Charles
Léonard de Baylenx, Marquis de Poyanne
De
Baylenx (Charles Léonard), marquis de Poyanne,
baron de Clermont , Garrey, Montfort, Nousse, Poyartin,
Geaune, Montagut, Bourdalat et Maurrin, seigneur d'Onard,
Ordize et Valier , né le 13 mars 1718 à
Dax, fils de Philippe Louis Antoine (1687-1725) de
Baylenx, marquis de Poyanne, Geaune et Castelnau, Baron
de Clermont, Onard et Gamarde et de Marie (1685-1770) de
Gassion.
Entra aux
Mousquetaires, en 1733; fut fait capitaine au
régiment de cavalerie Royal-Étranger, le 25
mars 1734, et se trouva au siège de Philisbourg.
Nommé troisième guidon des Gendarmes de la
Garde, avec rang de mestre-de-camp de cavalerie, le 11
mars 1735, il fit la campagne sur le Rhin; obtint, par
provisions du 11 novembre , le gouvernement de Dax et de
Saint-Sever , avec la charge de Sénéchal
des Landes; sur la démission du comte de Gassion,
son oncle; devint deuxième guidon, le 28 octobre
1739; premier guidon, le 20 janvier 1740; mestre-de-camp
lieutenant du régiment de cavalerie de Bretagne
(devenu Bourgogne), par commission du 29 août 1741;
se démit du guidon des Gendarmes; alla joindre son
régiment à l'armée de Westphalie, et
passa l'hiver ,dans le duché de Berg. Lorsque
cette armée partit de Westphalie; au mois
d'août 1742, pour se rendre sur les
frontières de Bohême, il marcha avec la
troisième division de l'armée; contribua
à chasser les ennemis de la Bavière, et se
trouva à la levée du siège de
Braunaw par les ennemis, au mois de décembre. Il
se distingua particulièrement à la prise de
Schmidmill, au mois de février 1743; au
ravitaillement d'Égra, dans le mois d'avril;
rentra en France avec l'armée, au mois de juillet;
passa, au mois d'août , en Haute Alsace, sous les
ordres du maréchal de Coigny, et concourut
à la défaite de 3000 hommes des ennemis qui
avaient passé le Rhin à Rhinvillers. Il
servit à l'armée du Rhin, en 1744, et
contribua à la reprise de Weissembourg et des
lignes de la Lautern. Déclaré, le 13
août, brigadier, dont le brevet lui avait
été expédié le 2 mai, et
employé en cette qualité, il se trouva
à I'affaire d'Haguenau; marcha au siège de
Fribourg; fut employé pendant l'hiver à
l'armée du Bas-Rhin, sous les ordres du
maréchal de Maillebois, par lettres du 1er
novembre, et se trouva à la prise de Cronembourg,
au mois de mars 1745. Employé, le 1er avril
suivant, à la même armée,
commandée par le prince de Conti, il se distingua
au passage du Rhin, le 19 juillet, et y fut fait
prisonnier de guerre à l'arrière-garde,
Employé, le 1er mai 1746, à l'armée
commandée par le prince de Conti; il servit
d'abord sur la Meuse, puis entre Sambre et Meuse, pendant
les sièges de Mons et de Saint-Guilain ; au
siège de Charleroy; couvrit, avec l'armée
du roi, celui de Namur, et combattit à Raucoux.
Employé à l'armée du roi, le 1er mai
1747, il se trouva à la bataille de Lawfeld, et
finit la campagne, sous le comte de Clermont. Promu au
grade de maréchal-de-camp, le 1er janvier 1748, il
se démit du régiment de Bretagne, et fut
employé à l'armée des Pays Bas, du
1er mai au 24 juin. Inspecteur-Inspecteur
GénéralGénéral de la
Cavalerie et des Dragons, par commission du 27 septembre
1754, il servit comme maréchal-de-camp au camp de
Richemont, sous les ordres de M. de Chevert, par lettres
du 31 juillet 1755. Employé à
l'armée d'Allemagne, par lettres du 1er mars 1757
il se rendit à Dusseldorlf, dès le 25
avril; combattit à Hastembeck; concourut à
la conquête de l'Électorat de Hanovre;
marcha vers Zell à la tête de tous les
Carabinier a de l'armée ; servit pendant l'hiver,
sous les ordres du maréchal de Richelieu, par
lettres du 29 novembre 1757 et sous le comte de Clermont
, par autres lettres du 27 janvier 1758, et continua de
servir à la même armée, par lettres
du 16 mars. Créé
lieutenant-général, par pouvoir du 1er mai,
avec des ordres pour commander en cette qualité;
il combattit avec valeur à Crefeld, et obtint,
à la mort du comte de Gisors, la charge de
mestre-de-camp. Nommé lieutenant et inspecteur du
régiment de Carabiniers de M. le comte de
Provence, par commission du 7 juillet, il fut
détaché au mois d'octobre, avec 2000
hommes, pour se porter sur Drentwort, et ayant appris que
le corps entier des chasseurs ennemis était
à Herberen, il fit aussitôt ses dispositions
pour l'attaquer, ayant d'abord forcé 100
grenadiers et 100 chasseurs retranchés dans une
ferme, où ils se défendaient avec valeur,
il chassa ensuite les ennemis d'Herberen, après un
combat d'une heure et demi, tua 2oo hommes, fit
prisonniers 5 officiers et 80 grenadiers, et mit en fuite
la cavalerie ennemie. Le 25 du même mois, il
joignit le marquis d'Armentières en avant de
l'armée, et obligea, par ses manuvres, le
général Kilmansegg à rentrer dans
Munster, d'où il ne put sortir. Employé
à la même armée, Sous M. de Contades,
par lettres du 1er mai 1759, il commanda la Gendarmerie
et les Carabiniers à la bataille de Minden,
où il fut blessé d'un coup de feu et de
plusieurs coups de sabre, le 1er août, il
reçut aussi un coup de baïonnette et un coup
de feu à la bataille de Todenhausen. Il commanda ,
le 17 octobre, un fourrage général,
où il battit un détachement
considérable des ennemis , qui voulurent lui
disputer cet objet. Employé à
l'armée du Bas Rhin, sous le maréchal de
Broglie, par lettres du 1er mai 1760, et commandant un
corps de troupes considérable, il s'empara, le 8
juin, du poste d'Holsdorff; occupa peu de jours
après Frankemberg sur l'Eder; se trouva aux
combats de Corbach, les 10 juillet et 9 septembre, et
à un fourrage général,
commandé par le prince de Condé. Il
continua de servir à l'armée du Haut-Rhin,
par lettres du 8 mars 1761, et contribua beaucoup aux
succès dès journées des 21 et 26 du
même mois, après lesquelles les ennemis
battus furent obligés de se retirer avec
précipitation. Le marquis de Poyanne fit attaquer,
le 26, l'arrière-garde du prince
héréditaire, la culbuta, lui prit un
colonel, un commandant de hussards, 60 hommes et 4
pièces de canon. A la tête d'un corps
considérable de troupes, il fit, le 10 octobre,
ses dispositions pour attaquer le général
Luckner; mais ce général se retira sur
Homelen, d'où il gagna Hildesheim. Le marquis de
Poyanne commanda l'arrière-garde lors du
départ de I'armée pour prendre ses
quartiers d'hiver, et ne se laissa point entamer par
l'ennemi. Il passa l'hiver à l'armée, et y
fut employé en qualité
d'inspecteur-général au doublement des
régiments de cavalerie, prescrit par l'Ordonnance
royale du 1er décembre. Cette opération
finie, le marquis de Poyanne se rendit à Gotha,
où il commanda jusqu'à l'ouverture de la
campagne. Il eut depuis le commandement en chef des
carabiniers; fut créé chevalier de l'ordre
du Saint-Esprit , le 7 juin 1767 et mourut le 21
septembre 1781 à Vendôme.
(Dépôt de la Guerre, Annales du temps,
Gazettes de France.)
A cette
présentation très académique ,
très "politiquement correcte" sur la biographie du
marquis de Poyanne, tirée du Dictionnaire
historique et biographique des Généraux
Français du Chevalier de Courcelles, ajoutons deux
autres textes moins flatteurs pour le personnage. Tout
d'abord un extrait des mémoires du marquis
d'Argenson qui écrivait en 1756: "Ce parti de la
marquise est composé de M De Soubise, qui, quoique
honnête homme, y a été
embarqué par les intérêts de son
ambition, le garde des sceaux Machault, l' abbé De
Bernis, M De Poyanne, homme médiocre et insolent
comme un laquais, etc., voilà les principaux. Le
roi, par habitude, se laisse gouverner par ce parti, et,
s' il trouve quelque contre-poids dans ses ministres, il
suit en cela les plus mauvais partis,
déférant à deux cabales contraires
qui l' emportent successivement."
Ou encore
dans un petit ouvrage intitulé Galerie des
Aristocrates et Mémoires Secrets publié en
1790 à Londres et Paris, ou l'on peut lire sur la
page de garde " conseillé par des fous, servi par
des poltrons, Louis XV a reçu les plus sanglants
affronts", Voici ce qu'il est dit du marquis de Poyanne:
"Le Marquis de Poyanne, lieutenant
-général, commandant les carabiniers, est
un matamore de la même espèce que le marquis
de Lugeac. Il a affermé la dépense de
l'entretien du corps qu'il commande, et s'est fait 60,000
liv. de rente aux dépens de qui il appartient;
moyen honteux pour un homme de guerre ! où
êtes-vous du Guesclin, Bayard, Coligny ? que
diriez-vous en voyant dans ce siècle tout devenir
le prix de l'argent, jusqu'à l'honneur,
jusqu'à l'opprobre ! il sacrifie dans un soldat
touts les autres qualités à la figure, et
il a perdu le bon esprit de cette troupe respectable
qu'il a remplie de bandits indisciplinés. Personne
n'est plus suffisant, plus téméraire et
plus impérieux que ce général. il
causera les maux les plus funestes dans toutes les
armées ou il sera employé.
(Mort)"