EQUIPAGE DES VIVRES

Jusqu'à la fin du 18me siècle le service du train d'artillerie ainsi que celui des équipages était assuré par des entrepreneurs civils. Ce n'est que sous le consulat par l'arreté du 13 nivose an VII ou 3 janvier 1800 que l'artillerie sera dotée de son propre service du train et sous l'empire le 26 mars 1807 que le train des équipages devient militaire.

Ces entrepreneurs sont sous la responsabilité des intendants qui doivent veiller avec fermeté au bon fonctionnement.

Le recours aux entrepreneurs n'est toutefois pas suffisant pour subvenir aux besoins de l'armée et l'intendance est donc chargée des réquisitions temporaires sur les populations locales, dans ce cas les chevaux et les charriots sont recrutés au fur et à mesure des besoins et de la progression de l'armée .et l'intendant Beaumont de préciser: " L'intendant ne doit jamais les garder au-delà du temps qu'il leur à fixé et il n'en doit conserver que le nombre dont il à besoins, parce qu'un paysan dont on garde les chevaux pendant toute la campagne n'est pas en état de labourer ses terres .., c'est en partie ce qui fut cause que les terres de l'Artois et du Cambrésis après le défaut de récolte de 1709 restèrent reculées pendant plusieurs années ce qui porta un grand préjudice aux armées du Roi. "

Nombre d'équipages étaient faits de chariots, charrettes, tombereaux, cabriolets ... de toutes sortes et d'origine diversent pris au cours des campagnes dans les pays traversés, donnant aux convois un aspect hétéroclite.

Capitaine des vivres et équipage des vivres

Le Directeur Général des Vivres encore appelé Général des Vivres a sous ses ordres: un commis général des travaux et un capitaine des vivres, un commis à l'achat des grains, un commis à l'achat des chevaux .... .

Le Capitaine des vivres commande à tout ceux qui sont préposés à la conduite des équipages et chariots des vivres.

Un équipage des vivres comprend 25 caissons pour le transport de la farine et du pain, il se compose de: 1 capitaine, 2 conducteurs, 1 maréchal ferrant, 1 bourrelier, 1 charron, 25 charretiers et 4 hauts-le-pieds (surnuméraires pour remplacer les charretiers malades) et un commis à la conduite.

Rien que le transport du pain pour une armée de 50.000 hommes qui consomme 75.000 rations de pain par jours, le pain étant fait pour deux jours pour toute l'armée, il faut en transporter 150.0000 rations. Les caissons transportent 800 rations de pain, il faut donc 500 caissons et 20.000 chevaux pour une armée de 50.0000 hommes. Le pain peut également être transporté à dos de mulets dans deux sacs de toile ou mieux dans deux manettes d'osier couvertes de peau, chaque mulet peut porter 120 rations de pain.

Auquel il faut ajouter ceux nécessaires aux transport du vins, de la bière..., du bois ou de la tourbe pour le chauffage ..., la viande ayant l'avantage d'être constituée d'un cheptel vivant de boeufs, vaches, cochons, moutons qui suivent l'armée.

Le maréchal de Saxe préconise dans ses " Rèveries " d'utiliser des boeufs en grande quantité pour tirer les pièces d'artillerie comme il était en usage au 16me et début du 17me siècles permettant d'avoir toujours à l'armée de la viande, mais il ne dit rien de ce qu'il fait de l'artillerie une fois les boeufs consommés.

Modèle général du caisson des vivres

Le caisson des vivres est d'un modèle général commun à tous les services de l'armée, composé d'un grand coffre dont le toit est en chapiteau. Il mesure 8 pieds 4 pouces de long, 3 pieds 4 pouces depuis le bas jusqu'au chapiteau en dehors et 2 pieds 6 pouces depuis son quarré jusqu'en bas, 2 pieds 6 pouces de large par en bas en dehors, 2 pieds 9 pouces de large par le haut et la porte doit avoir 5 pieds 9 pouces de long. Pour sa construction on met 5 barres dans le fond comme aussi 4 devant et 4 derrière, lesquelles sont attachées en dedans avec 4 pieds cormier de chêne et l'on fortifie les deux bouts en dehors par une croix de Saint André et 2 barres. On garni le caisson de 3 ferrures à charnières et de 36 équerres chacune de 10 pouces de long et de 3 de large,le tout de bon fer. 

On le peint à l'huile de 2 couches au moins et de couleur rouge, quand il est sec on le numérote d'un chiffre.

La charrette qui doit porter le caisson à des limons de 18 pieds 6 pouces de long, de 12 pieds de charge dont 8 pieds 6 pouces en dedans des tresselles qui sont destinés pour mettre le caissons qui est posé dans le milieu de la charge. Il faut aussi qu'il y ait 3 bourrettes de 12 pieds et que le fond de la charrette soit bien droit. Les limons ont 2 pieds 10 pouces de largeur de dedans en dehors et 2 pieds 8 pouces en dedans par le bas entre les ridelles. Les ridelles ont 18 pieds de long et un rouleau entre les 2 épars, elles ont aussi 8 pieds 8 pouces entre les tresselles qui sont au nombre de 4. Les roues sont de 5 pieds 4 pouces de hauteur, compris l'embatage. Les jantes sont de 4 pouces et 1/2 de large par le haut sur 2 pouces et 1/2 à " pouces par le bas. Le bandage des roues est de 18 pieds de long sur 2 pouces de large. Le moyeu à 3 pieds 3 pouces de tour, 18 pouces de long armé de 4 bonnes frettes.L'essieu doit être de fer et avoir 6 pieds 6 pouces de long pour revenir à 6 pied francs entre les yeux, sa largeur au corps est de 2 pieds 6 pouces francs, la largeur de chaque bras compris l'oeil de 20 pouces. On met aussi 8 épars au fond de la charrette, 4 ranchées de fer.

 

Il y à une roue de relais (de secours) pour 4 caissons, attachée sur l'un d'eux.

Concernant l'uniforme des charretiers, muletiers ...

C'est sous le ministère de Louvois, que s'est développer l'usage de faire habiller au frais des entrepreneurs les charretiers et muletier des équipages des vivres.

D'après La Chesnaye ( 1759 ) les valets des équipages des vivres sont habillés à l'imitation des troupes et la valeur de cet habit est pris petit à petit sur leur paye. Ils ont tous un habit uniforme excepté les parements des manches afin de distinguer chaque brigade, les couleurs sont: bleu foncé, bleu pale, rouge foncé, rouge clair, blanc, brun, vert, gris, jaune minime, feuille morte, amarante... suivant le nombre de brigades. On se modèle sur l'habillement des soldats et consiste en: un juste au corps, culotte, bas, chapeau ou bonnet à la dragonne, souliers de cuir fort avec des clous dessous. On délivre ces habillements aux charretier et muletiers à l'entrée d'une campagne.

Toujours dans son dictionnaire il précise encore à propos de l'uniforme des charretiers des vivres: le munitionnaire se pourvoit pour l'entrée en campagne d'un nombre suffisant de sarrot et de bonnet de treillis blanc croisés, bordés d'un galon de laine bleue, garnis de boutons de cuivre dont deux par devant et trois à chaque manche, le bonnet à la dragonne ayant un W sur les replis du devant et une houppe à la pointe; le W et la houpe de laine blanche.

Tous les bouchers,.boulangers, ... qui accompagnent l'armée sont vétus de manière civile.