La Gendarmerie de France constitue l'élite de la cavalerie, " au jour d'une bataille les Rois doivent combattre à la tête de la Gendarmerie " selon le règlement du 15 décembre 1665, in Guillet 1695.

Elle a rang immédiatement après la Maison du Roi. A l'armée la Maison du Roi et la Gendarmerie font brigade ensemble. Elle est dite cavalerie lourde par opposition aux autres régiments dits de cavalerie légère. Cette appellation remonte au 17ème siècle ou les gens d'armes qui constituent la gendarmerie sont plus lourdement armés et cuirassés par opposition aux chevaux légers, les tenues et les équipements de ces deux formations se sont progressivement uniformisées mais leurs appellations distinctives sont restées.

Au cours de la Guerre de Sept Ans l'effectif complet de la Gendarmerie de France représente 1240 cavaliers non compris les officiers. Le Roi, la Reine, Monseigneur le Dauphin et les enfants de France et à leur défaut le Roi sont les capitaines de ces compagnies.


Gravure tirée de L'Ecole de Mars de Manesson Mallet

On y distingue la Grande Gendarmerie constituée des quatre premières compagnies attachées au Roi, sçavoir: Gendarmes Écossais, Gendarmes Anglais, Gendarmes Bourguignons et Gendarmes de Flandres qui sont chargées de la garde du Roi en tous lieux hors du Louvre et d'autre part la Petite Gendarmerie composée des huit autres compagnies de Gendarmes et Chevaux Légers attachées à la Reine et aux Princes de Sang (les compagnies d'Orléans bien qu'attachées au Roi depuis la mort du Régent prennent rang à la fin de la Petite Gendarmerie), cette Petite Gendarmerie est chargée de la garde du Roi lorsqu'il est à l'armée.
Louis XIV pour plaire à son beau-père Stanislas Leczinski, duc de Lorraine et de Bar lui laisse la Petite Gendarmerie en garnison à Lunéville pour assurer sa sécurité. C'est de Lunéville qu'elle partira pour rejoindre l'armée d'Allemagne pendant la Guerre de Sept Ans.

Le rang et les noms des compagnies attachées aux Princes changent lorsque le Prince qui en portait le titre change de " statut social " en devenant Dauphin ou Roi ou encore par son décès, par là l'ordre dans lesquels les compagnies des Princes s'établissent correspond à l'ordre de prétention à la couronne de France. Ce qui explique par exemple, que Berry prend rang immédiatement à la suite de Dauphin en 1762, quand Louis ( 1754-1793 ) duc de Berry et futur Louis XVI, devient aîné des prétendants après la mort de son frère aîné Louis ( 1751-1761 ) duc de Bourgogne et devant ses frères les comtes de Provence et d'Artois.

Le rang des 16 compagnies s'établit ainsi à l'entrée de la Guerre de Sept Ans:

Première compagnie des Gendarmes Écossais: 1422
Deuxième compagnie des Gendarmes Anglais: 1667
Troisième compagnie des Gendarmes Bourguignons: 1668
Quatrième compagnie des Gendarmes de Flandres: 1673
Cinquième compagnie des Gendarmes de la Reine: 1660
Sixième compagnie des Chevaux Légers de la Reine: 1660
Septième compagnie des Gendarmes du Dauphin: 1666
Huitième compagnie des Chevaux Légers du Dauphin: 1662
Neuvième compagnie des Gendarmes de Bourgogne: 1690
Dixième compagnie des Chevaux Légers de Bourgogne: 1690
Onzième compagnie des Gendarmes d'Aquitaine: 1669
Douzième compagnie des Chevaux Légers d'Aquitaine: 1669
Treizième compagnie des Gendarmes de Berry: 1689
Quatorzième compagnie des Chevaux Légers de Berry: 1690
Quinzième compagnie des Gendarmes d'Orléans: 1647
Seizième compagnie des Chevaux Légers d'Orléans: 1647


De 16 compagnies au début du siècle la Gendarmerie de France est réduite en mars 1763 à 10 compagnies par la suppression des Chevaux Légers intégrés dans les compagnies de Gendarmerie, puis de nouveau réduite à 8 compagnies par suppression des Gendarmes de Provence et d'Artois, elle sera ramené à 6 compagnies par suppression des Gendarmes de Berry et d'Orléans en 1776 et pour finir en 1788 la Gendarmerie est dissoute.

A la Gendarmerie de France sont rattachées les compagnies de la Maréchaussée de France, il s'agit d'un rattachement hiérarchique qui permet de fixer les préséances et prérogatives des officiers et des troupes entre-elles, de l'association de ces deux corps on tire une remarque importante concernant la filiation des deux corps de police que sont la Maréchaussée de l'ancien régime et de la Gendarmerie d'après la révolution. A leur création les compagnies de la Connétablie et de la Maréchaussée ont été placées sous le commandement des Maréchaux de France et on pris rang après la Gendarmerie du Roi et des Princes auxquelles elles ont été attachées comme le rappel la Déclaration du Roi concernant les privilèges attribués à la compagnie du Grand Prévôt de la Connétablie de France, et des Camps et Armées de Sa Majesté du 22 février 1653 qui commence par ces mots " La compagnie du Grand Prévôt ... ayant toujours été du corps de la Gendarmerie ..." et repris dans les Édits et les ordonnances successives. En 1788 la Gendarmerie de France est dissoute par le Roi, la Maréchaussée est à son tour supprimée en janvier 1791 par la Convention puis réorganisée la même année sous le nom de Gendarmerie, la Révolution à voulu se défaire du nom d'un corps de police évoquant trop l'ancien régime mais elle à donné a sa nouvelle police le nom de la Gendarmerie auquelle la Maréchaussée était historiquement attachée.

Officier des Gendarmes Ecossais
( conversion Historex©)

ORGANISATION DURANT LA GUERRE DE SEPT ANS

La Gendarmerie de France à un état major à la tête de tout les escadrons qui comprend un major: le vicomte de Sabran, un aide-major: le chevalier de Ray, 2 sous aides-majors: MM. de Vaucher et de Grailly et 4 commissaires royaux, 2 aumôniers, 1 chirurgien major, 1 trésorier.

L'effectif total de la Gendarmerie non compris les officiers et de 1240 hommes.

Pour le service aux armées, les compagnies de la Gendarmerie de France s'organisent en huit escadrons de 2 compagnies et chaque compagnie en 2 brigades, la première brigade est commandée par le capitaine lieutenant, la seconde par le sous-lieutenant.

Chaque compagnie de Gendarmes se compose de: 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 enseigne, 1 guidon, 4 maréchaux des logis, 2 brigadiers, 2 sous-brigadiers, 75 cavaliers dont un gendarme porte-étendard et un fourrier par compagnie ( depuis l'ordonnance du 25 décembre 1756 portant augmentation des compagnies de gendarmes de 45 à 75 hommes ), 2 trompettes, et 1 timbalier aux 8 compagnies chef d'escadron seulement.

Les compagnies de Chevaux Légers ont la même composition que les gendarmes à la seule différence qu'au lieu d'avoir un enseigne et un guidon, ils ont deux cornettes.

Les compagnies placées à la tête de chacun des 8 escadrons sont dites compagnies d'ordonnances, il s'agit des Gendarmes Écossais Bourguignons, de Flandres, des Chevaux Légers de la Reine, des Chevaux Légers du Dauphin, des Gendarmes d'Orléans et des Chevaux Légers d'Orléans. Seules ces compagnies d'ordonnance ont des timbales, d'après le Père Daniel ( TII, p236) ce serait après la bataille de Fleurus en 1690 que cette règle fut appliquée.

1er escadron: Gendarmes Écossais & Gendarmes de Bourgogne

2ème escadron: Gendarmes Anglais & Chevaux Légers de Bourgogne

3ème escadron: Gendarmes Bourguignons & Gendarmes d'Aquitaine

4ème escadron: Gendarmes de Flandres & Chevaux Légers d'Aquitaine

5ème escadron: Gendarmes de la Reine & Gendarmes de Berry

6ème escadron: Chevaux Légers de la Reine & Chevaux Légers de Berry

7ème escadron: Gendarmes Dauphins & Gendarmes d'Orléans

8ème escadron: Chevaux Légers du Dauphin & Chevaux Légers d'Orléans     

 

Jean-Louis Vial