A l'entrée en guerre en 1756, l'infanterie française se compose des Gardes Françaises, des Gardes Suisses, de 80 régiments français, de 32 régiments étrangers (10 suisses, 12 allemands, 7 irlandais, 1 écossais, 2 italiens) ainsi que des Grenadiers de France. Tout au long du conflit avec les créations, les licenciements et les regroupements de régiments, le nombre total de régiments restera à peu près constant.

Au cours de la Guerre de Sept Ans les troupes vont se répartirent selon trois zones de conflits. Tout d'abord en Europe ou se concentre le gros des troupes. Puis dans les colonies ou l'on envoie de l'infanterie, principalement au Canada et en Inde, mais également à la Martinique, Saint Domingue... .soit un total de 22 régiments affectés au service outre-mer. Enfin quelques régiments sont envoyés sur les côtes françaises, essentiellement des régiments de dragons et d'infanterie pour prévenir une incursion maritime anglaise.

La France comme les autres nations entretient à sa solde des régiments étrangers. A leur propos Choiseul disait " l'acquisition d'un soldat étranger équivaut à trois hommes: celui qu'on achète, celui qu'on empêche l'ennemi d'acheter et le français que l'on conserve à l'agriculture". Les origines historiques de ces troupes diffèrent selon le pays dont elles sont issues. Les troupes allemandes et liégeoises sont le reflet de la recherche d'influence de la France sur ses frontières du nord-est en particulier auprès des petits états catholiques. Les troupes irlandaises et écossaises nous viennent de notre ennemi commun " l'anglais ". Les suisses constituent un cas particulier car les retrouve aussi bien au service de l'Autriche, de la France, de la Prusse, de l'Espagne ou des petits états d'Italie. Leur recrutement se fait par capitulation entre un canton et un souverain, on dit alors du régiment qu'il est avoué par le canton. Il s'agit soit d'un accord direct d'un état avec un canton, soit un colonel lève un régiment et se met au service d'un état avec l'approbation du canton. Les suisses constituent des troupes exigeantes elles n'en sont pas moins d'une fidélité et d'une vaillance à toute épreuve.

Dès la fin de la guerre le duc de Choiseul nouveau ministre de la guerre, réduit le nombre des régiments tout en conservant les effectifs, par augmentation du nombre des bataillons de chacun des régiments. L'infanterie se compose alors des 2 régiments des Gardes Françaises et Suisses, de 60 régiments français, de 25 régiments étrangers et des Grenadiers de France. De même en supprimant la vénalité des compagnies des capitaines Choiseul en réduit le nombre passant de 17 à 9 compagnies par bataillon. Toujours dans le souffle des réformes, il supprime définitivement les régiments de gentilshommes qui prennent le nom de provinces, seuls persistent aux cotés des régiments provinciaux, les régiments royaux et ceux des princes de sang royal.


ORGANISATION DES RÉGIMENTS D'INFANTERIE
AU SERVICE DE LA FRANCE

INFANTERIE FRANÇAISE

La plupart des régiments sont à 1 ou 2 bataillons, exceptionnellement à 3 ou 4 bataillons. La guerre met en évidence la faiblesse des régiments constitués d'un seul bataillon, la réorganisation de l'armée de décembre 1762 réduit le nombre total régiments tout en augmentant le nombre de bataillons de chaque régiment conservé

Depuis le 1er août 1755 chaque bataillon est composé de 16 compagnies de fusiliers, 1 de grenadiers et d'un état-major. Puis l'ordonnance du 17 août 1757 porte chaque bataillon à 17 compagnie par augmentation d'une compagnie de fusiliers. L'état-major comprend 1 colonel, 1 lieutenant colonel, 1 major, 1 aide-major, 1 aumônier et 1 chirurgien. L'ordonnance du 1er janvier 1755 rétablit le privilège pour le colonel et le lieutenant colonel de commander les deux plus anciennes compagnies, possibilité qui avait été supprimée en février 1749. Les compagnies de fusiliers se composent de 1 capitaine, 1 lieutenant, 2 sergents, 3 caporaux, 3 ansepessades, 31 fusiliers, 1 tambour. La compagnie de grenadiers comporte 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 2 sergents, 3 caporaux, 3 ansepessades, 36 grenadiers et 1 tambour. Selon le règlement le capitaine des grenadiers ne doit pas dépasser 45 ans, de même le lieutenant, sous-lieutenant et les 2 sergents ne doivent pas avoir plus de 40 ans

L'effectif théorique d'un bataillon est de 685 hommes et de 35 officiers, mais les compagnies ne sont jamais au complet. L'insuffisance du recrutement, les tués, les blessés et les malades, les déserteurs, les prisonniers réduisent d'autant les effectifs. En mai 1757 un rapport de M. de Cornillon major général de l'infanterie donne un effectif moyen de 550 hommes par bataillons en campagne. Afin de compléter ces effectifs une ordonnance du 1er mai 1757 autorise d'enrôler jusqu'à cinq étrangers dans les régiments d'infanterie française. A noter que les grenadiers postiches sont des " fusiliers que l'on incorpore aux compagnies de grenadiers quand le nombre n'en est pas assez grand pour le service que l'on exige ". C'est le plus souvent parmi eux que l'on tirera ensuite les grenadiers. L'ordonnance du 8 avril 1718 impose au le capitaine des grenadiers de verser la somme de 25 livres au capitaine des fusiliers dont il prend le soldat afin de permettre la levée d'un autre homme.

Certains régiments ont le privilège d'assurer leur propre justice militaire, on dit alors de ces régiments qu'ils ont prévôté ou grand état-major La prévôté augmente l'état-major d'un auditeur, un prévôt, un greffier, un exécuteur de justice et un ou deux archers qui sont les aides de l'exécuteur.

A leur retour en France en 1760, les régiments qui ont servis au Canada sont décimés. Ils sont réorganisés par l'ordonnance du 1er février 1761 applicable au 1er avril 1761. Ainsi les régiments La Reine, La Sarre, Royal Roussillon, Languedoc, Guyenne, et Béarn voient leurs effectifs réduits à une compagnie de grenadiers de 40 hommes et 12 compagnies de fusiliers de 20 hommes seulement.

INFANTERIE SUISSE & GRISONNE

Ils représentent 9 régiments à l'entrée en guerre, puis 10 régiments après la levée du régiment d'Eptingen en février 1758. Depuis l'ordonnance du 1er avril 1756 les régiments suisses sont à 2 bataillons de 6 compagnies et la compagnie de 120 hommes y compris les officiers. Ce qui fait un effectif théorique 13 800 hommes en 1758. Chaque compagnie comprend 1 capitaine, 1 capitaine lieutenant, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 enseigne, 3 sergents, 1 fourrier, 1 porte enseigne, 1 capitaine d'arme, 1 prévôt, 4 caporaux, 4 ansepessades, 100 fusiliers y compris les fifres et les tambours.

INFANTERIE ALLEMANDE

A l'entrée de la guerre de Sept Ans on compte 12 régiments allemands à 1, 2 ou 3 bataillons. Chaque bataillon se compose de 6 compagnies et la compagnie de 85 hommes.

L'état major se compose de: 1 colonel et 1 lieutenant-colonel ayant compagnie, 1 major, 1 aide-major par bataillon, 1 interprète, 1 aumônier, 1 chirurgien, 1 auditeur, 1 prévôt, 1 greffier, 1 tambour major, 2 archers, 1 exécuteur de justice. Chaque compagnie est commandée par 1 capitaine, 1 capitaine en second, 1 premier lieutenant, 2 lieutenants et 1 lieutenant en second qui dans les première et deuxième compagnies sert pour porter le drapeau. La compagnie se compose encore de 3 sergents, 1 fourrier, 2 capitaines d'armes, 1 fourrier-schutz, 3 caporaux, 1 charpentier de profession, 2 tambours, 6 ansepessades, 6 grenadiers et 61 fusiliers. Les ordres sont donnés en allemand.

L'ordonnance du 27 février 1760 réorganise toute l'infanterie allemande. " Sa Majesté ayant reconnu que dans son infanterie allemande il y a plusieurs régiments trop faibles pour pouvoir se soutenir en campagne, à juger à propos de les renforcer en y incorporant d'autres régiments de cette nation." Ainsi les régiments d'Alsace, Anhalt, La Mark, Royal Suédois, Royal Bavière, Nassau et Royal Deux-Ponts augmentent d'un bataillon tandis que Lowendhal, Bergh, Saint Germain, la Dauphine et Royal Pologne sont supprimés. Le premier bataillon de Lowendhal est incorporé dans Anhalt, le second bataillon est incorporé dans La Mark. De même Bergh est versé dans Alsace, Saint Germain dans Nassau, la Dauphine dans Royal Bavière et Royal Pologne dans Royal Suédois. Le régiment d'Alsace compte alors 4 bataillons alors que les autres régiments allemands sont à 3 bataillons. Chaque bataillon est à 9 compagnies dont 1 compagnie de 52 grenadiers et 9 compagnies de 79 fusiliers, soit 684 hommes par bataillons. Désormais il n'y a plus que trois officiers dans les compagnies, sçavoir: 1 capitaine, 1 lieutenant en pied et 1 sous lieutenant. Mais comme les colonels propriétaires, lieutenants colonels, colonels commandants de bataillons conservent une compagnie, le Roi donne à chacune de ces compagnies un capitaine lieutenant qui jouit des prérogatives de capitaine en pied. Les capitaines en second et les second lieutenant attachés précédemment à chaque compagnie y restent, mais on ne les remplace pas, " l'intention de Sa Majesté étant de laisser s'éteindre ces emplois ".Les régiments conservent leur grand état major et on y crée un sous aide major par bataillon. Le régiment Royal Deux-Ponts a un colonel lieutenant outre le colonel propriétaire et le colonel commandant. Sa Majesté crée encore deux enseignes porte drapeaux par bataillons, on les tire du corps des sergents et ils ont rang d'officiers. Après la réforme de 1760 l'effectif théorique des régiments allemands est de 19 152 hommes.

INFANTERIE IRLANDAISE & ÉCOSSAISE

Depuis l'ordonnance de janvier 1757, chaque régiment est à un bataillon de 70 hommes répartis en 13 compagnies, 1 compagnie de grenadiers 45 hommes et 12 compagnies de 55 hommes non compris les officiers.

L'état-major se compose de 1 colonel et 1 lieutenant-colonel sans compagnie, 1 major, 1 aide-major, 1 aumônier, 1 chirurgien-major, 1 maréchal-des-logis et l'interprète. Les compagnies de fusiliers: 1 capitaine, 1 capitaine en second, 1 lieutenant, 1 lieutenant en second, 3 sergents, 4 caporaux, 4 ansepessades, 43 fusiliers et 1 tambour. La compagnie de grenadiers: 1 capitaine, 1 capitaine en 2nd, 1 lieutenant, 1 lieutenant en 2nd, 2 sergents, 3 caporaux, 3 ansepessades, 36 grenadiers et 1 tambour. Notons que les ordres sont donnés en anglais et l'ordonnance du 5 mai 1755 en donne la traduction réglementaire. Le régiment Royal Écossais qui incorpore le régiment d'Albany par l'ordonnance du 20 décembre 1748 possède 2 interprètes.

Les régiments Rooth et Berwick obtiennent par l'ordonnance du 25 décembre 1758 le privilège d'avoir la prévôté qui comprend un prévôt et son lieutenant, un greffier, cinq archers et un exécuteur de justice. Il y a pour porter le drapeau 2 enseignes par régiment ainsi que 12 cadets.

INFANTERIE ITALIENNE

Les régiments Royal Italien et Royal Corse sont réorganisés par l'ordonnance du 29 janvier 1757 à un bataillon de 685 hommes répartis en 9 compagnies dont 1 de grenadiers et 8 de fusiliers.

L'état major des régiments se compose de: un colonel et lieutenant-colonel sans compagnie, 1 major, 1 interprète, 1 aumônier, 1 tambour major. Ils ont la prévôté depuis l'ordonnance du 25 février 1758 ce qui augment l'état major de: 1 prévôt et son lieutenant, 1 greffier, 5 archers et 1 exécuteur de justice.

La compagnie de grenadiers comprend: 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 lieutenant en second, 3 sergents, 3 caporaux, 5 ansepessades, 33 grenadiers et 1 tambour.

Chaque compagnie de fusiliers se compose de: 1 capitaine, 1 capitaine en 2nd, 1 lieutenant, 1 lieutenant en second, 5 sergents, 5 caporaux, 7 ansepessades, 15 appointés, 46 fusiliers et 2 tambours.

INFANTERIE LIÉGEOISE

Il s'agit de deux régiments levés en 1757 par le comte de Horion et le baron de Vierzet.
Chaque régiment est à 2 bataillons et s'organise comme l'infanterie allemande à la seule différence qu'il y à un enseigne chargé de porter le drapeau au lieu d'un lieutenant en 2nd dans les deux premières compagnies. Chaque bataillon est à 6 compagnies et la compagnie de 85 hommes.

L'état major comprend un colonel, un lieutenant-colonel, 1 major, 1 aide-major par bataillon, 1 aumônier, 1 chirurgien, 1 auditeur, 1 prévôt, 1 greffier, 1 tambour major, 2 archers, 1 exécuteur de justice.
Chaque compagnie est commandée par 1 capitaine, 1 capitaine en second, 1 premier lieutenant, 2 lieutenants et 1 lieutenant en second qui dans les première et deuxième compagnies sert pour porter le drapeau.
La compagnie se compose encore de 3 sergents, 1 fourrier, 2 capitaines d'armes, 1 fourrier schutz, 3 caporaux, 1 charpentier de profession, 2 tambours, 6 ansepessades, 6 grenadiers et 61 fusiliers.