GÉNÉRALITÉ SUR L'UNIFORME ET L'ÉQUIPEMENT DES DRAGONS

La tenue des dragons est réglée par l'ordonnance concernant l'habillement, l'équipement et l'armement des régiments de dragons du 1er mai 1750 ainsi que celle du 9 avril 1757 qui modifie les distinctives des régiments jugés d'une trop grande uniformité.

L'ordonnance de 1762 qui parait peu avant la fin de la guerre apporte un changement radical à la couleur de fond de l'uniforme qui devient verte, tout comme aux hussards. Cette réforme ne s'appliquera qu'après la guerre.

UNIFORME DES DRAGONS:

Chapeau et bonnet:

L'ordonnance de 1750 indique "Un chapeau de laine du poids de 12 ou 14 onces dont la forme sera de 4 pouces de hauteur avec les ailes d'un pouce et demi ou 9 lignes de plus, bordé d'un galon d'argent du poids d'une once de 16 lignes de largeur dont 4 en dedans et 12 en dehors." Le chapeau du dragon est de dimension un peu plus petite que celui de la cavalier.

 

Comme dans la cavalerie, les dragons portent au combat une calotte de fer battu sur le chapeau, les officiers en portent une de fer ou de cuir apprêté.

La cocarde noire est maintenue par une petite ganse de soie noire fixée sur l'aile gauche du chapeau par un petit bouton.

Les dragons ont un bonnet de service particulier. Il est fait de drap bordé d'un galon de laine d'un pouce de large. Les trois régiments: Royal, Du Roi et Dauphin ont le bonnet de couleur bleu, tous les autres régiments l'ont de tissu rouge. Les bonnets sont bordés d'un galon semblable à celui de l'équipage. La Chesnaye en 1759 indique que les revers des bonnets ont les couleurs des parements affectés à chaque régiments.

Habit, veste, culotte:

L'ordonnance de 1750 indique " Les juste-au-corps des brigadiers, ansepessades, carabiniers et dragons seront composés de 3 aunes et 1/4 de drap de Lodève ou de Berry, d'une aune de large des couleurs bleu, rouge, garance ou vermillon affectés à chaque régiment suivant ce qui sera ci après expliqué. Doublés de 5 aunes 1/4 de serge d'Aumale ou de 7 aunes de Cadix-Canourgue. La doublure de la veste doit toujours être blanche. Les parements seront en botte, de la hauteur de 6 pouces et de 18 de tour, avec des boutonnières ouvertes."

Le devant de l'habit est garnis de boutons jusqu'à la poche et de boutonnières blanches des deux cotés aussi jusqu'à la poche. Les pattes sont sans poches, elles dessinent de fausses poches en travers à trois boutons. Les poches sont faites de toile et placées dans les plis de l'habit, des deux cotés entre la doublure et le drap.

"Il y aura sur l'habit une épaulette au lieu de l'aiguillette qui demeure supprimée et l'épaulette sera à l'ordinaire placée sur l'épaule gauche pour contenir la bandoulière de cartouche." La Chesnaye dans son dictionnaire de 1759 précise " dans tous les régiments de dragons l'épaulette pour tenir lieu d'aiguillette, est placée sur l'épaule droite, et sur l'épaule gauche il y à une patte de drap couverte d'un galon de laine blanche de 10 lignes de large, avec un bouton et une boutonnière pour contenir la cartouche."

 

Les vestes sont garnies de boutonnières des deux cotés jusqu'en bas et de boutons d'un coté seulement, jusqu'à la poche. Les pattes des vestes sont sans poches, sans boutonnières et sans boutons. Les manches des vestes sont garnies de boutonnières, à la marinière et fermées sans boutons.

Les manteaux sont en drap de Lodève d'une aune de largeur rouge ou bleu apprêté aux deux envers, avec des agréments de serge d'Aumale ou de Cadix-Canourgue des couleurs affectées à chaque régiment avec 3 agréments de chaque cotés de la couleur des épaulettes.

 

Guêtres et bottines:

Les dragons sont chaussés de souliers de cuir comme l'infanterie et selon le service qu'ils font ils utilisent soit des bottines pour aller à cheval soit des guêtres pour le service à pied. La Chesnaye précise " les dragons tant à pied qu'à cheval ont des bottines de veau passées à l'huile, les uns et les autres ont aussi des guêtres blanches ". Ces bottines sont faites en cuir souple ce qui permet à la fois de protéger la jambe du frottement lorsque le dragon est à cheval, tout en lui donne laissant une certaine souplesse s'il doit promptement servir à pied. La bottine ferme sur l'extérieur de la jambe par un système de ganses de cuir arrêtées sous le genou par un bouton.

Armement, buffleterie et équipement:

Le dragon est armé d'une épée, l'ordonnance de 1750 est à son sujet pauvre en renseignement :" le sabre à poignée de cuivre à double branche, lame à dos de 33 pouce de longueur.

 

Le dragon n'a qu'un seul pistolet, semblable à celui de la cavalerie modèle 1733-34. Le pistolet d'après l'ordonnance mesure 48,6 cm dont 11 pouces et 6 lignes ( 31 cm ) pour le canon, et pèse 1,230 kg, mais nombreux sont les colonels qui commandent au fourbisseurs ou font réduire par l'armurier les canons à 10 pouces ( 27 cm ) seulement. L'autre fonte est occupée par un outil: pelle, serpe, hache ou pioche.

 

Les musiciens, hautbois et tambours qui ne portent pas d'outil ont deux pistolets d'arçon.

Le dragon est également doté d'un fusil spécifique modèle 1754. Il mesure 154,3 cm dont 115 cm pour le canon, et pèse 4,180 kg. Pendant les marches il se porte sur le coté droit de la selle crosse en bas, il se transporte également à la grenadière, c'est à dire en bandoulière, l'arme passée dans le dos.

Comme dans la cavalerie les compagnies de dragons ont des carabiniers, soit 64 par régiment . Ils sont équipés d'un fusil rayé.

La demi-giberne contient 30 coups suivant le modèle de l'infanterie, à poche et patellette de vache rouge. La dite giberne vernie et collée d'une bonne toile, le cordon de buffle en blanc piqué de la largeur de 22 lignes. Le ceinturon à un pendant de buffle pareillement blanc piqué de la largeur de 2 pouces 2 lignes."

Sur la partie avant droite de la selle l'outil est fixé par un brelage spécial de cuir. Ces outils sont semblables à ceux de l'infanterie dont les dimensions sont données par l'instruction pour l'infanterie de 1753 :

 

-la pelle mesure 7 pouces 4 lignes (19,8 cm) de haut sur 6 pouces 9 lignes (18,2 cm) de large par le haut et 5 pouces 6 lignes (14,8 cm) au tranchant, la douille fait 3 pouces 6 lignes (9,4 cm), le manche a 1 pied 12 pouces de long (65 cm).

-la pioche 9 pouces 6 lignes (25,7 cm) de long, 2 pouces 6 lignes (6,7 cm) de large du côté du tranchant et le manche 2 pieds 3 pouces 4 lignes (74 cm).

-la serpe 8 pouces 7 lignes (23,2 cm) de long, 3 pouces ( 8,1cm) de large par le bout et 2 pouces 2 lignes (5,8 cm) du côté du manche qui aura 4 pouces 9 lignes (12,8 cm).

-la tête de la hache aura 2 pouces (5,4 cm) en tour, la distance de la tête au saillant sera de 7 pouces 2 lignes (19,4 cm), et la largeur du taillant de 3 pouces 10 lignes (10,4 cm), le manche (non compris le fer) aura 1 pied 10 pouces (59,6 cm).

( A pied ces outils sont portés à tour de rôle par les soldat au moyen d'étuis de peau de vache non noircis, fermant chacun à deux boucles et attachés à une courroie large de 2 pouces.)

Distinctives des sous-officiers:

L'ordonnance de 1750 prescrit que: "les manches des brigadiers, des caporaux seront garnies de 3 agréments en tresse moitié d'argent et de soie large de 10 lignes et de 4 pouces de hauteur, le tout pesant une once. Les carabiniers et les ansepessades un bordé seulement de moitié argent et soie large de 10 lignes pesant 5 gros. Les maréchaux des logis et les sergents seront habillés de drap de Romorantin de cinq quart de large ou autre de pareil qualité. Teint en laine pour les régiments bleus et en demi écarlate pour les régiments rouges; observant toutefois que ni les uns ni les autres n'auront de boutonnières en fil d'argent ni sur l'habit ni sur la veste."

Les maréchaux des logis et sergents de dragons ont des sabres à double branche, lame aussi à dos plus large que celle des officiers et pareille à celle des maréchaux des logis de cavalerie. "

Cheval, équipage et harnachement:

La taille des chevaux reste réglée par l'ordonnance du 24 novembre 1691 qui stipule que les chevaux des dragons ne pourront être plus haut que 4 pieds 2 pouces ni plus bas que 4 pieds.

La selle des dragons est du même modèle que pour la cavalerie dite " à la Royale ", mais un peu plus petite. Comme pour la cavalerie le détail de la sellerie est tiré de l'ouvrage de Dugué Mac Carthy sur la cavalerie française et son harnachement et du manuscrit de La Porterie sur les Institutions Militaires.

 

Tous les cuirs ou harnachement sont noirs.

Sur le devant du pommeau est fixé un demi-cercle de fer appelé dragonne retenant deux anneaux, l'un pour la courroie du canon du fusil, l'autre pour le bâton de tente et le piquet d'attache du cheval. A la droite est attachée le porte-crosse du fusil avec son anneau dans lequel s'engage la pointe du piquet.

Les deux fers de rechange, un de chaque coté sont maintenus par une courroie à boucle et un crampon de cuir.

La selle équipée comporte trois courroies de charge ayant 162 cm de long.

Le chaperon qui recouvre la fonte à gauche est à bavette et à calotte; la calotte ferme l'entrée de la fonte, elle est munie d'un bouton et d'une boutonnière ce qui permet de la maintenir repliée sur elle-même de façon à dégager la crosse du pistolet

A droite un brelage particulier en cuir de vache permet d'assurer les différents outils. Pelle, hache et pioche se portent dans leur étuis manche en bas, alors que la serpe plus petite se met manche en haut. Le fusil et l'outil sont maintenus à la selle au moyen de deux crampons en fer placés en avant du pommeau, et de deux courroies cousues sur le montant oblique du poitrail

La têtière de bride est sans muserolle, le dessus de tête peut être garni d'une chaînette protégeant la tête du cheval des coups de sabre. Le licol a ses montants, sa muserolle et son frontal de cuir noir, le dessus de tête faisant sous-gorge et la longe en cuir de Hongrie.

Derrière la selle pouvait s'attacher à l'aide de lanières, un coussinet rembourré protégeant les reins du cheval du frottement de la boucle de croupière lorsque la besace et le manteau étaient portés. A l'avant s'adapte le poitrail; les montants obliques se bouclant au D de la selle, la courroie horizontale engagée dans une des sangles par ses passants, cette courroie se règle par une boucle en son milieu.

La housse croupelin en drap doublée de coutil et bordé du galon de livrée se fixe à la selle au moyen d'une lanière et de deux boucles. La housse et les chaperons sont composés de 1/2 aune et 1/12ème de drap de Lodève ou de Berry d'une aune de large doublés de toile et bordés d'un galon de laine de 18 lignes de largeur.

Les panneaux de la selle sont garnis d'une légère matelassure, la selle se plaçant sur une couverture pliée en quatre. Des ouvertures pratiquées dans la toile de cette matelassure ....

Les étriers du cheval sont de fer noirci, les étrivières en cuir de Hongrie ainsi que les contre sanglons. A l'arrière de la selle on trouve de part et d'autre deux petites lanières à boutons qui servent à maintenir les étriers relevés quand le cheval n'est pas monté.

Les housses des maréchaux des logis sont des couleurs affectés à chaque régiment et bordées d'un galon d'argent de la largeur d'un pouce".

UNIFORME DES OFFICIERS:

"Les habits uniformes des officiers seront en tout semblable à ceux des dragons à l'exception qu'il seront en drap d'Elbeuf ou d'autre manufacture de pareil qualité. Il ne sera employé de doublure aux habits d'aucune autre étoffe que de laine, ni aucun galon sur les justes au corps ni sur les vestes; mais seulement des boutonnières de fil d'argent et des boutons d'argent sur bois." En campagne les officiers de dragons doivent avoir des bottines.

"Ils auront tous des épées uniformes dont la garde sera de cuivre dorée, la lame à dos de 31 pouces de longueur conforme au modèle et pareil à celle des officiers de cavalerie. Seront tous lesdits officiers armés d'un fusil avec sa baïonnette et auront une gibecière garnie de 6 cartouches suivant les modèles qui leur seront envoyés." En 1750 les officiers de dragons sont comme dans l'infanterie dotés d'un un fusil d'un modèle particulier, plus court ne mesurant que 1,447 m dont 1,069 m pour le canon et surtout plus léger, environ 2,5 kg. Il est de conception proche du modèle d'officier d'infanterie.

L'équipage des officiers est le même que celui de la troupe " Les housses des officiers seront des couleurs affectés à chaque régiment et bordées seulement d'un galon d'argent, sçavoir: de deux pouces de largeur pour celle des capitaines et d'un pouce et demi pour celle des lieutenants".

UNIFORME DES TAMBOURS ET DES HAUTBOIS:

D'après l'ordonnance de 1750 " Les tambours des régiments royaux continueront d'êtres à la livrée du Roi et ceux de l'état major et des gentilshommes à la livrée des colonels. " Ils ont également un équipage de cheval aux couleurs de la livrée du colonel. Rappelons que n'ayant ni outil ni fusil, ils sont armés de deux pistolets.

La Chesnaye dans son dictionnaire précise que les tambours des dragons ont une caisse plus petite que ceux de l'infanterie, et qu'ils ont une manière toute différente d'en battre. Je n'ais pas retrouvé de document sur l'ornementation des tambours de dragons, étaient-ils comme ceux de l'infanterie ?.

Héricourt précise qu'il ne peut y avoir plus d'un hautbois dans les régiments de dragons. Leur présence au cours des campagnes de la guerre de sept ans nous est confirmé par la correspondance des frères Prunelles dont l'un d'entre-eux sert au régiment Royal dragons.

Les dragons n'ont pas de timbales toutefois le P. Daniel dans son traité des Milices Françaises écrit ceci (p538): " j'en connois un qui à ce privilège. Il est redevable à M de la Bretèche sont colonel qui dans une occasion ayant surpris un quartier ennemi, y enleva deux paires de timbales. Le Roi trouva bon qu'il en fit marcher une paire à la tête du régiment. M. de Chevilli, de Caylus et de Lautrec qui ont succédés à M. de la Bretèche ont toujours conserver cette marque d'honneur dans le régiment."

GUIDONS ET FANIONS:

Les dragons portent un guidon par escadron,soit 4 par régiment. Le guidon est fait d'un tissu solide dit "gros de Tour" brodé sur les deux cotés. D'après les exemplaires conservés dans différentes collections leurs dimensions durant cette période varient de: 80 à 100 cm à la hampe, 95 à 125 cm jusqu'aux pointes, et 55 à 75 cm de la hampe à la fente. hampe, pointe cordelière,

 

 

 Guidon du régiment Royal dragons.