MDCCXII
Année 1712

Chronique du Saint Empire
Abrégé de l'histoire de l'Empire 

Ouverture du Congrès d'Utrecht le 29 janvier. La Diète avait résolu d'abord d'y envoyer plusieurs députés extraordinaires, qui veilleraient aux intérêts du corps Germanique; mais les catholiques et les protestants ne purent se réunir sur le formulaire des pleins pouvoirs qu'on leur donnerait, et ils se brouillèrent entièrement au sujet de l'article IV de la paix de Riswick, que les protestants voulaient faire casser. Cette désunion fut la cause que l'Empire n'eut point de part aux conférences. Les Cercles associés et les princes qui formaient des prétentions particulières, envoyèrent leurs ministres à Utrecht. Les français firent leurs propositions le 6 janvier. Ils offrirent de reconnaître la Reine Anne pour Reine de la Grande Bretagne, de former une barrière à la Hollande, de céder Landau à l'empire, et de laisser à la maison d'Autriche les Royaumes des deux Siciles et de Sardaigne avec le Milanais. Les Pays-Bas devaient servir de dédommagement à l'électeur de Bavière pour la perte du haut Palatinat.

Le 5 mars tous les membres de la Grande Alliance présentèrent à leur tour, et chacun en particulier, les demandes qui devaient servir d'actes fondamentaux à la pacification future; mais elles étaient si exorbitantes qu'on prévit dès lors que la paix se conclurait à l'avantage des France. En effet Louis XIV contenta ceux des alliés dont les prétentions avaient été les plus raisonnables. Il les détacha de la grande alliance, et l'Empire, qui persista seul dans les intérêts de la maison d'Autriche, sortit d'une guerre la plus heureuse qu'il eut jamais soutenue, un peu plus maltraité qu'il n'y était entré.

L'Angleterre mieux disposée que ses alliés à faire la paix, signa le 17 juillet une trêve avec la France. Ses troupes se séparèrent de l'armée des Pays-Bas; elles prirent possession de Dunkerque qui devait être rasé en vertu des préliminaires.


Prise de Denain, le 24 juillet 1712
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Aux Pays-Bas les alliés prennent le Quesnoy le 4 juillet, et assiègent Landreci.

Le maréchal de Villars défait le général Albermarle à Denain le 24 juillet, et force Marchiennes le 30. Le siège de Landreci est levé le 2 août.

Douai se rend aux français le 8 septembre, le Quesnoy le 4 et Bouchain le 19 octobre.

Renonciation du Roi d'Espagne à la succession de la couronne de France le 5 novembre, et les ducs de Berry et d'Orléans à celle d'Espagne.

La guerre continue dans le Nord. Les suédois avaient refusé la neutralité pour les provinces qu'ils avaient en Allemagne; les danois et les saxons profitant de ce refus, firent la conquête du duché de Brème, et de la plus grande partie de la Poméranie. Une armée suédoise commandée par le général Steenbock vole au secours de cette province, et défait l'armée des alliés à la bataille de Gadebusch dans le Meckelbourg le 20 décembre. Cette victoire aurait pu rétablir les affaires de la Suède, si Steenbock, pour se venger du Danemark, ne se fut jeté sur le Duché de Holstein; les alliés le suivirent, et trouvèrent le moyen de l'y enfermer avec toute son armée.

Traité de paix conclu à Araw le 2 août entre les cantons de Zurich et de Berne d'une part , et les cantons de Lucerne, d'Ury de Schwitz, d'Underwald et de Zug de l'autre. Les premiers avaient pris la défense des Toggenbourgeois contre l'abbé de Saint Gal, appuyé par les cantons catholiques.



Chronologie pour servir à l'Histoire de Savoye
Atlas historique Gueudeville

Il ne se passa rien d'important l'année suivante en Savoye, ni du côté du Dauphiné. On se contenta de s'observer et de faire quelques courses les uns sur les autres.

Le Congrès assemblé à Utrecht fut peut être la cause de cette inaction. Chaque ambassadeur y donna ses demandes spécifiques par écrit. Le Duc de Savoye demandait, que par le traité de paix à faire, son droit à la succession de la Monarchie d'Espagne, après la Maison d'Autriche fut maintenu en entier, conformément au testament du Roi d'Espagne. Que le duché de Savoye et le comté de Nice seront rendu à son Altesse Royale. Que le Roi Très-Chrétien céderait au Duc de Savoye, Exilles, Fenestrelles, les vallées du Mont-Genèvre, du Château Dauphin, de Quairas, Briançon et le Briançonnais, le fort Barreaux, Goncelin, La Rochette, les terres, lieux et villages qui sont en-delà du Rhône, et du côté de la Savoye.



Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg
Atlas historique Gueudeville

Le jeune prince Frédéric Guillaume, petit-fils du Roi, mourut cette année à Berlin le 31 de juillet 1711, malgré tous les soins que ses médecins prirent pour le sauver. Cette brèche fut en quelque manière réparée par la naissance d'un autre prince, dont la Princesse Royale accoucha heureusement. Ce fut le 24 janvier sur les onze heures et demi du matin. Le Prince nouveau né fut présenté au baptême par Madame la Margrave, épouse du Prince Albert, à la place de Madame la Margrave, douairière du Prince Philippe. Il fut nommé Frédéric. Le Roi et la Reine y assistèrent, mais sans beaucoup de cérémonie. Comme Sa Majesté avait résolu de retrancher à l'avenir beaucoup de dépenses, on ne tira point de feux d'artifices, on ne fit point d'illuminations. On ne laissa pas de célébrer le jour de son couronnement avec la magnificence ordinaire, et Sa Majesté le marqua par une promotion de quatre Chevaliers de l'Aigle Noir, qui étaient le Prince de Nassau-Diest, le Comte de la Lippe, le Comte de Spaen, et le baron de Siebourg.

Par ordre de Sa Majesté, la ville de Mœurs fut investie par ses troupes et comme bloquée. Comme la place manquait de bois plus que d'autre chose, il se passa quelques hostilités entre ceux de la garnison qui étaient sortis pour en chercher, et ceux du dedans qui voulurent s'opposer à leur dessein. Après que cette vile eut été bloquée pendant trois mois,, les troupes prussiennes se retirent, mais avec déclaration qu'elles y reviendraient, si dans un certain temps, le magistrat et les habitants ne rendaient pas à Sa Majesté l'Hommage qu'elle leur demandait. on menaçait de procéder par confiscation des biens, et autres voies de contrainte, contre ceux qui demeureraient en leur désobéissance; que de plus on informerait contre eux criminellement, et que ceux qui seraient trouvés coupables, seraient punis en leur personne, si on les pouvait saisir, ou autrement en effigie. En attendant l'effet de ces menaces, il fut défendu aux paysans de porter rien à vendre dans la ville, ni d'y aller rien acheter, en un mot d'avoir aucun commerce avec les habitants.

La nuit du 8 au 9 de septembre le feu s'alluma avec tant de véhémence dans une brasserie près de la nouvelle Académie de Berlin, qu'il y consuma le magasin Royal avec tous les grains, les farines, et les autres munitions dont il était rempli. Cet incendie brûla aussi entièrement la vielle église du Cloître, l'école et l'écurie de l'Académie, auprès de laquelle il y eut jour et nuit des milices et des bourgeois jusqu'au 13, pour éteindre ce feu et prendre garde qu'il ne fit pas d'autre ravage.


Abrégé Chronologique de l'Histoire d'Angleterre
Atlas historique Gueudeville

Le 29 janvier de l'année suivante, on fit à Utrecht l'ouverture du Congrès pour la paix. Dans une des conférences, qui se tint le 10 de février, les Ministres de France y donnèrent par écrit leurs propositions et leurs offres, qui furent dans la suite la plan de la paix.

Le Roi Très Chrétien y reconnaissait la Reine Anne, et la succession dans la Maison d'Hanovre. On devait démolir toutes les fortifications de Dunkerque immédiatement après la paix. On cédait à la Grande Bretagne l'île de Saint Christophe, la baie d'Hudson, l'île de Terre Neuve, excepté le droit d'y pouvoir aussi pêcher et sécher le poisson. L'Acadie entière devait appartenir à la Grande Bretagne. La France et l'Espagne ne devaient jamais être réunies sous un même Roi.

Ce traité quoique prêt à signer, demeura dans cet état, jusqu'à ce que les autres puissances fussent d'accord. Dès que ces offres eurent été proposées aux Ministres des puissances Alliées, ils les reçurent tous avec la dernière indignation, et éclatèrent contre le Ministre d'Angleterre. Elles ne furent pas mieux reçues par les opposants de la Chambre Haute.

Toutes les démarches de la Cour d'Angleterre firent craindre à celle de Vienne qu'on ne fut déterminer à finir la guerre. Pour détourner cette résolution, le Prince Eugène fut chargé de communiquer aux puissances maritimes un plan magnifique de la guerre. Avant le départ de ce prince pour l'Angleterre, il crut devoir s'informer si sa présence serait agréable à la Reine. On ne lui répondit pas; mais on fit savoir au Résident de l'Empereur qu'on ne trouvait point à propos que le Prince passât à Londres; que les négociations dont il pouvait être chargé, soit quelles regardassent la paix ou la guerre, se discuteraient aussi bien à La Haye ou à Utrecht avec les Ministres ou Plénipotentiaires de la Reine. Cette réponse ne rebuta point son Altesse. Il partit, et arriva à Londres cinq jours après la disgrâce du Duc de Marlborough. Il eut une audience de la Reine, qui le renvoya au Duc d'Oxford pour les affaires dont il était chargé. Mais la négociation n'eut aucun succès.

Pour mettre l'Angleterre dans la nécessité d'abandonner la France, ceux des Alliés qui voulaient la guerre mirent tout en œuvre pour la pousser avec vigueur. La Reine de son côté défendit au Duc d'Ormond d'agir offensivement. Un ordre de cette nature ne pouvait que surprendre et étonner les Alliés. On fit au Duc les représentations les plus vives et les plus fortes. Mais il tint ferme, et on fut contraint d'abandonner le dessein qu'on avait d'attaquer l'ennemi. L'inaction du Duc d'Osmond fut bientôt suivie d'une suspension d'armes et d'une séparation. Le jour même de cette séparation le Prince Eugène fit investir Landrecies. Cependant le général Anglais se trouvait assez embarrassé. Il était instruit que les Hollandais avaient défendu aux commandants de leurs places de l'y recevoir et lui donner passage. Il se présenta pour l'obtenir, et faisant semblant de vouloir se retirer sur les terres de France, il tourna d'un coup du côté de Gand et s'en empara aussi bien que de Bruges. Deux jours après, Dunkerque reçut garnison Anglaise.

Ces démarches pour la Paix causèrent de grand mouvements parmi plusieurs membres de la Chambre Haute. Comme la Reine différait plus longtemps qu'on ne s'y était attendu à communiquer ses vues pour la paix, et les conditions auxquelles elle prétendait la faire, on tint des discours qui marquaient bien l'opinion que l'on avait de ses Ministres. Mais enfin le 17 de Juin la Reine vint au Parlement, s'acquitter de la promesse qu'elle avait faite, de communiquer les conditions de la paix, qu'elle voulait donner à son peuple. Son discours fut écouté avec autant d'avidité qu'il avait été attendu avec impatience. Il se fit sur le soir des réjouissances publiques en plusieurs quartiers de la ville. Les Communes présentèrent quelques jours après leur Adresse de remerciement. Elle était telle que Sa Majesté pouvait la souhaiter. On reprit dans l'assemblée l'accusation de péculat, qu'on avait intenté auparavant contre le Duc de Marlborough. Le Duc pour se soustraire à la persécution et éviter l'orage qui le menaçait, demanda et obtint la permission de se retirer du royaume. Cette séance du Parlement finit le second de juillet, après avoir duré sept mois entier.

Une difficulté qui s'était présenté dans la suspension concertée, fut cause que le Roi de France ne voulut pas d'abord se résoudre à livrer Dunkerque. Il le fit pourtant, et lui même en donna avis à la Reine. Comme la déclaration du Duc d'Osmond, de ne point agir offensivement, n'avait pas été un obstacle au siège de Quesnoy, sa séparation et la suspension d'armes publiée n'empêcha point le siège de Landrecies. Cette entreprise ne réussit pas. Les Français surprirent les Alliés à Denain, les défirent et s'emparèrent ensuite de plusieurs places. Après ces expéditions, ou la fortune avait changé de parti, les armées se séparèrent.

Ces échecs que les Alliés venaient de recevoir déterminèrent de plus en plus la Reine à la Paix. Le Duc de Savoye ne doutant pont que les Alliés ne dussent changer de conduite, crut qu'il était de son intérêt de les prévenir, afin d'obtenir de meilleures conditions. Il remit ses intérêts entre les mains de la Reine Anne jugeant que si on pouvait venir à bout de le détacher de l'Empereur et de Leurs Hautes Puissances par un traité particulier, ce serait un moyen infaillible de les faire consentir à la paix générale, entra au sujet de ce Prince dans une négociation particulière avec la France. Le traité était presque conclu. Il ne s'agissait plus que du consentement des deux Cours de France et d'Espagne, au défaut de la postérité de Philippe V, préférablement à tout Prince et Princesse issus des différentes branche de la maison de Bourbon. Ce fut pour terminer cette importante négociation, que le vicomte de Bolingbroock partit pour la France. Il arriva à Paris le 17 d'août et en repartit le 29, comblé d'honneurs et de présents. Outre ce traité secret, qui concernait le Duc de Savoie, il signa une prolongation de la suspension d'armes jusqu'au 22 décembre. L'Espagne y fut comprise. En conséquence, la Reine rappela ses troupes et ses vaisseaux du Portugal et de Catalogne, et déclara qu'à l'avenir elle ne fournirait plus aucun subside. Cette déclaration détermina le Roi du Portugal à convenir aussi une suspension d'armes avec la France et l'Espagne. Il retira en même temps ses troupes, qu'il avait encore en Catalogne depuis la bataille d'Almanza.

Quoique l'Empereur eut résolu de ne jamais rencontrer l'Espagne, il ne laissa pas de s'adresser à la Reine Anne pour lui prier de lui faire obtenir certaines conditions, sous lesquelles il consentirait que l'Espagne restât au Roi Philippe. Les États remirent aussi leurs intérêts aux soins et à la sagesse de Sa Majesté Britannique.



Histoire du Danemark
Journal Historique du Dannemarc

Janvier
Le 8 janvier 1712, levée du siège de Stralsund à cause de la rigueur de la saison et de la disette des provisions.

La contagion, cessée entièrement à Copenhague,le Roi ordonne aux tribunaux retirés à la campagne, de revenir en cette ville, pour y administrer la justice.

Levée du siège de Wismar; le Roi distribue ses troupes dans plusieurs villes.

La noblesse du pays de Holstein accorde au Roi et au duc de Holstein-Gottorp, qui en reçoivent des subsides en commun, un don gratuit de cent mille écus.

Mars


Le Roi va à Coldingen; il tient conseil avec le Duc de Wirtemberg et les généraux Schultz et Lewendal, pour régler les affaires de la guerre, et fait le sieur Stocken major général, et le sieur Juel vice-amiral.

Sa Majesté rétablit le commerce entre le Holstein Danois et Copenhague, interrompu par la contagion qui y est entièrement cessée.

Juin

Le Général Scholtz et tous les autres officiers reçoivent ordre de se trouver à la fin de ce mois à la tête de leurs troupes, pour marcher en Poméranie, ou le Roi doit tenir campagne.

L'artillerie et les munitions pour l'armée, partent de Copenhague, de même que la flotte composée de 20 vaisseaux qui fait voile vers les côtes de Poméranie.

Le Roi ordonne à tous les armateurs de prendre tous les vaisseaux de la ville de Hambourg, qui ne lui à point donné satisfaction sur ses prétentions.

Six vaisseaux de guerre dix frégates du Czar arrive à la rase de Copenhague. Six mille hommes investissent Wismar, sous les ordres du lieutenant général Cragh.

Juillet
Les magistrats de Hamburg envoient deux députés au Roi à Itzehoë pour donner satisfaction à Sa Majesté sur ses prétentions.

Le Roi fait dire aux magistrats de Lubeck de construire un pont sur la Trave pour le passage de ses troupes destinées pour le siège de Wismar ; mais ils envoient un député pour s'en excuser, sur ce qu'ils n'osent pas rompre la neutralité avec les Suédois.

Le général Schlotz y fait faire un pont, sur lequel il fait passer trois mille hommes.

Le baron de Lewendal obtient de Sa Majesté la permission de se démettre de l'emploi de général de ses troupes en Norvège.

Le Roi marche avec ses troupes vers l'Elbe, et fait publier un manifeste dans lequel il déclare aux peuples de ce pays là qu'ils ne souffriront aucun dommage de ses troupes, pourvu qu'il n'abandonnent pas leurs mais, et qu'ils ne prennent pas les armes en faveur des Suédois.

Les troupes du Roi du camp devant Wismar fourragent les bleds des villages voisins de cette ville, et le général Rantzaw leur commandant, fait sommer les bailliages du duché de Mecklembourg à cinq ou six lieues à la ronde, de fournir les fourrages nécessaires à ses troupes.

L'artillerie du Roi arrive de Copenhague à Rostock.

Août
Le 6 août, la ville de Staden dans le pays de Bremen est investie par l'armée du Roi. Sa Majesté prend son quartier à Agatenbourg, ce prince allant reconnaître la place prend un grand risque, ayant eu deux hommes et un cheval tués à ses côtés.

Le Roi fait publier que tous les officiers des bailliages du pays de Brême qui se sont absentés aient à retourner dans leurs maisons, à peine de confiscation de leurs biens et de la perte de leurs charges.

Les troupes du Roi achèvent les lignes de circonvallation devant Staden, font dresse six batteries de six pièces de canon et de deux mortiers chacune, et font un amas suffisant de fascines, de vivres et de fourrage ; les assiégés sont sous un feu continuel avec 60 pièces de canon : les habitants envoient des députés au général Scholtz qui commande le siège, pour le prier de ne pas ruiner la ville.

Septembre
Prise de la ville de Staden ; la garnison est faite prisonnière de guerre, le Roi accorde aux officiers leurs épées et leurs bagages ; y fait entrer trois mille hommes, en donne le gouvernement au général Schotz, et en fait commandant le major général Honten. On trouve dans la ville cent quarante canons de fer, quatorze de bronze, sept mortiers avec une grande quantité de poudre, de boulets et de bombes. La garnison du fort de Schwinger dépendant de Staden, est aussi faite prisonnière de guerre.

Le Roi fait signifier à la noblesse des duchés de Brême et de Verden qu'elle ait à représenter les titres de leurs privilèges pour les confirmer et recevoir l'investiture de leurs fiefs.

La plupart des troupes du Roi qui ont été employées au siège de Staden, repassent dans le Holstein Danois, ou elles sont misent en quartier d'hiver.

Le Roi nomme le conseiller d'état Hagedorn, les sieur Reichenbach et John pour composer la Régence du pays de Brême.

Novembre
Le novembre, conférence entre le sieur Hagedorn, les ministres du Roi et les députés de Hambourg. Ces derniers offrent de payer deux cent mille écus, auquel Sa Majesté s'est réduite, à condition qu'elle se désistera de toute sortes de prétentions contre la ville de Hambourg. Le traité est conclu avec le sieur Platen, commissaire général des guerres. Ce traité contient sept articles, dont voici la substance : la ville e de Hambourg payera deux cent mille écus au sieur Platen, plus seize mille écus depuis le 28 octobre, auquel le Roi a réduit sa satisfaction qu'i demandait à deux cent tente mille écus jusqu'au 5 novembre à deux mille écus par jours ; le Sénat rendra bonne et prompte justice aux sujets de Sa Majesté ; elle envoiera avant la fin de l'année deux députés à Copenhague, pour demander au Roi de vouloir bien remettre la ville dans ses bonnes grâces ; le Roi retirera ses troupes des quatre bailliages aussitôt qu'elle aura payé au sieur Platen la somme de deux cent mille écus en argent, ou en bonnes assurances avec les intérêts à quatre pour cent, et il exemptera le territoire de la ville de tous logements et quartiers de ses troupes ; fera relâcher incessamment tous les vaisseaux arrêtés et conduits en Norvège avec leurs charges et leurs équipages, sans en rien prétendre sous quelque prétexte que ce soit ; révoquera pareillement les ordres donnés pour arrêter les vaisseaux Hambourgeois ; et si quelques uns avaient été pris, ils seront aussi restitués.

Le 20 novembre, le Roi part de Copenhague pour aller à Altena.

Décembre
Le 3 décembre, le major général Klinkenstrom Suédois va trouver Sa Majesté à Oldello de la part du comte de Steibock, pour l'avertir qu'il a conclu avec le général Flemming une suspension d'armes de quinze jours entre les Danois, les Saxons et les Moscovites.

Sa Majesté déclare qu'elle ne consent pas à cette suspension.

Les magistrats de Hambourg accordent douze chariots pour transporter les bagages du Roi d'Altena à Oldeslo.

Le 20, le Roi arrive à son armée, fait tenir Conseil de guerre, dans lequel il fait résoudre, contre l'avis de la plus part de ses généraux, de donner bataille. Son armée est composée de 22 bataillons et de 48 escadrons, joints une heure avant le combat par 32 escadrons Saxons, commandés par les généraux Flemming et Bauditz.

Sur les avis que le Roi reçoit que les troupes du Roi Auguste et du Czar sont en marche pour joindre son armée, il la fait partir, et pour hâter sa marche, il fait prendre à chaque cavalier un fantassin en croupe, et met le reste de l'infanterie sur des chariots.

Sa Majesté envoie au général Steinbock un aide de camp, pour lui demander une prolongation de la suspension d'armes pour deux jours ; elle lui est refusée.

Bataille de Gadebusch. Les troupes du Roi y ont premièrement l'avantage, et s'emparent de l'artillerie suédoise ; mais le comte de Steinbock après avoir rallié et encouragé ses troupes, la reprend, et charge si vivement l'armée du Roi, qu'il gagne la bataille. Le général Flemming à la tête de saxons, et de deux régiments d'infanterie du Czar, venu au secours, a aussi du dessous ; ainsi les Suédois demeurent maîtres du champ de bataille. Ce combat a duré depuis onze heures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi. Le Roi voyant la bataille perdue, se retire, passe près de Ratzebourg, et va à Oldeslo dans le Holstein ; 4000 hommes furent tués sur place, et 4000 faits prisonniers, les Suédois s'emparent de toute l'artillerie, de toutes les tentes et d'une grande partie des bagages.

Les troupes du Roi se retirent dans le Holstein, où le reste de l'infanterie est envoyé dans les places fortes pour renforcer les garnisons.

Le 29, Sa Majesté après avoir donné les ordres nécessaires, part d'Odelso pour aller à Regensbourg, et de là à Copenhague.

Le major général Morner fait prisonnier dans la dernière bataille, est renvoyé sur sa parole par le comte de Steinbock, qui le charge de proposer au Roi un Traité pour l'échange des prisonniers.