par Jean-Louis Vial Au cours de la guere de sept ans jamais Louis XV ne participera directement aux campagnes militaires. C'est donc un général en chef qui exerce le commandement à l'armée. On conçoit aisément que l'autorité de Louis XV qui s'exerce depuis Versailles sur les officiers généraux se fait avec beaucoup plus de difficulté que celle de Frédéric II présent à l'armée, sur les champs de bataille au côtés de ses officiers et de ses troupes. Dans toutes les armées de l'époque: France, Angleterre, Autriche on constate la même inflation d'officiers généraux, comparativement Frédéric II n'est entouré que d'un état major "relativement" réduit. L'armée française comprend tellement d'officiers généraux qu'il faut établir un roulement dans les commandements qui ne durent parfois qu'une journée, entraînant conflits, jalousies entre les différents officiers de l'état-major. Pour exemple; l'armée du Bas-Rhin en 1757 qui ne comporte que 30 brigades mais dont l'état-major comprend 44 lieutenants-généraux, 61 maréchaux de camps et 86 brigadiers. Au sein de l'état major, à coté des militaires, les civils et tout particulièrement le service de l'intendance représente un pouvoir très important par lequel l'autorité Royale peut imposer ses vues. Feuquières dans ses mémoire précise " l'intendant a le secret de la cour comme le général". Versailles est loin des champs de bataille du Hanovre ou du Palatinat et paradoxalement c'est parfois moins par les chefs militaires que par le service de l'intendance que s'exerce réellement l'autorité royale au sein de l'armée en campagne tant à l'état-major de l'armée qu'à Versailles avec l'influence de grand commis de l'état comme les Pâris Duverney. L'administration et l'organisation de l'armée de la Guerre de Sept Ans est la même que celle mise en place par Louvois. L'état-major d'une armée fonctionne selon plusieurs niveaux: tout d'abord le conseil de guerre qui détermine la stratégie militaire les places à investir, la progression de l'armée, l'ordre de bataille ..., il est restreint au général en chef de l'armée, au maréchal général des logis de l'armée pour l'état des troupes et aux officiers de Jour. On trouve ensuite un état major plus administratif associant les mêmes officiers que ceux du conseil de guerre aux officier de l'état major de la cavalerie et l'état major de l'infanterie avec à sa tête le Major Général de l'infanterie auquel sont soumis les états majors de l'artillerie et du génie et enfin l'intendant. LE SECRÉTARIAT D'ÉTAT À LA GUERRE Équivalent du ministre de la
guerre, ce poste est occupé par le comte d'Argenson
de 1743 à 1757. Entré en disgrâce
après l'attentat de Damien il réussit à
y installer son neveu le marquis de Paulmy qui ne restera
à ce poste que quelques mois emporté par la
défaite de Rossbach en décembre 1757. C'est le
Maréchal duc de Belle-Isle qui lui succède,
par sa brillante carrière militaire passée on
espère que son autorité s'affirmera sur les
officiers, mais il est âgé et ne se remettra
pas de la mort de son fils le duc de Gisors à la
bataille de Crefeld. Après la mort du Maréchal
de Belle-Isle en 1761 c'est le duc de Choiseul qui lui
succède, il occupe déjà le poste de
Secrétaire d'État aux affaires
étrangères et obtient de cumuler
également ceux de Secrétaire d'État
à la marine et de Secrétaire d'État
à la guerre cumul qui lui permettra d'entreprendre un
ensemble de réformes dans l'armée
française, de reconstruire une marine. MARÉCHAL DE FRANCE C'est la plus haute distinction
militaire, tout les généraux nommés par
le roi à la tête de l'armée d'Allemagne
seront fait Maréchal de France à cette
occasion. A l'entrée de la guerre de sept ans on
compte 9 maréchaux de France. Durant la Guerre de Sept Ans, il y aura
13 nouvelles promotions : Le doyen des maréchaux à un corps de garde tiré de la compagnie de la Connétablie. Chaque maréchal de France à une garde de 50 hommes et 2 sergents, 1 tambour, 1 capitaine, 1 lieutenant et un enseigne avec un drapeau.Cette garde est tirée du plus ancien des régiments présent à l'armée ou dans la garnison ou séjourne le Maréchal de France. LIEUTENANT GÉNÉRAL C'est le grade immédiatement
inférieur au maréchal de France et
supérieur au maréchal de camp, cette charge
apparaît en 1638 sous Louis XIII. En 1758 on ne compte
pas moins de 172 lieutenants généraux
toutefois tous ne sont pas en exercice en effet " ce grade
n'est point une simple commission et celui qui en est pourvu
en conserve le titre toute sa vie, même n'en faisant
plus les fonctions. Il faut aux lieutenant
généraux à chaque campagne une lettre
du Roi qu'on appel lettre de service adressée au
général sous lequel ils sont employés
sans quoi ils ne seraient pas reconnus ". Leur nombre impose
un roulement, en particulier quotidiennement le
Général de l'armée en choisit trois,
deux pour commander la cavalerie aux ailes et un pour
commander le corps d'infanterie, le plus ancien des
lieutenants généraux à le commandement
sur les deux lignes de cavalerie situées à la
droite, le second sur les deux lignes de cavalerie formant
l'aile gauche, le dernier commande les deux lignes
d'infanterie placé au centre, il n'ont pas de poste
fixe et " peuvent se mettre à la tête des
troupes qu'ils jugent à propos dans l'étendue
de leur commandement." Lorsqu'ils ne sont pas de jour ils
ont un poste fixe sur la ligne et ils marchent avec le corps
auquel ils sont attachés suivant l'ordre de bataille.
Quand la troupe marche ils commandent une colonne, dans un
siège un quartier et quand il est de Jour une attaque
à la tête de plusieurs brigades. S'il commande à l'armée ou dans une province sous un autre chef, ou s'il est seulement employé par lettre de service le Lieutenant général à droit à deux aides de camp et une garde de 30 hommes dont un tambour commandés par un capitaine et un sergent. MARÉCHAL DE CAMP Là encore la pléthore d'effectif nécessite un roulement dans l'attribution de cette charge, le maréchal de camp du Jour reçoit l'Ordre du lieutenant général et le distribue ensuite au major général de l'infanterie, au maréchal général de la cavalerie, au major général des dragons, au major de l'artillerie, au préposé du général des vivres, au capitaine des guides, au prévôt de l'armée pour ce qui les concerne chacun en particulier. Le maréchal de camp du jour règle le campement et le logement de l'armée, de même lorsque l'armée décampe il prend les devants pour reconnaître le pays et ayant déterminé la forme et l'étendue du camp il en laisse l'application au maréchal des logis de l'armée et au major général de l'infanterie. C'est lui qui détermine l'ordre de bataille mais il ne commande pas de troupes lors des combats. Lorsqu'ils ne sont pas de Jour les maréchaux de camp on poste fixe au sein du corps d'armée, ils y commandent une brigade. Depuis le règlement de 1688 quand un officier est parvenu à ce grade il doit vendre son régiment " mais cela est sujet à exeptions ". Le maréchal de camp qui commande en chef dans une province à 15 hommes de garde avec un sergent mais sans tambour, quand il sert à l'armée ou qu'il commande un corps de troupe il à 30 hommes, plus un capitaine et un tambour. MARÉCHAL DES LOGIS La fonction générale du maréchal des logis quelque soit sont niveau d'application est de veiller à la bonne conduite des troupes dont il à la charge. Au sommet de cette hiérarchie on trouve le Maréchal Général des Logis des Camps et Armées du Roy, il exerce cette charge de façon permanente aussi bien en temps de paix que pendant la guerre. Durant la guerre de sept ans il existe 3 charges de Maréchal Général des Logis des Camps et Armées, elles sont tenues par le baron de Lieuray, M. Charpentier d'Ennery et M. Poisson de Malvoisin. Lorsque qu'un corps d'armée est formé on lui adjoint un maréchal des logis de l'état major, il à la responsabilité de la marche des troupes, de l'établissement des campements, de la distribution du fourrage. Il tient un état des troupes et un ordre de bataille. Le maréchal général des logis de l'armée est sous les ordres du maréchal de camp, il marche au campement avec le maréchal de camp du jour. Il existe sa suite toute une hiérarchie de maréchaux des logis selon le corps de troupes concerné avec dans l'ordre hiérarchique: le maréchal général des logis de la gendarmerie, puis le maréchal général des logis de la cavalerie qui à sous ses ordres un maréchal des logis de la cavalerie, ensuite vient le major général de l'infanterie, le major de l'artillerie, le major général des dragons. Lors des marches le Maréchal des Logis de l'armée marche avec l'avant-garde, on lui adjoint un détachement de cavalerie, d'infanterie et de dragons qui vont délimiter avec de petits piquets les emplacements qu'occupera chaque bataillons ou escadrons. BRIGADIER Le brigadier est un officier qui en vertu d'un brevet devient supérieur à un colonel ou à un mestre de camp. Il est destiné à commander une brigade d'infanterie de 4 à 6 bataillons ou un brigade de cavalerie ou de dragons de 5 à 8 escadrons. Pour régler les nombreux conflits de préséance, selon les ordonnances du 17 février 1753 pour l'infanterie et du 1er mars 1757 pour la cavalerie, c'est le brigadier le plus ancien à ce grade qui commande la brigade. Notons encore que comme pour le lieutenant général, si le titre de brigadier est définitif, pour l'exercer à l'armée son titulaire doit être muni d'une "lettre de service" . Les brigadiers ne sont officiers généraux que dans les corps ou ils commandent. A l'armée on établit un roulement entre les brigadiers pour désigner le brigadier de piquet qui doit visiter les postes et les piquets, il nomme un colonel, un lieutenant colonel et un major de piquet chargés de placer et de visiter les gardes et de veiller à la discipline du camp. Seul le brigadier de piquet assiste au conseil de guerre de l'armée. Les brigadiers n'ont pas d'aide de camp pour porter leurs ordres mais un major de brigade qui fait exécuter les ordres du brigadier dans l'étendue de sa brigade seulement. Le brigadier commandant en chef d'un corps de troupe à droit pour sa garde 15 hommes et un sergent sans tambour, et s'il commande une brigade sa garde est de 10 hommes et un caporal. MAJOR GÉNÉRAL Le major du plus ancien régiment d'infanterie qui réside à l'armée fait office de major général de l'infanterie. Le major du régiment des Gardes Française est toujours de plein droit major général s'il se trouve à l'armée . Le major général prend l'Ordre du maréchal de camp du Jour et le distribue aux majors de brigade. Il visite les gardes à la parade et les piquets dans leurs camps, il distribue à chaque major de brigade le terrain pour le campement de sa brigade. Il donne au général de l'armée et aux officiers généraux un état des postes qu'occupe l'infanterie. De la même façon il existe un major général de la cavalerie et un major général des dragons, ils exercent dans leurs corps respectifs les mêmes fonctions que le major général de l'infanterie dans le sien. Les corps de la Maison du Roi et de la Gendarmerie du Roi qui roulent en brigade ont chacune un major général qui leur est propre. Le major le plus ancien des régiments qui forment une brigade est major de brigade, il va à l'Ordre chez le major général qu'il transmet ensuite aux majors et aides major des bataillons. Le jour des marches les majors de brigade suivent le maréchal de camp du jour, ils sont de piquet à tour de rôle. PRÉVÔT GÉNÉRAL DE L'ARMÉE Le prévôt de l'armée exerce à la fois une fonction de police et une fonction de justice prévôtale. Il arrête tous ceux qui sont en infraction avec les ordonnances. C'est lui qui à la responsabilité des prisonniers ennemis.Il a la discipline de tous les non militaires excessivement nombreux qui suivent l'armée ( vivandiers, valets...). C'est lui qui "met le taux aux denrées" c'est à dire en fixe le prix, c'est également lui qui perçoit les taxes sur les ventes de vin, bière...(pour plus de détails voir l'article Maréchaussée et Justice Militaire) VAGMESTRE GÉNÉRAL Le vaguemestre général est
chargé de la conduite de tous les équipages de
l'armée, il accompagne le maréchal des logis
de l'armée lorsqu'il va reconnaître les
marches. AIDES DE CAMP Les officiers supérieur ont pour
les aider dans leurs taches des aides de camp qui sont des
officiers de l'État major. A cette époque il n'existe pas encore de formation permanente de guides attachés aux états majors, par contre l'état major de l'armée comprend un Capitaine des guides qui est chargé de recruter des guides à pied ou à cheval pour le service de l'armée. Bien qu'occupée par un officier cette fonction n'est pas une charge militaire et ne dure que le temps des campagnes. Les compagnies qu'il fait lever sont de créations éphémères, recrutées parmi la population locale elles connaissent bien le pays, mais à mesure que l'armée fait quelques mouvements, qui l'éloigne des lieux et des chemins que ces guides connaissent, le capitaine des guides doit en chercher d'autres. Le recrutement de civils étrangers, parfois contraints par la force ne permet pas de leur confier certaines missions de confiance aussi seront créés selon les nécessité de petites formations militaires, composées également d'étrangers enrôlés ce qui les fait souvent assimiler aux troupes légères. Elles ne sont pas destinées au combat mais affectées au service de l'état-major sous les ordres du Maréchal général des logis de l'armée, elles sont chargées de " porter les différents ordres qui demandent célérité aux différents postes de l'armée, de porter les lettres d'un quartier à un autre, de reconnaître les routes avec les troupes légères, de conduire des colonnes et des détachements, de faire préparer les voies de passage, les terrains de campement". Ainsi au cours de la Guerre de Sept Ans deux compagnies de guides vont être officiellement levées: les fusiliers-guides de Plinchamp en décembre 1756, puis les fusiliers-guides de Metzenius en février 1761. INTENDANT ET COMMISSAIRE DES GUERRES Au coté des militaires, au sein de l'état-major, il existe toute une hiérarchie administrative qui est chargée de la subsistance, du contrôle, du paiement des troupes. C'est la charge de l'intendant de l'armée. S'il n'assiste pas au conseil de guerre et n'intervient pas dans les stratégies militaires, il a un rôle non négligeable sur le déroulement général des campagnes. L'intendant nommé est soit un maitre des requêtes soit un commissaire ordonnateur, dans ce cas il n'est pas intendant de justice n'ayant pas le grade requis pour exercer les fonctions judiciaires. Aucun texte ne fixe l'étendue des pouvoirs des intendants ou des commissaires royaux, leurs compétences varient selon leurs missions et leur personnalité. " C'est le Roi lui même présent à l'armée dans la personne de l'intendant", ce dernier se conforme toujours aux ordres se son souverain, ce qui n'est pas toujours le cas des généraux souvent indociles. L'intendant doit faire respecter les ordres du Roi tant par les militaires, du général au soldat que par les civils attachés à l'armée et chargés de son administration ( commissaires, contrôleurs, commis, trésoriers ..) Parmi les grands rôles de
l'intendant on le voit: On le voit l'intendant à un rôle prépondérant à l'armée et la place hiérarchique d'un officier civil avec autant de pouvoir au coté d'un militaire n'est pas sans poser des problèmes d'autorité. Et pour bien situer l'importance qu'accorde le Roi aux intendants, par l'ordonnance du 4 avril 1664 le Roi leur donne le droit de marcher en toutes occasions à la gauche du commandant du corps dont ils ont la police et de prendre leurs logement immédiatement après le sien. Plus que sur les militaires le Roi peut compter sur la loyauté de son administration à défaut d'une honnêteté sans faille. L'intendant nommé se constitue un
bureau qui va l'aider dans la gestion de toutes les taches
administrative dont il a la charge. Ainsi à la suite
de l'intendant viennent les commissaires des guerres qui
leurs sont subordonnés et qui vont faire appliquer et
contrôler les règlements et ordonnances. Les commissaires des guerres sont chargés de la conduite de la police, et de la discipline des troupes, de leur faire appliquer les ordonnances militaires, ils doivent veiller à la qualité et la quantité des vivres distribués, surveiller les réparations et les fortifications des places, s'assurer de la construction des fours, veiller au logements des officiers et des soldats, s'assurer de la garde et de la conservation des vivres ( bled, farine, avoine, médicaments ....), contrôler la distribution des étapes, ils ont également la responsabilité de l'administration des hôpitaux.. Leur pouvoir est si grand qu'ils peuvent décider l'interdiction d'un officier, la suspension de ses appointements voir la mise aux arrêts d'un officier. Ce pouvoir n'est pas sans attirer les jalousies de la noblesse, ainsi le Roi qui avait accordé la noblesse héréditaire aux commissaires royaux, révoque par l'Édit du mois d'août 1715 toute noblesse accordée par les charges militaires à ceux qui n'en jouissaient pas avant 1689. De même Choiseul en 1763 supprimera les offices de commmissaire des guerres occupés principalement par des bourgeois, ou de la noblesse de robe, et si globalement cette réforme constituera un bien pour l'armée en remplaçant les anciens commissaires aux charges héréditaires et négociables par 150 commissaires nommés qui pourront être renvoyés en cas d'incompétence ou de malversation, cette mesure sera surtout prise pour contenter la haute noblesse qui voit d'un mauvais oeil des roturiers obtenir des charges et des fonctions à la fois rémunératrice et dispensatrice de pouvoirs et d'honneurs. INGÉNIEUR EN CHEF Les ingénieurs sont toujours de l'état-major de l'armée ou du corps d'armée auxquels ils sont attachés. CHEF DE BRIGADES DE L'ARTILLERIE De même les chefs de brigade de l'artillerie font partie de l'état-major de l'armée. Mais ils restent subordonnés au Major Général de l'infanterie, rappelons qu'ils font partie de l'infanterie dont ils occupent le 47ème rang.
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