par Simon Lamoral Le Pipre de Neuville

mise en page J-L Vial

Institution générale

J'avoue que le Père Daniel qui a donné dans sa Milice Française l'Histoire de la Gendarmerie, tant ancienne que moderne, ne peut être trop loué, ayant mis au jour un morceau aussi bien dirigé, qu'il est excellent surtout en ce qui regarde l'ancienne Gendarmerie; mais comme il n'entre presque pas dans le détail des actions de cet illustre Corps, rapportant en peu de mots, qu'il s'est trouvé aux batailles de Senef, de Montcassel, de Fleurus, de la Marsaille et de Spire. Je crois devoir instruire le Public de toutes les belles actions qu'il passe sous silence, ce qui pourra servir à faire connaître sa valeur, et donner des idées pour embellir avec le temps son histoire, en commençant cette narration depuis sa création, c'est à dire, depuis la Paix des Pyrénées, sous le règne de Louis XIV, telle que je l'ai fait pour la Maison du Roi; mais avant que d'entrer dans ce détail, il est nécessaire de rapporter ce que le Père Daniel dit de la Gendarmerie, qui existe aujourd'hui, passant sous silence l'ancienne, vu qu'elle n'a aucun rapport avec la moderne, et qu'elle diffère en tout, excepté le nom, j'espère qu'on m'excusera si je mets ici presque mot pour mot tout ce que cet Auteur dit de l'Institution, Service, Rang, Changements, Privilèges, &c. de la Gendarmerie; deux raisons m'y on engagé, la première, c'est que son livre de la Milice Française où je l'ai pris, n'est point entre les mains de tout le monde; la seconde est, que ce Traité m'a semblé très bon et fidèle; qu'il me serait impossible d'en donner une idée plus exacte; je me suis contenté d'ajouter ce que j'ai crû nécessaire, afin de donner une plus grande clarté à ceux qui n'ont pas étudié ces matières; ce Père qui considère la Gendarmerie Française depuis le commencement de la troisième race, la représente en quatre différents temps.

1° Telle qu'elle était depuis Hugues Capet jusqu'à Philippe Auguste

2° Depuis le règne de ce Prince jusqu'à Charles VII

3° Depuis Charles VII jusqu'au Règne de Louis le Grand

4° Telle qu'elle a été depuis la Pais des Pyrénées jusqu'à sa mort.

Je passe sous silence ces trois premiers temps, étant inutiles au sujet que je me suis proposé, qui est de ne parler que du Corps de la Gendarmerie, depuis la réformation de la plupart des Compagnies d'Ordonnance sous Louis XIV, ce qui ne m'empêchera pas de dire, comme en passant, que les Princes, les Connétables, les Maréchaux de France et plusieurs autres Seigneurs ont eut chacun leurs Compagnies d'Hommes d'armes et de Chevaux Légers, Charges qu'ils ont conservées jusqu'à la Paix des Pyrénées, auquel temps elles furent toutes supprimées, excepté les Gendarmes, Chevaux Légers de la Garde, Gendarmes et Chevaux Légers d'Orléans, et les Gendarmes Écossais. Le même Père Daniel fait observer qu'il y a une erreur dans l'État de la France jusqu'en 1676, touchant le dénombrement des troupes, ayant inscrit les Compagnies d'Ordonnances des Maréchaux de France, quoiqu'elles ne subsistassent plus, il fait aussi voir que les Compagnies de Gendarmes des siècles passés, étaient différentes en plusieurs choses de celles d'aujourd'hui.

1. En ce qu'il n'y avait point de Chevaux Légers dans la Gendarmerie, et qu'au contraire il y en a aujourd'hui; en ce temps là ajoute-t-il la Cavalerie était comme un genre qui se divisait, pour ainsi dire, en deux espèces tout à fait opposées, la Gendarmerie et la Cavalerie Légère, et l'une ne fit jamais partie de l'autre.
Suivant l'ancienne idée de la Gendarmerie, il n'y en aurait plus maintenant, et alors notre Gendarmerie aurait été appelée Cavalerie Légère, car selon la primitive signification de ces termes, le Gendarme ou Homme d'armes était ainsi nommé à cause de son armure complète de pied en cap, et le Chevaux Légers s'appelait ainsi par la raison contraire.

2. Parce que dans les Compagnies des Gendarmes du temps passé, il y avait des Archers, e dans ce temps ici il n'y a que des Gendarmes ou Chevaux Légers de même parure et avec des pareils Armes.

3. A cause que la Gendarmerie n'avait d'autres Officiers qu'un Capitaine, un Lieutenant, un Guidon ou un Enseigne, et maintenant ils ont des Sous -Lieutenants et des Cornettes.

4. C'est que sans parler de leur différence pour le nombre, soit des Compagnies, soit des hommes de chaque Compagnie, celles d'aujourd'hui n'ont point des Capitaines, mais seulement des Capitaines Lieutenants, qualité dont j'ai donné la notion ci-dessus.

Il faut observer que sous les règnes précédents, et même sous la plus grande partie de celui de Louis XIV, ces Compagnies de Gendarmes étaient de deux espèces approchant des régiments d'aujourd'hui; il s'en trouvait qui appartenaient à des Princes du Sang, d'autres de Gentilshommes, sçavoir à des Maréchaux de France, des Seigneurs ou Gentilshommes dont elles portaient le nom; ce qui causait souvent entre elles des disputes pour le service et le commandement. e fait est rapporté dans les Mémoires de Mr de Bussi Rabutin; je le copie ici mot pour mot, tel que le Père Daniel l'a mit dans sa Milice Française tome2 page 230.

" le 19 octobre dit-il, le Maréchal de Grammont alla loger à Landau, les troupes dans ses quartiers aux environs et la Gendarmerie dans Checelin, où je ne voulus pas demeurer, parce que le Maréchal voulut que son Lieutenant des Gendarmes commandât le quartier, le Comte de Tavanne Lieutenant des Gardes du Prince de Condé venant de partir de l'Armée.

Et en cette rencontre, continue-t-il, je serai bien aise de faire quelques réflexions sur l'embarras que faisait d'ordinaire dans les Armées un Corps de Gendarmes avec leurs prétendus Privilèges.

Premièrement ils ne faisaient jamais la garde du Camp, ils n'allaient jamais en parti; ils étaient incompatibles avec la Cavalerie Légère et avec l'Infanterie; un Guidon des Gendarmes prétendait commander l'Armée en l'absence des Officiers Généraux: enfin leurs chimères étaient insupportables.

Dans le Corps des Gendarmes étaient comprises les Compagnies de Chevaux-Légers d'Ordonnance des Princes du Sang, et c'était encore une autre dispute entre les Compagnies d'Ordonnances et les Gendarmes des Gentilshommes; le Prince de Condé et le Duc d'Enghien voulaient que leurs Lieutenants des Chevaux Légers commandassent aux Lieutenants des Gendarmes des Gentilshommes, et cela se pratiquait quand l'un ou l'autre commandait l'Armée; mais en leur absence, si un Maréchal de France commandait, et qu'il y eut une Compagnie des Gendarmes, ils prétendait que son Lieutenant commandât les Lieutenants des Chevaux Légers d'Ordonnance, et c'est ce qui m'empêcha de coucher au quartier de Checelin.

Il y avait même une dispute entre les Officiers du Prince de Condé et ceux du Duc d'Enghien son fils, celui qui commandait d'ordonnance l'Armée où servait les Gendarmes de leur Maison, voulait que son Lieutenant commandât le Sous Lieutenant du Prince de Condé; cependant cela était injuste: car le Sous Lieutenant d'une Compagnie des Gendarmes est au même degré que le Lieutenant d'une Compagnie qui n'a point de Sous Lieutenant; cela faisait que le Sous Lieutenant du Prince de Condé ne servait jamais.

Le Roi a mis depuis un bon ordre à tout cela, il a cassé toutes les Compagnies des Gendarmes et des Chevaux Légers d'Ordonnance, à la réserve de celles de la Famille Royale, lesquelles il a mis sous l'autorité du Colonel Général de la Cavalerie Légère, du Mestre de Camp Général, et du Commissaire Général: ainsi il n'y avait plus d'embarras en 1660.

Mr. de Bussi Rabutin ne parait cependant pas fondé touchant ce dernier fait, sçavoir que le Roi mit ces Compagnies d'Ordonnances sous l'autorité du Colonel de la Cavalerie Légère etc. parce que hors le visa et l'attache en quelque cas, dont je parlerai dans la suite, les Gendarmes ne dépendent en rien de ce Colonel. Au reste ce trait d'Histoire nous fait connaître non seulement les divisions qui régnaient parmi les troupes, mais encore le temps de la réformation des Compagnies de Gendarmes et de Chevaux Légers des Gentilshommes qui se fit immédiatement après la Paix des Pyrénées, de même que la différence qu'il y avait dans l'ancienne Gendarmerie avant sa réforme à la nouvelle; ce Corps est composé aujourd'hui de 16 Compagnies que je ferais connaître en parlant de leur rang; avant de parler de l'institution de chacune en particulier, il est absolument nécessaire de rapporter ce qu'elles ont en commun entre elles, de faire voir leur Service, leur Rang, leurs Changements, leurs Privilèges et la distinction qu'il y a entre les quatre premières et les six autres.

Convenances qui se trouvent entre les Gendarmes et les Chevaux Légers avec ce qu'il y a de particulier annexé aux 16 Compagnies.

Les Gendarmes et les Chevaux Légers ont plusieurs choses communes entre eux:

1. Que leurs Commandants ne portent point le titre de Capitaines, mais simplement celui de Capitaines Lieutenants.

2. Que ces deux Corps sont censés Compagnies d'Ordonnance, titre qu'ils ont dans la Maison du Roi, quoiqu'il ne se serait donné autrefois qu'aux Compagnies de Gendarmes.

3. Qu'ils font partie de la Maison du Roi à l'Armée formant Brigade avec elle.

4. Que leurs Officiers supérieurs sont égaux en nombre, c'est à dire, 4 dans chaque Corps, sçavoir deux Capitaines Lieutenants, deux Sous Lieutenants, avec 4 Maréchaux des Logis qui ont Brevet du Roi, deux Brigadiers, deux Sous Brigadiers, un Porte Étendart, et deux Fourriers.

Ce que les Gendarmes ont de particulier consiste en :

1.En ce que les Capitaines Lieutenants ne sont point obligés de prendre le visa, ni l'attache du Colonel Général de la Cavalerie Légère de France, comme les Chevaux Légers dont la commission porte qu'ils doivent servir sous l'autorité du Colonel Général et du Mestre de Camp Général de la Cavalerie Légère; au contraire le Roi envoie aux Maréchaux de France pour faire recevoir les Capitaines Lieutenants des Gendarmes, et quand Sa Majesté s'est trouvée à l'Armée, elle faisait recevoir ceux des quatre Compagnies à la tête des escadrons, mais tous leurs Officiers même les simples Gendarmes quand ils recevaient des Commissions de Mestre de Camp, sont aussi obligés de les faire viser par le Colonel Général de la Cavalerie et de prendre son attache.

2. En ce que les Compagnies des Gendarmes ont pour troisième et quatrième Officier un Enseigne et un Guidon, et qu'il n'y en a point dans les Chevaux Légers, mais simplement un premier et un second Cornette.

Service de la Gendarmerie

Lorsque ce Corps est à l'Armée, il campe à Gauche de la Maison du Roi, et obéit à celui qui commande cette Maison, qui à sous lui un Brigadier d'Armée pour commander ses douze Escadrons, et un autre Brigadier d'Armée qui est de la Gendarmerie qui commande les huit Escadrons de ce Corps. C'est l'un des deux Aides Majors des Gardes du Roi qui fait le détail des susdits douze Escadrons et des huit des Gendarmes, et qui donne l'ordre au Major de la Gendarmerie, quoiqu'il ne soit qu'Aide Major.

Quand on fait cinq Détachements, la Maison du Roi fournit trois fois le Commandant et la Gendarmerie deux fois par proportion de leur nombre; mais il faut remarquer, que les Maîtres de la Maison du Roi, soit Gardes du Corps, soit Gendarmes etc.., ne se mêlent point avec la Gendarmerie, et qu'ils sont toujours des Troupes séparées les unes des autres dans les Détachements.

Enfin à l'Armée, la Gendarmerie envoie un Gendarme d'Ordonnance chez le Colonel Général de la Cavalerie, ou chez celui qui la commande, de même que la Maison du Roi; on coule à fond pour cela, c'est le terme dont on se sert, et qui signifie que le premier Escadron de la Maison du Roi commence par envoyer une Garde d'Ordonnance, les onze Escadrons suivants font de même, ensuite le premier Escadron des Gendarmes, ensuite des autres, jusqu'à ce qu'on recommence avec le premier escadron de la Maison du Roi.

Si la Gendarmerie n'est point avec la Maison du Roi, elle a toujours la droite, et forme elle seule une Brigade, commandée par le plus ancien Brigadier d'Armée de ce Corps.

Autrefois elle se mêlait et roulait dans les Détachements avec la Cavalerie; mais il a été réglé depuis 1667 qu'elle ne le ferait plus; de sorte que lorsqu'un Mestre de Camp de Cavalerie à dans son Détachement, une ou plusieurs Troupes de Gendarmes, elles ont toujours le Poste d'honneur. Ce sont les Officiers de ce Corps qui commandent leurs Troupes détachées, et ils n'obéissent qu'au Commandant Général du Détachement.

Par exemple dans un Détachement un Enseigne des Gendarmes exécutera les ordres du Mestre de Camp commandant; mais de manière qu'il chargera avec sa Troupe, qu'il envoiera relever un Poste par un ou plusieurs Gendarmes, tandis que le Capitaine de Cavalerie exécutera de son côté les ordres avec ses Cavaliers, sans que cet Enseigne se mêle de lui commander, ni l'Enseigne au Capitaine.

Le Rang que la Gendarmerie tient entre elle.

Chaque Compagnie tient son rang du Prince qu'elle a pour Capitaine; les Gendarmes Écossais tiennent le premier rang entre les Compagnies à cause de l'ancienneté, ensuite celles des Anglais, Bourguignons et de Flandre, voilà les quatre premières Compagnies.

Les autres sont la Reine, Dauphin, Bretagne ci-devant Bourgogne, Berri, d'Orléans, puis suivent les Chevaux Légers; sçavoir ceux de la Reine, Dauphin, Bretagne ci-devant Bourgogne, Anjou, Berri et d'Orléans.

Distinctions des quatre premières Compagnies

La différence qu'il y a entre les quatre premières Compagnies, sçavoir celles des Écossais, Anglais, Bourguignons et de Flandre, d'avec les autres, c'est qu'elles ont le Roi pour Capitaine; c'est pourquoi elles sont nommées Gendarmes du Roi, elles ne portent un nom particulier, que pour les distinguer entr'elles. Il ne faut pas confondre les Gendarmes Bourguignons qui composent la troisième Compagnie, avec ceux de Bourgogne, qui ont été créés plusieurs années après pour feu Mr. le Duc de Bourgogne, et qui ont pris ensuite le nom de Bretagne.

Il y a eut un temps ou chaque Compagnie composait un Escadron, parce que ces Compagnies étaient beaucoup plus nombreuses, qu'elles ne l'ont été par la suite, même celles de feu Monseigneur faisaient chacune deux Escadrons, à cause qu'elles étaient, tant les Gendarmes que les Chevaux Légers de deux cent quatre-vingt Maîtres, surtout celle des Gendarmes qui fût toujours le double des autres, jusqu'à la Paix de Nimègue, en sorte qu'elle était à 280 quand les autres n'étaient qu'à 140.

Chacune de ces Compagnies avait pour Officier, un Capitaine Lieutenant, un Enseigne, un Guidon, 4 Maréchaux des Logis, 4 Brigadiers, autant de Sous Brigadiers, un Porte Étendart, un Porte Guidon, un Timbalier, deux Trompettes.

Les Chevaux Légers avaient les mêmes Officiers excepté qu'au lieu de l'Enseigne et du Guidon il y avait un Cornette, par la suite deux, et au lieu du Porte Étendart et du Porte Guidon, deux Cornettes.

Tout Capitaine Lieutenant d'une des 16 Compagnies, a droit de commission de Mestre de Camp, et les quatre Capitaines des quatre premières Compagnies ont dès leur jour de réception le rang et le pas devant tous les Mestre de Camp de Cavalerie; les Sous Lieutenants des quatre premières Compagnies commandent à tous Capitaines de Cavalerie, les sous Lieutenants des autres Compagnies roulent par date de commission, de même des Enseignes avec les Lieutenants de Cavalerie, les 4 premiers les commandent, les autres roulent de même pour les Guidons avec les Cornettes de Cavalerie: mais ordinairement par égard pour ce Corps, l'on ne détache les Sous Lieutenants qu'avec des Capitaines du Corps; et avec les Colonels l'on ne détache que des Enseignes ou des Guidons.

Le Roi accorde souvent aux Sous Lieutenants de la Gendarmerie des commissions de Mestre de Camp de Cavalerie et même souvent à des Enseignes: le service du Corps se fait par rang des Charges: mais quand il se trouve quelque Cavalerie, jointes dès le même moment les Officiers roulent entre eux par le rang qu'ils ont dans la Cavalerie sans avoir égard au rang de leurs Charges.

La première Compagnie des Écossais a le pas immédiatement après les Chevaux Légers de la Garde devant les Mousquetaires, et les 15 autres roulent après les Mousquetaires.

Tout Capitaine de Gendarmerie commande aux Lieutenants des Gardes du Corps et roulent avec les Capitaines des Écossais, commandent à ceux des Mousquetaires; Les Sous Lieutenants, Enseignes, Guidons, Cornettes et Maréchaux des Logis de la Gendarmerie roulent avec les Lieutenants, Enseignes des Gardes, et avec les Sous Lieutenants, Enseignes, Guidons, Cornettes et Maréchaux des Logis des Gendarmes et Chevaux Légers de la Garde et des Mousquetaires, observant que les Officiers des Écossais commandent à ceux des Mousquetaires à pareil rang des Charges, c'est-à-dire de Sous Lieutenant à Sous Lieutenant, et ainsi des autres.

Changements arrivés dans la Gendarmerie

Après la Paix de Nimègue, toutes les Compagnies furent réduites à 50 Maîtres, elles avaient un Timbalier et un Trompette.

On fit alors escadronner les Gendarmes Écossais avec les Anglais, ceux de Flandre avec les Bourguignons.

Les Chevaux Légers de la Reine, avec les Gendarmes de la Reine.

Les Chevaux Légers Dauphins et les Gendarmes d'Anjou avec les Gendarmes Dauphins.

Les Chevaux Légers d'Orléans avec les Gendarmes d'Orléans, ce qui composait en tout seulement cinq Escadrons; pendant la Guerre de 1689 les Escadrons furent composés d'une autre manière, et on voulut que les quatre Compagnies du Roi, c'est à dire l'Écossaise, l'Anglaise, la Bourguignonne et celle de Flandre fussent chacune chef d'escadrons, ce qui changea la manière d'escadronner.

Avant la Bataille de Fleurus le Capitaine Lieutenant d'une Compagnie de Chevaux Légers était seul obligé d'entretenir sa Compagnie; dans les Compagnies de Gendarmes, le Capitaine Lieutenant était obligé d'entretenir un certain nombre de Gendarmes, les autres Officiers à proportion: mais à présent le Capitaine Lieutenant est obligé d'entretenir la moitié de la Compagnie et les Sous Lieutenants l'autre.

Les appointements des Capitaines sont de 4660 livres, des Sous Lieutenants de 3000 livres, des Enseignes, Guidons et Cornettes de 1080 livres, du Major 3080, de l'Aide Major de 1080.

Les Pensions des Capitaines sont de 4500 livres, des Sous Lieutenants de 3000 livres, des Enseignes, Guidons et Cornettes de 2250, du Major de 3000 livres, de l'Aide Major de 2250.

Après la Bataille de Fleurus en 1690, Louis XIV augmenta la Gendarmerie de quatre Compagnies qui furent celles des Gendarmes et Chevaux Légers de Bourgogne aujourd'hui de Bretagne, et celles des Gendarmes et Chevaux Légers de Berri, alors il y eut 16 Compagnies ce qui subsiste encore maintenant, elles furent mises sur le pied de 80 Maîtres y compris le Brigadier et le Sous Brigadier, et dans chaque Compagnie des Chevaux Légers on doubla le Cornette; tout le Corps fut composé de huit Escadrons, et l'on fit escadronner d'une manière différente, comme chaque Escadrons est de deux Compagnies, il y a dans chaque deux Étendarts ou un Cornette et un Étendart.

Une Compagnie est composée de deux Brigades qui ont chacune leur Trompette surnuméraire comme dans la Maison du Ro: il me reste maintenant parler de l'Institution de chaque Compagnie en particulier, mais je ne traiterai que de celle de la Compagnie Écossaise; pour les autres le Lecteur en sera instruit à la tête de la Chronologie de chaque Compagnie.

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 JeanLouis Vial