MDCCXXXII
Année 1732


Chronique du Saint Empire

Histoire de l'Empire - Gueudeville

On commença à délibérer sur l'affaire de la Pragmatique Sanction dans une assemblée extraordinaire des Collèges de l'Empire, qui se tint le 18 décembre (1731), et après plusieurs difficultés la chose passa à la pluralité des voix. La Diète prit une résolution, qui fut communiquée le 11 janvier aux ministres refusans, et ensuite au principal commissaire de l'Empereur. Cette résolution, par laquelle on approuvait la Pragmatique, fut suivie d'une protestation des ministres des Électeurs de Bavière, de Saxe et du Palatinat. Mais les ministres des autres Électeurs sortirent de l'assemblée, sans vouloir recevoir cette protestation, et sans vouloir permettre qu'elle fut insérée dans les Actes de l'Empire.

Une autre affaire qui fit grand bruit cette année et qui avait déjà été entamée l'année dernière, fut celle des Saltzbourgeois protestants, que l'Archevêque Prince de Saltzbourg ne cessait de persécuter. Le Corps Évangélique écrivit à ce sujet une lettre, qui portait en substance: que cette affaire de religion était une des plus considérables et des plus délicates qui fut survenue depuis longtemps, et peut être même depuis la Paix de Westphalie: qu'il n'y avait point de matière dans l'instrument de cette paix, qui y parut plus clairement déduite, que celle qui regardait la conduite qu'on devait tenir avec les sujets, qui avant et du temps de cette paix professaient une autre religion que celle de leur Souverain. On entrait ensuite dans le détail des maux qu'on faisait souffrir à ces sujets, soit en les faisant jeter dans les prisons, soit en les privant de leurs biens, soit enfin en leur ôtant leurs enfants qui étaient encore sous la puissance paternelle.
Pour justifier une procédure su injuste, on alléguait de la part de Salzbourg: que ces gens là avaient des sentiments en matière de religion, qui n'étaient pas conformes à la Confession d'Augsbourg; que la plupart ne savaient pas quelle était leur croyance, qu'on ne pouvait les regarder que comme des fanatiques, et que par conséquent ils ne pouvaient participer aux bénéfices du traité de Westphalie. Qu'ils étaient révoltés contre leur souverain et contre les officiers, en tenant des assemblées défendues, en refusant de payer des tribus, en menaçant d'employer le fer et le feu; que par conséquent avant qu'on accordât à quelques uns la liberté de sortir, comme on le demandait, il fallait examiner cette affaire avec soin, afin d'en punir les auteurs d'une manière exemplaire. Cette affaire ne fut assoupie qu'après un grand nombre de représentations des puissances protestantes, par lesquelles il parut évident que la conduite de l'Archevêque était directement opposé à l'instrument de la Paix de Westphalie, et que d'un autre côté le Conseil de ce Prince était très ignorant dans les lois de l'Empire.



Chronologie pour servir à l'Histoire de Savoye
Atlas historique - Gueudeville

Le Roi Victor ne survécût pas longtemps à son triste sort. Ce Prince mourût à Montcalier le 31 octobre 1732 âgé de 66 ans, cinq mois et 16 jours, étant né le 14 mai 1666.

Quelques temps après la mort de ce Prince, le Roi conclut avec l'Empereur un traité d'alliance, qui fut signé à Turin par le Comte Philippi de la part de Sa Majesté Impériale. Le fondement de cette alliance était la Pragmatique Sanction, à laquelle le Roi de Sardaigne s'obligeait envers l'Empereur; et Sa Majesté Impériale de son côté garantissait aussi à ce Monarque, de la manière la plus forte, la possession de tous ses états héréditaires, et de ceux qui lui avaient été cédés en échange par le traité de Londres de 1718. Outre cela, le Roi de Sardaigne en accédant au traité de Vienne du 16 mars 1731, s'engageait encore, comme il l'avait déjà fait dans le traité de la Quadruple Alliance, et ce qui était stipulé dans celui de Séville, à maintenir de tout son pouvoir la tranquillité en Italie, et à faire cause commune avec l'Empereur contre tous les agresseurs de cette tranquillité.


Abrégé de l'Histoire des Électeurs de Brandebourg

Atlas historique Gueudeville

Le Duc de Lorraine arriva à Potsdam le 23 de février 1732. Sa Majesté Prussienne reçut ce Prince avec des témoignages sensibles de la joie qu'Elle ressentait de son arrivée à sa Cour, et Elle l'embrassa tendrement. Pendant le séjour que Son Altesse Royal fit à Berlin, on n'omit rien pour le lui rendre le plus agréable qu'il fut possible. Sa Majesté donna l'exemple, et tous ses ministres, les généraux et les ministres étrangers secondèrent parfaitement bien ses intentions. Il y eut grande chasse, festins, bals, revues et exercices des plus beaux régiments. Tous ces exercices se succédèrent sans relâche, à Berlin, à Potsdam, à Spandau, à Charlottenbourg, à Mont Bijou; et pour tout dire, la présence de S.A.R. ramena à Berlin celle du Prince Royal et Électoral, à la grande satisfaction de toute la Cour et de ses sujets. Mais rien n'éternisa davantage le séjour de ce Prince à Berlin que l'événement du 10 de mars, jour auquel furent solennisées les fiançailles de Son Altesse Royale et Électorale le Prince Charles Frederic, avec la Sérénissime Princesse Elisabeth Chrétienne de Brunswick Lunebourg Bevern. Les fiançailles se firent dans le magnifique appartement du feu Roi, où toute la Cour avait ordre de se trouver vers les six heures du soir. Leurs Majestés accompagnées du Prince Royal et des autres Princes et Princesses de leurs familles, y vinrent à six heures et demie. Le Duc et la Duchesse de Bevern avaient avec eux le Prince Héréditaire et la Princesse leur fille unique. Le Duc de Lorraine les avait précéder, et était occupé à admirer cet appartement, ayant paru frappé par la magnificence des meubles, de la beauté des tableaux et de toutes les richesse qu'il y remarqua. il se forma un grand cercle autour de Leurs Majestés et de Leurs Altesses Sérénissimes. Le Prince Royal s'avança vers la Princesse de Bevern, et lui donna une bague de vingt quatre mille écus, la princesse lui en donna une autre de dix mille écus. Après cette cérémonie toute la Cour et les Ministres Étrangers complimentèrent le Prince et la Princesse, Leurs Majestés, et le Duc et la Duchesse de Bevern. Le Comte de Schulembourg, major général, fut d'abord dépêché à Vienne, pour porter la nouvelle à l'Impératrice, tante de la Princesse promise, et l'on expédia en même temps le colonel Derschau pour notifier au Duc et à la Duchesse de Brunswick Wolfenbuttel, aïeuls de cette Princesse. On commença ensuite à danser quatre quadrilles. Le Princes Royal et la Princesse de Bevern ouvrirent le bal, et après qu'on eut dansé quelques temps on se mit à table à une table figurée, à laquelle se placèrent trois cent personnes. Le repas fut des plus magnifiques. Après le souper on recommença le bal. Le Roi y parut d'une humeur qui marquait la satisfaction qu'il avait de conclure cette alliance. Sa Majesté embrassa à diverse reprises le Prince Royal, de même que la Princesse de Bevern, à qui le jour précèdent Elle avait envoyé des présents en bijouterie, étoffes et dentelles, pour la valeur de plus de cinquante mille écus. Le Duc et la Duchesse de Bevern partirent de Berlin au commencement d'avril pour retourner dans leur résidence. Le Roi les accompagna jusqu'à Brandebourg, où Sa Majesté passa la journée avec Leurs Altesses Sérénissimes.

Comme Sa Majesté Prussienne prenait extrêmement à cœur les intérêts des protestants chassés de l'Archevêché de Saltzbourg, Elle prit avec ses ministres du Directoire général divers arrangements, pour les recevoir dans ses états de Prusse et d'Allemagne. Le Prince ayant appris que malgré les représentations qu'il avait fait faire en leur faveur à la Diète de Ratisbonne, on ne laissait pas de les traiter avec la dernière inhumanité, il fit insinuer aux catholiques de Minden et autres qu'il ferait fermer leurs églises, qu'il ferait sortir les ecclésiastiques et confisquerait leur bien au profit des Saltzbourgeois émigrants, s'ils ne faisaient en sorte que l'Archevêque de Saltzbourg prit des sentiments plus modérés et plus chrétiens. Plusieurs de ces émigrants se rendirent à Berlin, où Sa Majesté eut la bonté d'en recevoir Elle-même un grand nombre, et Elle vit avec plaisir que l'on s'empressa à leur faire du bien.

Les premiers qui furent reçus par les états de Sa Majesté n'étaient pour la plupart que des domestiques, ou des gens qui travaillaient à la journée: mais ceux qui suivirent étaient des habitants dont quelques familles se trouvaient à leur aise, et à qui cependant on ne laissa rien emporter. Au commencement de mai, on en vit arriver à Berlin huit cents, qui avaient été conduits de Hall par quatre proposants. Sa Majesté les reçut près de Potsdam en pleine campagne, où Elle les fit dîner. Ce Prince les reçut avec tant de douceur et de compassion, que dans le transport de leur joie ils en remercièrent Dieu sur le champ, le bénissant de les avoir conduit dans les états d'un Prince véritablement chrétien, où ils pourraient librement professer leur religion. Ils ne furent pas reçus avec moins de charité par les habitants de Berlin, où les catholiques mêmes, blâmant la conduite de leurs persécuteurs, s'empressèrent de les loger dans leurs maisons. On fit pour eux de grosses collectes, auxquelles les juifs ne contribuèrent pas peu. Le 12 du même mois il en arriva encore 250. On ne pouvait entendre sans frémir, avec quelle inhumanité ils avaient été traités en sortant de leur pays. Il y en eut à qui on tira du corps à Hall la grenaille qu'on avait tiré sur eux. Une femme avait encore, à son arrivée à Berlin, le tronçon d'un doigt mal guéri, que son mari lui avait coupé dans le Saltzbourg, en lui disant que ce serait une marque éternelle de sa désertion. On admira surtout qu'ils ne lâchaient pas une parole odieuse contre leurs persécuteurs, pour qui ils priaient tous les jours. La Reine fit élever un garçon, âgé de quatorze ans, qui avait quitté père, mère et sœurs, pour ne pas abandonner, disait-il, les principes de l'Évangile. Le Roi fit ordonner ministres les quatre proposants qui les accompagnèrent de Hall à Berlin, et Sa Majesté leur donna à chacun quatre cent écus d'appointements. Les ordres furent envoyés en Prusse pour bâtir quelque villages, où ils devaient s'établir comme colonie particulière. Le transport de cette bande coûta au-delà de quarante mille écus à Sa Majesté, qui chargea le Conseiller privé Herold de pourvoir à tout ce qui concernait leur établissement.

On travaillait depuis longtemps à terminer les différents survenus après la mort de Guillaume III, Roi d'Angleterre, entre le Roi de Prusse, et la Maison d'Orange et de Nassau, au sujet des biens laissés par feux les Princes d'Orange et en dernier lieu par le Roi de Grande Bretagne. Le traité de partage et d'accommodement sur cette succession fut conclu cette année à la satisfaction de Sa Majesté Prussienne. Ce traité contenait en substance:

Que le Roi de Prusse aurait pour son partage la Principauté d'Orange, avec les Seigneuries et lieux de la succession de Châlon et Chatel-Belin situés en France et dans la Comté de Bourgogne, le tout ainsi que Sa Majesté en avait cédé la propriété au Roi Très Chrétien par le traité de paix signé en Elle et la France à Utrecht le 11 avril 1713.

Que le Sérénissime Prince se contenterait, tant pour lui que pour ses héritiers de l'équivalent qu'il recevrait pour son partage; qu'il aurait la liberté d'imposer le nom de la Principauté d'Orange à tel autre de ses domaines qu'il trouverait convenable, et qu'il en retiendrait le titre et les armoiries.

Que Sa Majesté Prussienne garderait en toute propriété la Principauté de Meurs, le Comté de Lingen, l'Ammanie de Montfort, la Seigneurie de la Haute et Basse Swaluwe, les Seigneuries de Naaldwyk, Hoenderland, Wateringen, Orange-Polder, et Gravelande, le Péage de Gennep, la Baronnie de Herstal toute entière, la Seigneurie de Thurnout, la Maison à La Haye nommée la vielle Cour, et celle de Hoslardyk.

Que le Prince d'Orange posséderait tous les autres domaines, terres et maisons, et lieux appartenant à la Succession d'Orange, tant ceux qui lui avait déjà été remis, que ceux qui se trouvaient encore sous l'administration de LL.HH.PP. les États Généraux des Provinces Unies, ou en des mains étrangères, sans en excepter aucun, comme aussi les maisons dont Sa Majesté le Roi de Prusse jouissait actuellement et qu'elle céderait ensuite, ainsi tous les biens, domaines, terres et maisons appartenant à la Succession d'Orange, qui n'étaient pas compris dans le partage de Sa Majesté.

Que ce même Prince cédant au Roi de Prusse la Baronnie d'Herstal toute entière, aurait en échange les Seigneuries de Monster, Ter-Heiden, la moitié de Loodsuinen, les fiefs de Polanen, et la Cense joignant la Maison de Neubourg près de Ryswick.

Que Sa Majesté Prussienne cèderait au Prince de la Maison de Nieubourg située près de Ryswick, et la Maison au bois nommée l'Orange-Saal.

Que les deux Hauts Contractants garderaient tous les titres et armoiries, dont ils s'étaient servi jusqu'ici, chacun de son côté.

Que le Prince d'Orange ne se servirait plus des titres de Meurs et de Lingen; et que, d'un autre côté, le Roi de Prusse renoncerait aux titres et armoiries du Marquisat de Ter-Veer et de Flessingue.

Comme il y en avait d'autres, qui, en qualité d'héritiers, ou soi disant tels, faisaient des prétentions sur une partie des biens, domaines et terres de la Succession d'Orange, qui entre dans le présent partage, les deux Hauts Contractants se promettent une garantie réciproque contre ces prétendants, et de s'assister mutuellement, la seule voie de fait ou des armes exceptée.

 



Chronologie abrégée des Rois et Ducs de Pologne

Atlas Historique - Gueudeville

 

Le Roi nomma dans la suite une nouvelle commission, qui porta les intéressées à convenir ensemble. L'Électeur Palatin fit offrir 1800 mille florins de Pologne à Messieurs Sapieha, et ceux ci réduisirent leurs prétentions de six millions, qu'ils formaient au commencement, à la somme de deux millions cinq cent mille florins. Les Commissaires et les Intéressés de part et d'autre ayant été ensuite appelés devant le Roi, Sa Majesté termina heureusement ce différent, en prononçant que la Maison Palatine devait s'engager à payer deux millions à Messieurs Sapieha, pour extinction de toute prétentions sur les dites terres, selon la Convention avec S.A.E. Palatine, qui accorda une de ses petites filles au cadet de Radziwil.

Il arriva dans ce même temps un accident tout à fait fatal et imprévu. Le jeune Comte Sapieha, fils unique du Prince de même nom, Palatin de Podlachie, se tua lui-même d'un coup de pistolet dans le moment qu'il était occupé à le charger pour une partie de plaisir où il devait assister le lendemain avec quelques amis. Bien des gens prétendirent que ce jeune Seigneur s'était tué par désespoir, ne pouvant supporter plus longtemps la trop grande sévérité de son Gouverneur; mais le plus grand nombre soutint qu'il n'y avait eut aucun dessein prémédité, et que c'était pur accident.

Mais voici une scène d'une nature toute différente de la précédente. Depuis quelques années un Français nommé Jacques Dargelles, natif de Fleurance en Guyenne, avait disparu avec des sommes considérables, et avait emmené une Créature publique, laissant sa femme avec six enfants dans un triste état. Non content de ces excès, il eut l'audace d'envoyer en Pologne des Libelles et des Satyres contre plusieurs Grands du Royaume. On apprit par-là qu'il s'était retiré à Fleurance, et qu'il y vivait avec sa Maîtresse. On prit la résolution d'écrire à la Cour de France, pour demander son extradition. Le Roi Très Chrétien informé du fondement des accusations portées contre lui, livra le coupable qui fut ramené en Pologne. Dans un grand Conseil de Guerre il fut déclaré infâme et condamné à avoir son épée rompue et les morceaux jetés à son visage; à recevoir un soufflet de la main du bourreau; à avoir la main coupée, et à être ensuite pendu. Il subit toute la rigueur de cette sentence, si ce n'est que le Roi commua la peine de mort en celle d'une prison perpétuelle, dans une maison de force de la ville de Dantzig. Cet officier était Major du Régiment Royal des Gardes de la Couronne en Pologne, et commandant de Thorn.

Le Roi était occupé depuis quelques temps aux préparatifs d'un camp qu'il faisait former près de Villa-Nova, au voisinage de Varsovie. On prétend qu'il ne céda guerre aux magnificences à celui qu'il y avait eut à Muhlberg, deux ans auparavant, quoique le nombre de troupes ne fut pas tout à fait si nombreux.

Après la séparation de ce camp, on fit à Varsovie l'ouverture d'une Diète extraordinaire, qui ne fut pas moins infructueuse que les deux précédentes. Dès la premières session deux députés de Lithuanie se retirèrent, et remirent au greffe un acte de protestation. Ils prétendaient qu'il n'y avait aucune nécessité à convoquer une Diète Extraordinaire, et que le Conseil d'État tenu après la Diète de Grodno, n'avait remis ce pouvoir que dans les cas d'un danger évident. Ces raisons n'étaient que de vains prétextes, et on était convaincu que les intérêts particuliers étaient le véritable objet de leurs oppositions. On se flatta néanmoins quelques temps de pouvoir ramener ces Nonces; mais on ne put jamais y réussir, et toutes les sessions se passèrent en disputes réciproques. Cependant Auguste qui voulait encore profiter de cette Diète expirante, manda quatre sénateurs et les chargea d'aller de sa part à la Chambre des Nonces, pour voir s'il y avait quelques espérances qu'elle put se joindre au Sénat, et les exhorter en même temps à seconder l'empressement de Sa Majesté pour le bien public. Ces sénateurs s'étant rendus à la Chambre des Nonces, leur parlèrent avec tant de force, que tous les nonces à la réserve de neuf ou dix se déterminèrent sur le champ à suivre les sénateurs pour aller supplier le Roi de conférer les Charges vacantes. Mais cette démarche fur assez inutile. Le Roi s'étant adressé au Primat et aux Sénateurs pour savoir leur opinion, les trouva ou partagés ou indécis, ce qui l'engagea à faire savoir aux Nonces qu'il remettrait à un autre temps la nomination aux charges vacantes. Sur cet avis les Nonces se séparèrent et mirent fin à la Diète.

Après la séparation de cette Diète, Auguste partit pour Dresde ou il arriva le 23 octobre. Il ne fit pas un long séjour en Saxe, et fut de retour à Varsovie le 16 janvier 1733.



Abrégé Chronologique de l'Histoire d'Angleterre

Atlas historique - Gueudeville

Le Roi annonça le succès de tous ces traités à son Parlement, qui fut assemblé le 24 du mois de janvier. Dans la harangue qu'il fit aux deux chambres, il leur dit, que c'était un grand plaisir pour Sa Majesté, que les espérances qu'il leur avait donné de temps en temps, de voir la tranquillité générale de l'Europe rétablie et affermie, fussent entièrement accomplies: que la part que le crédit et l'influence de la Couronne de Grande Bretagne avaient eue dans la réussite de cet ouvrage si difficile, tournait si fort à l'avantage de la nation, qu'il ne manquerait pas d'être agréable à son peuple et d'être bien reçut de son parlement.

Il leur apprit, que depuis le temps de la conclusion de la Quadruple Alliance, les cours respectives de l'Europe avaient travaillé aux moyens d'exécuter ce que les principales puissances avaient stipulé en faveur d'un Infant d'Espagne; mais que les divers intérêts, et si difficiles à concilier et à réunir, pour effectuer un point de si grande importance, les vues étendues de part et d'autre, jointes aux espérances d'obtenir de plus grands avantages, et les jalousies et défiances mutuelles que de tels principes contraires les uns aux autres avait fait naître parmi les différentes puissances intéressées, avaient tenu en suspend et dans l'inexécution ce que la Cour d'Espagne souhaitait si ardemment, et avait donné lieu à des troubles et des désordres, qui avaient embarrassé pendant plusieurs années les affaires de l'Europe, et dans lesquels en particulier, les intérêts de la Nation Britannique avaient été enveloppés. Ce Prince s'attribua ensuite tout le succès du traité de Séville, qu'on avait eu tant de peine à conclure. Il représentait à ce sujet que quelque insurmontable qu'in crût cette difficulté, il avait été néanmoins en état de la vaincre par le soutien de son parlement, et par la confiance qu'il avait eu dans Sa Majesté, à l'aide des traités justes et honorables, sans en venir à des extrémités, sans courir le hasard d'une coupure générale, et sans allumer la guerre dans aucune partie de l'Europe. Le Roi ne manqua pas d'être remercié, comme il devait l'être, des peines qu'il avait prises dans toutes ces négociations.

Le 12 de juin le Roi mit fin aux séances du parlement, et partit deux jours après pour ses états d'Allemagne. La Reine fut nommée Régente pendant l'absence du Roi. Avant son départ, Sa Majesté signa une Charte, qui nommait des Fidéicommissaires pour établir la colonie de Géorgie en Amérique. La patente que le Roi accorda pour former cette nouvelle colonie, portait en substance: que les commissaires auraient le droit de lever des collectes, pour transporter dans le pays tous les pauvres étrangers et nationaux qui voudraient s'y établir, et auxquels il promettait de fournir tout ce qui serait nécessaire à leur entretien, jusqu'à ce qu'ils fussent en état de se soutenir par eux mêmes, et de retirer leur subsistance de la portion de terre, que la Couronne accordait à chaque famille, pour y jouir gratis leur vie durant. Que ces mêmes commissaires auraient le droit d'établir et de gouverner ces colonies de la manière qu'ils trouveront convenable, tant par rapport aux affaires spirituelles, que par rapport aux temporelles: que pour faire connaître que leur dessein n'avait d'autre but que la charité, et que l'intérêt n'y avait nulle part, ils se privaient eux même et leurs successeurs, de tous profits, récompenses, ou autres avantages de cette nature: que pour disposer d'autant mieux le public à contribuer au succès d'une entreprise si louable, ils promettaient de mettre dans la Banque d'Angleterre, tout l'argent qu'ils recevraient, et de tenir un registre exact des personnes de qui on en aurait reçu: que de plus, il promettaient aussi de rendre un compte exact de leurs recettes, et de la manière dont l'argent aurait été employé.

Le Roi arriva de ses états d'Allemagne en Angleterre le 7 d'octobre, et le lendemain il se tint un Grand Conseil à Kensington, dans lequel la Reine remit sa Commission de Régente pendant l'absence de Sa Majesté. Il ne se passa rien d'important pendant tout le reste de l'année.

 

 

Jean-Louis Vial