 

 

 

Jean-Louis Vial