La veille de la bataille l'État Major du Maréchal de Contades établit un plan de bataille qu'il fait ensuite distribuer aux officiers de Jour en voici le texte tiré du Traité des Opération Militaires par JOMINI. 

Ordres du Maréchal de Contades pour la bataille du 1er août 1759

"La réserve sous les ordres du duc de Broglie, formant l'aile droite de l'armée,marchera de front sur le village de Tonhausen,et attaquera,en meme temps,le camp du prince de Bevern sur la route de Petershagen.Son attaque sera brusque et vigoureuse,afin de le culbuter,de lui couper sa retraite sur l'armée,et d'y jeter l'épouvante et la confusion.

Afin d'assurer le succès de cette opération,la réserve sera renforcée des Grenadiers de France et Royaux;6pièces de canon et 4 obusiers augmenteront son artillerie. Le duc de Broglie fixera le rassemblement de l'artillerie, et transmettra les ordres nécessaires aux grenadiers. On emploiera tous les moyens nécessaires pour faire réussir cette attaque, qui doit nous rendre maîtres du flanc gauche de l'ennemi, et laquelle dépend le succès de la journée.

La retraite remplacera la générale. Aussitôt qu'elle aura été battue, la réserve lèvera son camp, passera la pont, traversera la ville, et en sortira par la porte qui conduit au camp des grenadiers;ses gros bagages seront transférés à Rehmen, ou se trouvent ceux de l'armée;ils y passeront le Weser sur le dernier pont de bateaux afin de ne pas gêner la marche des troupes.

 Le terrain ou l'armée doit se former étant fourré et coupé, son ordre de bataille ne pourra être conforme aux usages reçus. On placera donc au centre de la première ligne les brigades de cavaleries, Colonel Général, Cravates et Mestre de Camp, sous les ordres du Duc de FitzJames, des lieutenants généraux Vogué et Castries et des Maréchaux de camp Lutzelbourg, Saint Chamand, Villebonne et Courmainville. Les quatre brigades d'infanterie, Picardie, Belsunce, Touraine et Rouergue, sous les lieutenants généraux Nicolaï et Beaupréau, et les maréchaux de camp Planta et Monty formeront l'aile droite de la première ligne, et auront trente quatre pièces de gros calibre. L'aile gauche de cette ligne sera composée des quatre brigades d'infanterie Condé, Aquitaine, Le Roi et Champagne, sous le lieutenant général de Guerchy, et les maréchaux de camp duc de Laval et Maugiron; elle sera pourvue de trente pièces d'artillerie de position que le chevalier Pelletier placera sur le front des deux ailes, de manière à couvrir celui de la cavalerie par un feu croisé au centre.

 Le 1er bataillon de chaque brigade sera formé en colonne, les autres marcheront suivant l'usage. La brigade d'Auvergne, placée à la gauche de l'infanterie de l'aile droite, se formera en ordre inverse, afin que son 1er bataillon soit formé en colonne, appuyant à la brigade de cavalerie colonel général;la brigade de Condé infanterie, postée à la droite de l'aile gauche, sera formée comme les autres, c'est à dire, que son 1er bataillon en colonne, appuiera à Mestre de Camp cavalerie.

 La deuxième ligne marchera dans le même ordre que la première: les brigades d'infanterie Auvergne Anhalt, sous le lieutenant général de Saint Germain, et les maréchaux de camp Leyden et Glaubitz auront la droite. Les brigades de cavalerie du Roi, Bourgogne et Royal Étranger, sous les lieutenants généraux Dumesnil, Andlau, les maréchaux de camp Orlick et Galfed, occuperont le centre;la gauche sera composée des brigades saxonnes aux ordres du marquis de Lusace.

Cette seconde ligne étant beaucoup moins forte que la première, et devant néanmoins occuper le même front, les bataillons dont elle est composée s'étendront beaucoup plus qu'a l'ordinaire. La réserve formée de la Gendarmerie et des Carabiniers, sous le lieutenant général de Poyanne et les maréchaux de camp de Bellfond et Bissy, se placera en troisième ligne derrière le centre de la cavalerie.

 Les brigades Lowendhal et Navarre recevront une destination particulière.

 L'armée ainsi formée prendra sa première position;la gauche en arrière du village de Hahlen, s'appuiera au marais;la droite se prolongera en arrière des maisons rouges dans la plaine de Minden jusqu'au bois;les lignes marcheront à 400 pas de distance;le corps du duc de Broglie appuiera sa droite aux rives escarpée du Weser, faisant front à Tonhausen;liant sa gauche avec la droite de l'armée; l'infanterie en première ligne, et la cavalerie en seconde. Cette division recevra les ordres du duc de Broglie ainsi que les Grenadiers Royaux et de France.

 Tandis que ces troupes attaqueront Tonhausen et le camp de Petershagen, l'armée se déploiera et marchera en bataille à l'ennemi. Si cette marche ne pouvait s'effectuer de suite, les brigades d'infanterie et de cavalerie continueront leur mouvement en colonne sur le front de bataillon et d'escadron, en conservant les distances nécessaires pour se former.

Le premier bataillon de chaque brigade, qui doit rester en colonne, se maintenir dans cet ordre pendant la marche et durant la bataille;les brigades seront précédées de cent travailleurs ,avec les chariots et outils nécessaires.

 Comme la droite de l'ennemi se trouve à Hille, et la gauche derrière Holzausen, la marche sera dirigée sur son flanc gauche. Si l'attaque du duc de Broglie réussit, il cherchera à gagner ce flanc afin de l'envelopper. Les autres manoeuvres de l'armée dépendent de celles que fera l'ennemi. Le maréchal de Contades lui donnera dans tout les cas, des ordres adaptés aux circonstances.

 La brigades de Navarre, les volontaires de Hainaut, Dauphiné et Muret, sous les ordres du lieutenant général duc d'Havré, feront une fausse attaque sur la digue qui conduit à Hille à travers le marais.

 Le parc d'artillerie leur fournira à cet effet un supplément de quatre pièces de 8.Le duc d'Havré dirigera un feu très vif sur la redoute ennemis qui bat la digue;mais il ne franchira le marais que dans le cas ou l'armée aurait pénétrer aux environ de Hille;et où il pourrait se réunir avec elle. Jusque là, il se bornera à inquiéter l'ennemi, et à l'empêcher d'appuyer sa droite au marais. Ce corps devra, au besoin, couvrir la retraite de l'armée en tenant la digue, et en défendant le passage. Il devra aussi avoir soins de couvrir les hauteurs en arrière avec de l'infanterie et des troupes légères, pour tenir tête aux partis que l'ennemi pourrait détacher de Lubecke;cette précaution est importante.

 Le duc d'Havré est prévenu que le duc de Brissac occupe Goofeld, afin d'observer le Prince Héréditaire. Il communiquera avec lui par le vallon de Bergkirchen, et emploiera à ce service la cavalerie des volontaires du Dauphiné qui connaît le terrain et les routes. Les postes de Kolhof et Hartenhausen seront maintenus, parce qu'il éclairent les environs du marais.

 La brigade Lowendal sous le maréchal de camp de Bisson, entrera à Minden aussitôt que le retraite sera battue;elle occupera les remparts et les têtes de pont. La majeure partie de la grosse artillerie sera placée sur les cavaliers afin de les couvrir en cas de retraite de l'armée. On placera aussi quelques pièces dans l'ouvrage qui couvre le pont de pierre, afin de défendre les approches contre les tentatives des troupes légères qui infestent la rive gauche du Weser.

 La retraite qui tiendra lieu de générale comme nous l'avons dit, sera battue à l'heure ordinaire.

 L'armée prendra aussitôt les armes en avant du camp et marchera sur huit colonnes. La premières, aux ordres du comte de Guerchy sera composée des brigades d'infanterie de Champagne et du Roi;elle laissera le bois situé près d'Hamelbeck à gauche, passera la Barhe sur le dernier pont près du marais, et marchera jusqu'aux dernières haies en avant de Hallen, ou elle restera en colonne jusqu'au point du jour. Alors l'armée se formera;la gauche appuyée aux haies sus mentionnées, et la droite dans la direction des maisons rouges qui se trouvent dans la plaine. Huit pièces de gros calibre arriveront le soir à ces deux brigades, et resteront devant leur front pendant la bataille. M. de Sainte Ville major général des logis, dirigera cette division.

 La deuxième colonne ,qui consiste dans les brigades d'Aquitaine et de Condé sous les ordres de M. de Maugiron, sera conduite par l'aide major des logis Beaudoin, qui lui enseignera le pont ou elle doit passer la Barthe, le lieu ou elle restera en colonne derrière la hauteur, jusqu'au jour, et celui ou elle devra ensuite se former. Cette colonne aura six pièces de grosse artillerie.

 La troisième composée des deux brigades saxonnes sous les ordres du comte de Lusace, qui sera conduite par l'aide major des logis Montaut, qui leur désignera l'endroit ou elles devront rester en colonnes derrière la hauteur ,en attendant le jour, pour se former alors en deuxième ligne, à quatre cents pas de la première.

 La quatrième colonne comprendra les brigades de cavalerie Mestre de Camp, Cravates et Royal Étranger, sous les ordres du duc de Fitz James. Elles seront dirigées par l'aide major des logis d'Angers, qui leur assignera le lieu ou elles attendront le jour. Lorsqu'elles se formeront, la brigade Mestre de Camp appuiera sa gauche à la brigade Condé infanterie;celle de Cravates donnera à sa droite, la direction des maisons rouges;et celle de Royal Étranger se placera en deuxième ligne de Mestre de Camp, à quatre cents pas de distance.

 La cinquième colonne consistant dans les brigades de cavalerie, Colonel Général, le Roi et Bourgogne, sous les ordres du lieutenant général Dumesnil, sera conduite par l'aide major général des logis Dumay, qui lui indiquera le lieu ou elle restera pour attendre le jour. Dès qu'il commencera à paraître, la brigade de Colonel Général se formera en première ligne, appuyant à celle de Cravates, et prenant sa direction aux maisons rouges;les brigades du Roi et Bourgogne se formeront en deuxième ligne derrière celles de Cravates et de Colonel Général.

 La sixième colonne, sous le lieutenant général Beaupréau, sera composé des brigades de Touraine et de Rouergue infanterie, qui passeront la Barthe sur le pont qui leur sera indiqué par l'aide major des logis Germain, marcheront jusqu' en avant de la redoute qui est en avant de Picardie, et y attendront le point du jour, pour se former à droite de la brigade de Colonel Général. Cette division prendra huit pièces de position qui resteront en avant de son front pendant la bataille.

 La septième colonne sous les ordres du lieutenant général Saint Germain, comprendra les brigades D'Auvergne et Anhalt. La première passera le pont qui lui sera indiqué par M. d'Ouné, officier d'état major, et ira jusqu'au camp de la seconde, dans les jardins en avant de la ville. La brigade d'Anhalt se placera en deuxième ligne de celles de Picardie et de Belsunce.

 La huitième colonne, sous le chevalier de Nicolaï, consistant dans ces brigades de Picardie et Belsunce, dirigera sa marche sur les maisons rouges, et y restera jusqu'au jour;alors elle se formera, étendant sa droite jusqu'au bois, et prenant sa direction sur la gauche de la réserve aux ordres du duc de Broglie. L'aide major des logis Grandpré conduira cette colonne;le parc enverra, vers le soir ,huit pièces de canon qui resteront à ces brigades pendant l'action.

 Le corps du duc de Broglie formera la neuvième colonne. Les gendarmes et les grenadiers monteront à cheval et resteront en avant du front de leur camp, jusqu'à ce qu'il reçoivent l'ordre de se placer en troisième ligne, derrière le centre.

 On a jeté 19 ponts sur le ruisseau qui coule depuis le marais jusqu'au Weser, devant le front du camp, afin de faciliter la retraite de l'armée, dans le cas ou elle devrait l'effectuer. Le centre et la gauche, se retireraient à travers ces ponts, dans leur camp actuel. La droite et la réserve se retireraient sur la ville, occuperaient les haies et les jardins qui l'environne, et placeraient l'artillerie, en avant de leur front, pour contenir l'ennemi, de concert avec le canon de la place."