La Cavalerie Française de la Guerre de Sept Ans

 

Organisation des Régiments

par Jean-louis Vial

A l'entrée de la guerre de sept ans en 1756, la cavalerie française comprend 60 régiments. Chacun est formé de deux escadrons de quatre compagnies, seul le régiment Colonel Général est à trois escadrons et le régiment des Carabiniers comprend 5 brigades de 2 escadrons chacune, soit 1400 maitres . Soit en considérant des effectifs complets un total de19 200 maîtres. Après Rossbach en décembre 1757 et surtout Minden en août 1759 ou l'élite de la cavalerie française sous les ordres du marquis de Poyanne vient s'écraser sur l'infanterie anglo-hanovrienne massée en carré; le Ministère décide de renforcer chaque régiment en les portant à 4 escadrons chacun et en réduisant leur nombre à 30. La réforme du 21 décembre 1762 établit une cavalerie de 30 régiments de 4 escadrons chacun et un régiment de Carabiniers de10 escadrons.

        L'état-major d'un régiment de cavalerie française comprend alors le mestre de camp, un lieutenant-colonel, un major, un aide major, un aumônier, un chirurgien.

        Par les ordonnances des 8 septembre 1756 et 5 janvier 1757 sont créés dans chacune des compagnies des régiments de cavalerie française et étrangère un officier de l'état major sous le titre de cornette (sauf dans la compagnie colonelle du régiment Colonel Général de cavalerie et la compagnie mestre de camp du régiment Mestre de Camp Général de cavalerie qui en étaient déjà pourvus). Ils ont la charge de porter l'étendard de la compagnie, leur place au jour de la bataille est au milieu du premier rang de l'escadron.

        Depuis l'ordonnance du 1er décembre 1755 chaque compagnie de cavalerie comprend 40 maîtres, sçavoir: 2 brigadiers, 37 cavaliers dont 4 carabiniers et un trompette ou timbalier, cette compagnie est commandée par un capitaine, un lieutenant, un cornette (après1757) et un maréchal des logis. L'ordonnance du 25 février 1758 augmente chaque compagnie d'un fourrier. Soit un effectif théorique de 196 cavaliers par escadrons.

        Dans la pratique il y a rarement des effectifs complets, ainsi M. de Cornillon major général de l'infanterie décompte, sur les 84 escadrons présent à l'armée de Westphalie en 1757, un effectif de 140 maîtres par escadrons.

        Le régiment des Carabiniers de Monseigneur le comte de Provence et les régiments de cavalerie étrangère ont une composition particulière qui sera détaillée, à chacun de ces régiments.

La charge de mestre de camp d'un régiment de cavalerie est très onéreuse aussi n'est elle accessible à la riche aristocratie. Autheville des Amourettes dans son Essais sur la Cavalerie donne le coût de chacun des régiments vers la période de la Guerre de Sept Ans. Ainsi des régiments comme Du Roy, Royal Roussillon, Royal Cravattes sont estimés 100 000 livres à alors que celui de Lusignan ou de Chabrillan ne vaut que 22 500 livres. Il est à noter que "les régiments étrangers ne se vendent point, pas plus que les compagnies de ces régiments". Le rang et la fortune compte alors plus que la valeur militaire, c'est d'ailleurs la période des "colonels à bavette " ainsi le régiment Royal Carabiniers est donné en 1758 au comte de Provence qui n'a que trois ans.

        Le capitaine est le propriétaire de la compagnie qu'il commande, tout comme dans l'infanterie la vénalité de la charge pervertit le système. L'ordonnance du 10 janvier 1719 fixe le prix des compagnies de cavalerie française des régiments de l'État Major ou Royaux a 10 000 livres et celle des autres régiments a 8 000 livres. C'est le capitaine qui est responsable du recrutement, aussi n'est-il pas regardant ni sur la qualité de la recrue ni des conditions dans lesquelles son engagement à été obtenu, le capitaine ayant tout intérêt à ménager ses hommes. Il en est de même pour les chevaux qui sont à la charge du capitaine et qu'il à soins de ménager. En 1762 Choiseul entreprend une vague de réforme en particulier en confiant à l'état-major du régiment la responsabilité du recrutement.

        Seules les charges de lieutenant colonel et de major ne se vendent pas elles sont en règle générale données par le Roi à des capitaines méritants mais pas assez fortuné pour acquérir celle de colonel. On conçoit que sans une fortune suffisante, ou sans les appuis à la cours certains brillants sujets abandonneront la carrière militaire.