Sous l'ancien régime chaque reprise des hostilités amène la création ou l'augmentation d'effectifs des troupes légères qui, bien que de fort mauvaise réputation n'en sont pas moins indispensables aux armées du temps. Souvent associées aux hussards ou aux dragons dans leurs actions, les troupes légères jouent un rôle très important dans le déroulement des campagnes. Ce sont elles qui vont assurer la reconnaissance des gués, des défilés, des ponts..., la protection des convois, la levée des contributions, la tenue des postes avancés, la reconnaissance des positions et des mouvements ennemis.
Par leur mobilité et la rapidité de leurs coups de main elles créent un climat d'insécurité autour de l'ennemi. On retrouve aussi les troupes légères dans toutes les grandes batailles mais elles sont plus à l'aise dans l'escarmouche, dans l'attaque par surprise en terrain difficile peu propice au développement des troupes régulières.
     Les troupes légères à l'instar des hussards sont composées essentiellement d'étrangers, mercenaires ou déserteurs de mauvaise discipline d'où la volonté royale d'y mettre meilleur ordre en réglementant leur organisation et confiant leur commandement à des officiers aguerris, mais par ces réformes elles perdirent souvent leur efficacité. Les armées des belligérants de l'époque (Prusse , Autriche, Hanovre .. ) possèdent toutes des troupes légères ou des corps francs mais Frédéric II est aussi dans ce domaine un novateur par l'enrôlement systématique de tous les déserteurs et prisonniers de guerre; ainsi chacune de ses victoires est marquée par la création de corps francs, après l'invasion de la Saxe en 1756, après les batailles de Prague, Rossbach, Leuthen, Breslau .... et même un corps franc russe après la campagne de Poméranie.
     La fâcheuse réputation d'indiscipline des troupes légères est malheureusement pleinement justifiée comme le rapporte Prunelle de Roison alors cornette dans Royal dragons, régiment qui est envoyé en Haute-Frise pour réduire les habitants de cette région qui refusent de payer les contributions et se battent; il décrit ainsi les chasseurs de Fischer dans une lettre à son frère: " ce sont des gens de sacs et de corde,.. et qui font grand carnage parmi les habitants ". Cette indiscipline n'est pas propre à nos troupes légères elle pose également des problèmes aux autres armées ainsi les exactions et l'incendie des faubourgs de Dresde en 1759 par les corps francs de Meyer à la solde des Prussiens et relatées dans la Gazette de Hollande de cette année là.

Toutes ces " petites guerres " sont dangereuses, meurtrières de ce fait l'appartenance aux troupes légères permet d'avoir une solde supérieure à celle des troupes régulières. Solde à la charge du Roi auquel s'ajoute les butins prélevés sur l'habitant en territoire ennemi ou allié et l'obtention de grâces royales. En contrepartie ils n'ont pas accès aux hôpitaux royaux.

A l'entrée de la guerre de sept ans fin 1756 la France possède environ 5.000 hommes de troupes légères, effectifs doublés en 1759 pour atteindre près de 12.000 hommes avant la fin des hostilités. Ils seront ramenés à 6 légions de corps francs en 1763.
    L'organisation de chaque corps est très variable, laissée à l'appréciation du colonel propriétaire, il comporte en général des troupes à pied et des cavaliers. L'ordonnance du 22 novembre 1759 tente d'unifier la formation des troupes légères, les volontaires de Flandres, du Hainaut, du Dauphiné, d'Austrasie et de Clermont Prince prennent donc théoriquement la même organisation sçavoir, 948 hommes répartis en 17 compagnies et comprenant:
    -un état major avec 1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 1 major, 2 aide-major, 1 aumônier et 1 chirurgien.
    -1 compagnie de 3 officiers et 60 grenadiers.
        La compagnie de grenadier: 1 capitaine, 2 lieutenants, 2 sergents, 1 fourrier, 4 caporaux, 4 ansepessades, 1 tambour et 48 grenadiers.
    -8 compagnies de 3 officiers et 71 fusiliers.
        Chaque compagnie de fusiliers: 1 capitaine, 2 lieutenants, 3 sergents, 1 fourrier, 6 caporaux, 6 ansepessades, 1 tambour et 54 fusiliers.
    -8 compagnies de 4 officiers et 40 dragons.
        Chaque compagnie de dragons: 1 capitaine , 1 lieutenant, 1 cornette, 1 maréchal-des-logis, 1 fourrier, 2 brigadiers, 1 tambour et 36 dragons.

Ce XVIIIème siècle marque la prise en main directe du Roi sur les différents corps de l'armée par la suppression des privilèges et le rachat progressif de toutes les charges militaires. Les troupes légères seront les dernières ou l'autonomie d'organisation d'administration et d'habillement est laissée au colonel propriétaire. Les ordonnances de 1759, 1762 et enfin celle de 1776 sonneront le glas des derniers régiments que les princes purent lever à leur nom et à leurs couleurs.