MDCCV
Année 1705


Chronique du Saint Empire

Empire d'Allemagne - Histoire Universelle

Mécontents de leurs Alliés , les Allemands le furent bientôt d'eux même. Il y eut une révolution fameuse dans la chambre Impériale; l'Électeur de Trèves, grand juge de ce tribunal, en avait confié les fonctions au Baron d'Ingelheim: ses hauteurs y occasionnèrent des divisions, qui allèrent jusque à faire fermer entièrement cette chambre, au grand détriment de la justice durant sept ans. Le Cercle de Souabe refusa de fournir son contingent: le Prince Eugène, qu'on envoyait en Italie, voulut abdiquer le commandement: jamais l'Allemagne n'avait été ni plus heureuse dans la guerre, ni plus redoutable, ni en même temps plus découragée; on avait vu le Corps Germanique, dans ses malheurs, montrèrent autrefois plus de confiance, qu'il n'en faisait voir alors, dans sa prospérité: le peu de succès des troupes Impériales en Italie acheva de refroidir le zèle du Corps Germanique.

Léopold ne le vit pas; sa mort arrivée le 5 mai 1705, lui épargna ce chagrin, et le moissonna âgé de 65 ans, dont il avait régné 47. Il avait été marié trois fois; de sa première épouse Marguerite Thérèse, seconde fille de Philippe IV Roi d'Espagne, il avait eu, outre deux fils et une fille qui moururent enfants, Marie Antoinette qui épousa Maximilien Marie, Électeur de Bavière. Claude Félicité d'Autriche-Inspruck, sa seconde femme, eut deux filles qui ne vécurent que peu de mois, mais Éléonore Magdeleine Thérèse, Princesse Palatine de Neubourg, lui en donna plusieurs de l'un et l'autre sexe, Joseph I qui régna; Léopold Joseph mort à l'âge de deux ans; Charles VI qui régna après son frère; Marie Élisabeth Gouvernante des Pays Bas, morte en 1741; Marie Anne, qui épousa Jean V Roi de Portugal; Marie Thérèse, morte à l'âge de 12 ans; Marie Josèphe Colette, qui n'en atteint que 16; Marie Magdeleine, Directrice de l'Ordre des Dames de la Croix Étoilée qui vécue jusqu'en 1743; et enfin Marie Marguerite qui ne vécut que neuf Mois.


Chronologie pour servir à l'Histoire de Suède

Atlas historique - Gueudeville

Auguste avait eut recours à la médiation du Roi de Prusse pour obtenir la Paix du Roi de Suède,; et le refus qu'avait fait ce Prince d'entendre aucun accommodement, lui avait fait espérer qu'il pourrait embarquer l'Électeur dans la querelle.

Mais les sollicitations ne firent aucun effet sur l'esprit de Sa Majesté Prussienne. Celle des Députés de Danzig en firent davantage, par rapport à une autre affaire. Ils conclurent un traité avec le Roi de Prusse, qui s'engagea de protéger leur ville, moyennant une somme de cinquante mille écus par ans; Ce traité surpris bien des gens; le Roi de Suède feignit pourtant de ne point faire attention au procédé des Danzikois; mais il les en punit dans la suivante. Ce Prince donnait tout ses soins à l'exécution du projet qu'il avait commencé en faveur du Roi Stanislas; et tandis qu'il employait les voies secrètes de la Négociation, il voyait avec plaisir les armes prospérer de tous côtés, malgré l'incommodité de la saison. En effet, ses Généraux remportèrent pendant l'hiver plusieurs avantages assez considérables, dans la Lithuanie, la Carélie, la Grande Pologne et sur les frontières de la Silésie.

Le bonheur qui accompagnait les armes Suédoises, s'accrut encore par la jonction de Potoski Palatin de Kiovie, qui avait formé dans la Grande Pologne un troisième Parti, avec lequel il avait affecté d'abord de paraître neutre entre les deux autres. Il se déclara enfin pour le Roi Stanislas, et ayant joint un Corps de six mille hommes qu'il commandait, à un détachement que le Lieutenant Général Stromberg lui envoya de Cracovie jusqu'à Javarow, il entraîna dans la Confédération qu'il venait d'embrasser, grand nombre de ses amis, tous gens de distinction. C'est ainsi que le Parti du Roi Auguste s'affaiblissait de jour en jour. Il diminuait également dans la Petite Pologne, où le Général Schulembourg avait été obligé d'évacuer Cracovie pour se retirer à Lubin. Toute la ressource de ce Prince consistait alors dans le secours qu'il attendait des Moscovites. Tandis que le Czar tachait d'intimider le Parti des Suédois par ses menaces, et qu'Auguste s'appliquait à rassurer ses amis, en leur promettant de passer incessamment l'Oder pour se rendre en Pologne avec une armée de vingt cinq mille hommes, le Roi de Suède demeurait tranquille dans ses quartiers de Rawitz, et attendait l'ouverture de la Diète générale qui se préparait dans des Assemblées particulières pour le couronnement du Roi Stanislas. Il distribuait cependant ses ordres, pour que ses armées fussent en état de ne pas craindre les grands préparatifs de ses ennemis. Les contributions avaient été levées exactement pendant l'hiver sur chaque Palatinat, et les armements de terre et de mer s'étaient fait en Suède avec beaucoup de diligence. Une flotte de douze vaisseaux et dix huit frégates, commandée par l'Amiral Oxenstiern, débarqua à Revel au mois de mai six mille hommes de recrues, et le joignit ensuite à l'escadre du Contre Amiral Sparre, pour aller chercher les Moscovites dans la Mer d'Ingermeland.

Enfin la Grande Diète fut fixée pour le mois de juillet à Varsovie, par les universaux du Cardinal Primat. Elle fut précédée par une victoire signalée, remportée sur la frontière de Lithuanie par les Suédois. Czeremetow, qui commandait une armée de trente mille Moscovites, fut défait par le Général, Lewenhaupt. Il resta six mille Moscovites sur place; mais comme ils firent assez de résistance, les Suédois y perdirent quinze cents hommes.

Quelque éclatant que fut ce succès, il ne put détourner de dessus la Courlande et la Livonie l'orage effroyable dont le Czar menaçait ces Provinces. Ce Prince, qui faisait avancer du côté de Léopold une armée de soixante mille cosaques, et qui se trouvait en Lithuanie avec un pareil nombre de Moscovites, n'eut pas plutôt appris la défaite de Czeremetow, qu'il se mit à la tête d'un des Corps de ses meilleures troupes, pour aller en personne accabler le Comte de Lewenhaupt. Il ne restait à ce Général d'autre parti à prendre, que d'aller camper sous le canon de Riga. C'est en effet ce qu'il fit, après avoir retiré la garnison de Mittau, où il ne laissa que cinq cent hommes pour la garde du château, et après avoir reçut un renfort de deux mille hommes tirés de la garnison de Revel. Immédiatement après le château de Mittau fut investi. Il ne pouvait tenir longtemps contre une armée aussi forte que celle qui en faisait le siège. Le Général Knorring qui y commandait, voyant les fortifications absolument ruinées, fut obligé de se rendre au Général Ronne à des conditions honorables.

Il en fut tout autrement de la ville de Riga, dont la blocus avait été formé en même temps du côté de la Courlande par trente mille Moscovites, commandés par le Czar lui-même. Ce Prince désespérant de forcer la place, ou jugeant peut être plus à propos pour l'utilité commune, de repasser dans la Grande Pologne, leva le blocus presque aussitôt après l'avoir commencé. il laissa le Général Czerementow sur la Dune, et le Général Ronne sur la Courlande, et prit sa route vers Ticokzin pour s'approcher de Varsovie, ou tout conspirait à favoriser les projets des Confédérés.

La Diète ayant été ouverte le 11 de juillet à Varsovie, les Saxons et les Polonais qui occupaient un des bords de la Vistule, où leurs troupes s'assemblaient de jour en jour, formèrent le dessein d'en enlever les Membres. Quoiqu'un détachement de mille hommes, à qui ils avaient fait traverser la rivière à Othsock, eut été défait, ils ne se rebutèrent point: ils descendirent plus bas, et résolurent de tenter le passage à Gura au dessus de Varsovie, ou à Sacrotzin près de l'embouchure du Bug. Mais le Général Nieroth qui campait sous Wiasdow, n'en fut pas plutôt informé, qu'il fit deux détachements de cent quatre vingt maîtres chacun pour observer les Ennemis. Il apprit, que la nuit du 29 au 30, ils avaient passé près de Gura, à la faveur d'un gué. A cette nouvelle, laissant ses bagages dans Wiadow, il marcha plus d'une lieue et demie au devant des Ennemis, avec trois régiments qui faisaient un peu plus de deux mille chevaux. Il trouva les Saxons et les Polonais rangés sur trois lignes, au nombre de six mille hommes. Les Saxons commencèrent l'attaque: mais ayant été repoussés, les Suédois les chargèrent à leur tour, les renversèrent, et les menèrent battant près de deux lieues, après avoir fait un grand Carnage sur le champ de bataille. Plus des deux tiers des Saxons et des Polonais restèrent dans ce combat, qui dura depuis dix heures du matin jusqu'à quatre heures après-midi; et grand nombre de prisonniers furent conduits au Roi de Suède. Entre autres, on lui mena le Général Paykel, différent de Paikul; mais Livonien comme lui, et par conséquent sujet de ce Prince.

Depuis cette défaite, qui coûta environ trois cents hommes aux Suédois, la Diète n'ayant plus rien à craindre de la part des ennemis, se trouva dans une pleine liberté de continuer les Sessions; ce qu'elle fit avec beaucoup de succès, après le retour des deux Rois à Varsovie. Potoski Palation de Kiovie, qui s'était rendu sur le Bug à la tête d'une armée de quinze mille hommes, et le Prince Lubomiski Staroste de Sepule, qui avait ses troupes près de Cracovie, assurèrent d'achever pleinement la tranquillité de l'Assemblée. Elle mérita les efforts que firent le Prince Wisniowiski et le Prince Radziewil pour la traverse, en lui opposant un Conseil général qui devait être convoqué par le Maréchal de la Confédération de Sandomir; et elle ne crut pas devoir s'arrêter aux Brefs adressés par le Pape aux Évêques, ni aux instances faites par le Nonce en faveur du Roi Auguste.

Au contraire, après avoir confirmé solennellement dans la Session du 27 d'août, tout ce qui avait été fait en faveur du Roi Stanislas, et contre le Roi Auguste, il fut arrêté dans celle du 5 septembre, qu'on écrirait à tous les Palatinats, pour les inviter à venir prendre séance dans la Diète, faute de quoi ils seraient exclus de la part qu'ils avaient au Gouvernement. On convint aussi d'envoyer des Députés au Cardinal Primat, pour le prier de se rendre à Varsovie. Le 15, on délibéra si l'amnistie devait être générale: sur quoi il fut décidé à la pluralité des voix, qu'elle serait accordée sans exception; mais que ceux du Parti contraire seraient tenus de l'accepter dans le terme de six semaines, à compter du jour que le Roi Stanislas serait couronné, et que le Traité d'Alliance entre la Pologne et la Suède serait signé. Enfin le 17 on fixa le Couronnement du nouveau Roi pour le 4 d'octobre, et on statua que la Cérémonie en serait faite à Varsovie. Vers le même temps, les Commissaires du Roi de Suède et ceux de la République commencèrent à travailler avec plus d'ardeur au Traité de Ligue offensive et définitive entre la Suède et la Pologne, qui ne fut signé que le 28 novembre suivant.

Il ne manquait plus que la présence du Cardinal Primat à la Diète pour procéder au Couronnement du Roi Stanislas: mais il s'en excusait toujours sur la distance des lieux, et sur le peu de sûreté des chemins. Cependant, il marqua, que puisqu'il ne pouvait se rendre à la Diète, il approuvait et ratifiait tout ce qui s'y passerait; et qu'au cas qu'elle jugeât pas à propos de différer le Couronnement, il substituait à sa place l'Archevêque Léopold pour en faire la Cérémonie, et remplir les fonctions de Primat en cette occasion.

Sur cette réponse du Primat, après avoir juré les Pacta Convenia dressez par les Sénateurs et par les Nonces des Palatinats, fut sacré et reçut la Couronne dans l'église Saint Jean de Varsovie. Le Roi de Suède ne put se refuser la satisfaction d'être spectateur d'une cérémonie qui était son ouvrage, et qui lui était si glorieuse: il y assista incognito, et il retourna ensuite à son camp de Blonie.

Le lendemain même de cette solennité, le Cardinal Primat tomba malade à Dantzig, où il résidait. Il mourut sept jours après, universellement regretté des Confédérés, et signé par l'élévation de son génie de tenir place entre les plus grands politiques de son siècle. Son Archevêché de Gneine fut conféré à l'Archevêque Léopold, parent du Roi Stanislas; et le Palatinat de Posnanie, vacant par l'élévation de ce Prince sur le Trône, fut la récompense des services que lui avait rendu le Sieur Bronitz, Maréchal de la Confédération.

La mort du Duc Frederic Auguste, Évêque de Lubec, arrivée dans ce temps là, fit craindre de nouveaux troubles dans le Nord. Le Prince Charles de Danemark, et le Duc Administrateur de Holstein Gottorp, se disputèrent cet Évêché. Mais par l'intervention de la Reine d'Angleterre et des États Généraux, le Duc de Holstein fut maintenu dans la possession de l'Évêché, jusqu'à ce que le fond de la prétention fut décidée.

Cependant un nombre de Seigneurs Polonais de la faction de Sandomir s'en détachaient les uns après les autres, pur profiter de l'Amnistie. Alors le Roi Auguste, prévoyant quelles seraient les suites de cette Révolution, qui pouvait devenir universelle, résolut enfin de repasser en Pologne. Il arriva secrètement à Königsberg en Prusse, et se rendit de là à Tikozin, ou il fut reçu avec beaucoup de joie par ses partisans les plus affectionnés. Il institua en leur faveur un Ordre de Chevalerie, nommé de l'Aigle Blanc; et d'étant abouché avec le Czar, par les armes duquel il se fallait encore de réparer ses pertes, il convoqua à Grodno une grande Assemblée, dans laquelle il fit passer quelques propositions absolument opposées aux Libertés de la Nation Polonaise.

La facilité avec laquelle ses créatures y souscrivirent, lui fit concevoir des espérances d'un prompt rétablissement. Mais ces espérances se dissipèrent bientôt par la valeur infatigable du Roi de Suède; et par les soins prévenants du Roi Stanislas, dont le Parti grossissait tout les jours. Pendant que la Diète de Grodno consumait le temps en délibération, une partie de l'Armée de la Couronne, commandée par le Sr. Potkomorski et par le Prince Lubomirski Grand Chambellan, vint prêter serment au nouveau Roi, et se retira ensuite avec ses chefs à Jareslaw vers la Vistule, pour se joindre à Potoski et Sapieha. Le reste de l'année se passa en courses mutuelles, que les deux Partis firent l'un sur l'autre.

Avant la fin de cette année, on vit un événement qui surprit généralement toute l'Europe. Ce fut la détention du Général Patkul. Il avait négocié le dernier Traité d'Alliance entre le Czar et le Roi Auguste: il était Conseillé Privé de ce dernier, et Ambassadeur auprès de sa personne de la part du Czar, et il avait paru jusqu'alors posséder la confiance de ces deux Princes. Le Roi Auguste l'avait laissé à Dresde, lorsqu'il en partit pour retourner en Pologne, et ce fut dans cette ville qu'il le fit arrêter. Plus il était difficile de pénétrer les mots de cette détention, plus on s'exerça à en chercher la cause. On crut en trouver plusieurs; celle qui parut la plus vraisemblable, fut que ce Seigneur avait entrepris de faire la Paix du Czar avec le Roi de Suède, au préjudice du Roi Auguste. Quoiqu'il en soit, on conduisit le prisonnier au château de Königstein, et ensuite dans celui de Sommerstein, où on le garda étroitement, jusqu'à ce qu'il soit livré au Roi de Suède, comme on le verra après.



Chronologie abrégée des Rois et Ducs de Pologne
Atlas Historique - Gueudeville

 

Le Cardinal Primat, qui avait paru prendre aucun parti, fut sollicité par le Nonce du Pape de s'intéresser en faveur du Roi Auguste; mais ayant résolut de rester en apparence dans la neutralité, quoique dans le fond on le crut dans les intérêts du Roi de Suède, il eut peu d'égard pour les remontrances et pour les menaces que le Nonce lui faisait de l'indignation du Saint Père.



Histoire du Danemark
Journal Historique du Dannemarc

Avril

Le 3 avril, le Roi part de Copenhague pour venir dans le Duché de Holstein, faire la revue de ses troupes, où le Prince Administrateur de Holstein Gottorp et le Général Bannier vont le saluer.

Octobre

Le Roi à résolu de soutenir les droits que le Prince Charles son frère à sur l'Évêché de Lubec, vacant par la mort de l'Évêque, arrivée à Eutin.
Le Prince Charles prend la qualité d'Évêque de Lubec.

Novembre

La Reine mère du Roi arrive à Copenhague.
23 novembre, mort du Prince Guillaume frère du Roi né le 21 février 1687.

 


Annales pour conduire à l'histoire des Suisses
Atlas historique Gueudeville

Les différents de Neukirk continuent à causer de la mésintelligence parmi les Cantons. Il en survient encore un autre entre l'Abbé de Saint Gal et les habitants du Comté de Toggembourg, dont cet Abbé est Seigneur, au sujet de certaines nouveautés par rapport à la Religion. On tient à ce sujet deux Assemblées, une à Arau, et une à Baden, sans parvenir à une heureuse fin. La République de Venise fait proposer aux Cantons un renouvellement de l'Alliance.

Quelques Camisards des Cévennes, qui avaient occupé les armes de France pendant deux ou trois années, et qui en étaient sortis par un traité fait avec M. de Villars, passent dans le Canton de Berne; ce qui semble donner quelques inquiétudes à la France, M. de Puissieux écrit à ce sujet une lettre à Messieurs de Berne, pour les prier de les faire retirer de leurs États.

L'Empereur fait mettre quelques nouveaux impôts sur le sel que les Cantons tirent du Tirol et de Bavière; ce qui cause de la mésintelligence entre ces deux puissances. Les Cantons font une députation à ce sujet au Comte de Trautmansdorf Ambassadeur de Sa Majesté Impériale, et le prient d'employer son crédit pour faire ôter cette taxe. Les cantons catholiques en particulier font alliance avec le Roi Philippe d'Espagne.

 

 

Jean-Louis Vial