Les affûts, avant-trains, chariots à canon

L'affût de canon est formé de 2 flasques d'orme et de 4 entretoises de chêne, l'ensemble monté sur un essieu et des roues et le tout tiré par un avant-train. Toutes ces pièces sont proportionnées aux 5 calibres de l'ordonnance de 1732.
La Chesnaye précise l'affût du canon de 33 livres de balles; énorme pièce de siège qui n'apparait pas dans la réforme de 1732 mais dont les exemplaires seront conservés mesure 14 pieds de long, celui de 24 mesure 13 pieds et demi, celui de 16 mesure 13 pieds, celui de 12 mesure 12 pieds et demi et celui de 8 mesure 10 pieds et demi.

De l'avant à l'arrière entre les flasques de l'affût on trouve l'entretoise de volée puis l'entretoise de couche , l'entretoise de mire et enfin l'entretoise de lunette qui occupe tout l'intervalle de la partie des flasques qui repose à terre. Cette dernière entretoise sert au transport en venant se fixer à l'avant-train.

Les instructions sur leur construction restent imprécises et diversement suivie d'une manufacture à l'autre, une multitude de détails rend les pièces issues des différentes fabriques ( Auxonne, Strasbourg, Metz, Douai ...) totalement incompatibles entre elles. Ainsi comme l'écrit Tronçon du Coudray dans son ouvrage critique du système Lavallière " une jante charronnée à Strasbourg ne peut s'assembler au moyeu fabriqué à Metz "

Un autre reproche du système tient à la position du canon sur les flasques, position qui reste la même aussi bien pendant le tir que pendant le transport. Le poids du canon ne porte que sur l'essieu et l'avant-train ne soulage pas de poids aussi l'essieu se brise-t-il souvent. C'est encore un des perfectionnements qu'apportera Gribeauval.

 

Il y a trois tailles d'avant-train pour les différents calibres: un gros pour les pièces de 24, un moyen pour les pièces de 16 et de 12 et un petit pour les pièces de 8 et de 4.

Une des critiques retrouvée à propos des avant-trains du système Lavallière concerne leur garde basse qui dans les chemins défoncés " laboure le terrain et fatigue les chevaux ".

Les attelages nécessaires pour chaque pièce sont de 16 chevaux pour une pièce de 24, 12 pour une pièce de 12, 8 pour une pièce de 8 et 4 pour une pièce de 4.

Autre caractéristique du système de 1732: les pièces de campagne, de siège et de place sont identiques, principe lié à la tactique de l'arme qui sert essentiellement pour les sièges, l'artillerie étant encore peu présente sur les champs de bataille ou son action se limite souvent à un tir de barrage au début des combats. L'évolution des conflits amène Gribeauval à différencier ces deux types de pièces.

L'affût des pièces de place ressemble à celui utilisé dans la marine, il est composé de deux fortes flasques de bois et monté sur quatre petites roues de fonte.

Les chariots à canon servent à transporter le corps des pièces de canon les plus lourdes (pièces de 24 de 16) tant pour soulager l'affût que pour occuper moins de chevaux ou pour passer plus facilement les mauvais chemins ( sa description détaillée est donnée au chapitre traitant du train d'artillerie et des équipages ).

 

Jean-Louis Vial