Les harnais des chevaux et les bâts des mulets de guerre.

 

En cette moitié du siècle la plus-part des attelages tant des pièces d'artillerie que ceux des chariots, charettes, caissons ... sont encore à limon, c'est à dire avec les chevaux l'un devant l'autre, l'usage des attelages à timon commence seulement à se developper. Les attelages à limon allongent les convois ce qui les rends plus vulnérables lors des déplacements en campagne. Ce n'est qu'en 1764 par l'adoption du système de Gribeauval que l'artillerie adoptera les attelages à timon avec les chevaux attelés deux à deux.

Voici comment l'on choisissait les chevaux de trait : " les chevaux de cheville et de devant doivent avoir 14 à 15 paulmes de haut, les limoniers 16 au moins, ils doivent être bas de terre, traversés, épais, avoir la jambe large, le talon relevé et être fort d'encolure et d'épaule."

 

Le mulet est à cette époque la bête de bât la plus utilisée. A leur propos on peut lire dans l'Encyclopédie des Arts et Métiers " le théatre de la guerre est celui ou il se distinguent le plus. Ils sont préférés aux chevaux de somme dont ils épargnent le nombre, attendu qu'ils portent bien plus pesant, qu'ils ont la jambe plus sure, qu'ils tiennent longtemps sur pied, et qu'ils sont d'une moindre nourriture." S'ils servent essentiellement pour le portage on les utilise également pour le tirage.

Chaque équipage de mulets comprend 104 bêtes, y compris 4 surnuméraires par équipage. Il faut un muletier pour trois bêtes de charge.

Concernant les harnais des chevaux

Les harnais des chevaux de l'artillerie, des équipages des vivres des bagages sont identiques. On détaillera la bride et le collier qui font le harnais de l'avant main de tout cheval d'attelage ( collier et harnais de tête ); aprés quoi on expliquera le reste du harnais propre au limonier et ensuite celui des chevaux de devant.

La bride

La bride se compose de la têtière (1), du fronteau (6), des montants des aboutoires (3), du cache nez (4), de la sous-gorge (5) et des rênes (2).

Elle est fixée a la bouche du cheval par un mors de buis de 7 pouces aux extrémités duquel est passé un anneau de fer ou viennent s'attacher les montants.

Toutes les boucles sont à droite.

La rène du limonier va se boucler à un anneau attaché à sa sellette alors qu'aux autres chevaux elle se réunit à une courroie de 7 à 8 empans terminée par le culeron.

 

Le collier

Le collier est une pièce de peau de mouton que l'on remplis de bourre et de paille auquel on accole deux attelles de bois de hêtre. Ces attelles sont unis entre elles en bas et en haut par deux lanières de cuir appelées couplières. Les attelles sont solidarisées au collier par 8 lanières de cuir appelées boutons. Pour le collier des chevaux autre que le limonier, chaque 3ème bouton sert également à attacher la couverture de toile qu'on leur met sur le dos, de plus on attache derrière l'attelle gauche vers son milieu un anneau de fer ou passent le cordeau et la retraite.

Les billots, un de chaque coté sont des pièces de cuir qui traversent l'attelle, arrêtés par une cheville de bois en avant et formant sur l'arrière un anneau qui servira à tenir la mancelle si le cheval est le limonier ou l'oeil du trait s'il s'agit d'un des chevaux de devant.

La mancelle du limonier est une chaine de 3 à 4 anneau le dernier étant un gros anneau rond de 4 pouces et 1/2 que l'on fait entrer par le bout du limon de la voiture jusqu'a un trou ou il est arrêté par une cheville appelée atteloir.

La housse est faite d'une peau de mouton avec sa laine doublée de toile et qui, fixée aux attelles tombe librement à l'arrière du collier et couvre le garrot et les épaules du cheval.

Le harnais du limonier

Le premier cheval placé entre les limons s'appel le limonier c'est toujours le plus fort des ceux que l'on attelle ensuite. Il a un harnais différent car en plus du tirage il a à supporter une partie du poids de la voiture.

 

La sellette de limon composée de deux arçons de bois ou futs, et de bandes appelées aubes que l'on clous sur ces futs. On garnis le tout de cuir et de paille. Pour protéger le dos du cheval on clou sous la sellette: en avant et sur les cotés les tasses, qui sont des morceaux de peau de castor: et en arrière une bande de toile. Sur le haut de l'arrête du devant de la sellette est fixée une boucle (z) demi ronde de fer qui servira à attacher la rène du limonier.

La sous-ventrière (l) qui fixe la sellette sur le dos du cheval est une sangle de cuir large de 2 pouces et longue de 5-6 pieds qui passant sous le ventre du cheval se boucle du coté opposé, c'est à dire à la main.

La dossière (A) qui soutient les limons de la voiture sur le siège de la sellette est faite de cuir de boeuf doublée, de 4 pouces et demi de large et 9 empans de long.

Les rouleaux (c), batons de bois de 6 pouces de long et de 1 pouce de diamètre, sont fixés aux extrémités des dossières (A).

Les dossières (A) se règlent par la ceinture de dossière (a), courroie de 1 pouce de large avec une boucle à l'un de ses bouts, qui passe à travers la dossière et les rouleaux (c) auquels elle est fixée à gauche mais libre à droite ou revenant sur elle même elle vient se boucler selon le règlage à une petite sangle cousue sur la dossière à droite.

Sur la croupe du limonier se trouve l'avaloire (D) qui lie le train de derrière du cheval au limon. Elle se compose de deux bras, sangles de cuir de 8 pouces de large, le bras d'en haut (Dm) qui passe sur la croupe à 5 empans de long, celle (Dn) qui tourne horizontalement autour de la croupe à 7 empans. Ces deux bras sont unis a leurs extrémités par par un anneau de fer (o) de 5 pouces de diamètre. A cet anneau (o) est fixé une chaine de 5 à 6 anneau au dernier desquels on ajoute un crochet, cette chaine vient s'accrocher crohet de fer appelé ragot fixé sur les limons. Enfin les bras de l'avaloire (D) sont renforcés par les branches de l'avaloire, sangles de cuir moins larges que celles des bras et qui sont au nombre de 4, 2 de chaque cotés.

La ceinture de l'avaloire (q) qui fait tenir l'avaloire à la sellette passe dans deux trous pratiqués sur le fut à l'arrière de la sellette.

La croupière (u) est une sangle de cuir de 2 et 1/2 empans de long et de 2 pouces de large, fendu par une extrémité sur 7 à 8 pouces et auquel vient se fixer le culeron (pièce de peau de mouton remplis de bourre). La croupière (u) vient s'attacher au milieu du bras supérieur de l'avaloire.

Le harnais des chevaux de devant

Le cheval qui précède immédiatement le limonier est le chevillier, parce que ses traits tiennent aux limons au moyen d'une cheville de bois. Le cheval suivant s'appel le cheval de faute uniquement s'il y a d'autres chevaux devant lui.

 

Tout le dos du cheval est garni d'une couverture de toile de trois quarts de large et de une aune de long. On y fixe une patte de couverture (d) au milieu à un empan du derrière dans laquelle passera la demi-rène à culeron. La couverture est maintenue en place par 3 lanières de cuir; celle du milieu se fixe au haut du collier et les 2 autres se fixent aux 3ème boutons des attelles.

Le surdos (h) est une sangle de 2 pouces de large et de 6 empans de long aux extrémités duquel viennent s'attacher les fourreaux (i) ou passent les traits (x).

Les fourreaux (i) sont fait de cuir et ont 14 pouces de long et 4 pouces et 1/2 de large. On y laisse une fente vers le bas en avant par ou passent la sous-ventrière (k) et le contre-sanglot; fente que l'on referme par une petite attache de cuir.

Les traits de corde (x) qui attellent le chevillier à la voiture et les autres chevaux l'un à lautre doivent avoir 9 pied de long, ils se terminent par deux anneaux; on en passe un dans le billot du collier, celui ci se nomme oeil du trait (y), qui ensuite traverse le fourreau et finit par l'anneau de l'autre bout, qui se nomme patte du trait (z). La patte du trait du chevillier passe au travers du limon jusqu'à un trou dans lequel on met une grosse cheville qui l'empèche de sortir. Pour les autre chevaux la patte du trait (z) du cheval de devant s'attache avec l'oeil du trait (y) du cheval de derrière grace a une cheville plate à crochet fixée au trait avec une petite courroie.

La sousventrière (k) de trait est une courroie de 2 pouces de large et 4 empans de long qui s'attache au trait de corde dans le fourreau (i) du coté droit dit hors la main et de l'autre coté elle vient se boucler à un contre-sanglot attaché lui aussi au trait de corde dans le fourreau.

Le faux surdos (s) est une courroie de 1 pouce de large et 3 empans et 1/2 de long, à un bout duquel on fixe un anneau de fer; son autre extrémité se joint par une petite boucle au fourreau hors la main. Le faux surdos (s) passe de droite à gauche par dessus la demi-rène à culeron (e) ; son anneau qui pend librement à la main sert à soutenir la retraite (r).

Le cordeau est une petite corde qui est attachée au collier du limonier, passe dessus l'attelle gauche puis dans l'anneau du faux surdos (s), celui de l'attelle puis de la tetière du cheviller d'ou il va passer dans le faux surdos du cheval qui est devant et toujours ainsi jusqu'au dernier ou il s'attache à l'anneau du mors (2).

La retraite (r) est une courroie de cuir de 5 pieds de long, qui s'attache au cordeau par un anneau de fer au niveau de la croupe, passe dans le faux surdos et l'anneau de l'attelle puis s'attache à l'anneau du mors (2).

Quand le charretier tire à lui le cordeau, toutes les retraites tirent les chevaux à gauche qu'il exprime par le mot "dia"; et pour faire aller les chevaux à droite il ne se sert que du cri "hue" ou "huriau".

Note:pour certaines manoeuvres des pièces d'artillerie: rangement des pièces au parc de l'artillerie, installation sur les plateformes de tir on se sert de palonniers tirés directements par un ou deux chevaux ou par des hommes.