LES ÉQUIPAGES ET BAGAGES DES OFFICIERS GÉNÉRAUX
ET CEUX DES RÉGIMENTS

Les bagages et équipages à l'armée:

Feuquière dans ses mémoires à propos des bagages écrivait " les romains les nommaient impedimenta c'est à dire embarras, ils sont cependant d'une nécessité indispensable".

Il faut dire que les équipages des officiers ou des régiments des armées de l'ancien régime prennent de telles proportions " qu'il s'emplois plus de chevaux et de mulets pour porter les équipages de chacun que pour transporter le nécessaire de l'armée".

Dans une lettre adressée au maréchal de Belle Isle par le maréchal d'Estrée en juin 1757 ce dernier compare son armée à celle de Darius " un lieutenant général et un colonel avaient chacun 40 chariots depuis dix jours. Il n'y a pas de bataillon qui n'en ait une quinzaine.". On est bien loin de l'austérité qu'impose Frédéric II à ses officiers.

C'est d'ailleurs un des défauts constant des armées de Louis XIV et Louis XV qui essaieront vainement par les ordonnances des 1er mai 1701, 15 avril 1705, 8 avril 1735 , 9 mars 1757 et encore l'ordonnance du 3 mai 1758 de rappeler les règles concernant le nombre d'équipages, de chevaux autorisés, ainsi qu'elle fixe l'ordinaire de chaque repas. Las! rien n'y fait et pour mesurer toute l'absence d'effets de ces ordonnances le duc de Luynes dans ses mémoires indique qu'au début de la campagne de 1757, le duc d'Orléans était partit de Paris avec 350 chevaux, le prince de Condé avec 225 et le comte de La Marche avec près de 100 ! Auquel il faut ajouter les valets, palefreniers, cuisiniers et autres domesticité qui accompagnaient ces princes de sang.

Mais voyons plutôt ce que prescrit l'ordonnance de 1758:

- les généraux des armées de sa Majesté pourront avoir tel nombre de gros équipages qu'ils jugeront à propos.

-les lieutenants généraux n'auront que 2 ou 3 charrettes ou chariots et 30 chevaux.

-l'intendant comme le lieutenant général.

-les maréchaux de camp que 1 ou 2 charrettes ou 1 chariot et 20 chevaux.

-les brigadiers, colonels ou mestre de camp: 1 charrette seulement et 16 chevaux.

-les lieutenants colonels, capitaines et autres officiers subalterne ne pourront avoir aucune voiture à roue

-il pourra y avoir pour chaque bataillon d'infanterie et pour chaque régiment de cavalerie ou de dragons ( de 3 ou 4 escadrons ) un vivandier et 1 charrette ou chariot attelée de 4 bons chevaux. S'il se trouve d'autres vivandiers ils ne pourront point avoir des voitures mais seulement des chevaux de bas.

-il sera en outre permis à chaque régiment de cavalerie, dragons ou d'infanterie d'avoir un boulanger et 1 charrette.

-le chirurgien major des régiments pourront avoir une chaise pour le transport des médicaments ( il partageaient jusqu' alors un chariot avec l'aumônier ).

Le Vaguemestre:

Le vaguemestre général est chargé de la conduite de tous les équipages de l'armée, il accompagne le maréchal des logis de l'armée lorsqu'il va reconnaître les marches.

Dans chaque brigade d'infanterie, de cavalerie ou de dragon le brigadier choisit parmi les maréchaux des logis ou les sergents, un vaguemestre responsable des bagages. De même chaque régiment désigne parmi les bas officiers un vaguemestre particulier qui recevra ses ordres du vaguemestre de la brigade.

Les fanions de bagages permettent de repérer les différents équipages dans les convois, au campement. Pour La Chesnaye dans son dictionnaire de 1759, le fanion de bagages est " porté à la tête des bagages par un valet d'infanterie ou de cavalerie, il est fait de serge aux couleurs de la livrée du brigadier ou de celle du commandant du corps" . L'instruction pour la cavalerie du 22 juin 1755 quand à elle précise que la banderole du fanion de bagage sera d'un pied quarré et d'étoffe de laine des couleurs affecté au régiment et dont le nom sera écrit.

S'il est besoins le vaguemestre général demande des guides pour reconnaitre les chemins et des pionniers pour élargir et accomoder les passages.

Ordre de marche des bagages et équipages de l'état major:

-L'argent dont le Trésorier général de l'extraordinaire des guerres sera chargé, son bagage et celui de l'Intendant de l'armée
-Équipages du Général de l'armée
-Ceux des Princes de sang
-Ceux des Lieutenants généraux et Maréchaux de camp
-Ceux des Colonel, Mestre de camp général et Commissaire général de cavalerie
-Ceux des Colonel ou Mestre de camp général des dragons
-Ceux du Général d'artillerie
-Équipage du Maréchal des logis des camps et armées
-Celui du Major général de l'infanterie
-Celui du Major général de la cavalerie
-Celui du Major général des dragons
-Celui du Général des vivres
-Celui du Prévôts général des armées
-Celui du Commissaire des guerres étant au quartier du Roi

Ordre de marche des équipages et bagages des régiments:

-Ceux du Colonel ou Mestre de camp
-Celui du Lieutenant de la compagnie colonelle ou de la compagnie mestre de camp
-Celui de l'Enseigne, du lieutenant en second ou cornette
-Celui du lieutenant colonel, de son lieutenant, de son enseigne ou cornette

D'après les ordonnances du 4 juillet 1716 et du 8 avril 1718, lorsqu'une troupe décampe pour un autre lieu l'intendance doit veiller à fournir trois chariots ou charrettes attelés de quatre chevaux par bataillon d'infanterie et une charrette par escadron de cavalerie pour le transport des malades et des bagages et d'un chariot d'augmentation par bataillon ou escadron pour le transport des tentes. Interdiction d'y fournir une escorte armée.